HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre I

Chapitre 2

  par. 24

[1,2,24] δ' αὐτὴ ἁμαρτία καὶ περὶ τοῦ ἀγνοεῖν τὸν ἰσθμὸν τὸν μεταξὺ τοῦ Αἰγυπτίου πελάγους καὶ τοῦ Ἀραβίου κόλπου καὶ περὶ τοῦ ψευδῶς λέγεσθαι Αἰθίοπες, τοὶ διχθὰ δεδαίαται ἔσχατοι ἀνδρῶν. Καὶ γὰρ τοῦτο ἐκείνου λέγοντος καλῶς, ἐπιτιμῶσιν οἱ ὕστερον οὐκ εὖ. Τοσούτου γὰρ δεῖ τοῦτ' ἀληθὲς εἶναι τὸ ἀγνοεῖν Ὅμηρον τὸν ἰσθμὸν τοῦτον, ὥστε ἐκεῖνον μέν φημι μὴ εἰδέναι μόνον, ἀλλὰ καὶ ἀποφαίνεσθαι ἄντικρυς, τοὺς δὲ γραμματικοὺς μηδὲ λέγοντος ἐκείνου αἰσθάνεσθαι ἀπὸ Ἀριστάρχου καὶ Κράτητος τῶν κορυφαίων ἐν τῇ ἐπιστήμῃ ταύτῃ. Εἰπόντος γὰρ τοῦ ποιητοῦ· Αἰθίοπας, τοὶ διχθὰ δεδαίαται, ἔσχατοι ἀνδρῶν, περὶ τοῦ ἐπιφερομένου ἔπους διαφέρονται, μὲν Ἀρίσταρχος γράφων, Οἱ μὲν δυσομένου Ὑπερίονος, οἱ δ' ἀνιόντος, δὲ Κράτης, Ἠμὲν δυσομένου Ὑπερίονος, ἠδ' ἀνιόντος, οὐδὲν διαφέρον πρὸς τὴν ἑκατέρου ὑπόθεσιν οὕτως ἐκείνως γράφειν. μὲν γὰρ, ἀκολουθῶν τοῖς μαθηματικῶς λέγεσθαι δοκοῦσι, τὴν διακεκαυμένην ζώνην κατέχεσθαί φησιν ὑπὸ τοῦ ὠκεανοῦ· παρ' ἑκάτερον δὲ ταύτης εἶναι τὴν εὔκρατον, τήν τε καθ' ἡμᾶς καὶ τὴν ἐπὶ θάτερον μέρος. Ὥσπερ οὖν οἱ παρ' ἡμῖν Αἰθίοπες οὗτοι λέγονται οἱ πρὸς μεσημβρίαν κε κλιμένοι παρ' ὅλην τὴν οἰκουμένην ἔσχατοι τῶν ἄλλων παροικοῦντες τὸν ὠκεανόν, οὕτως οἴεται δεῖν καὶ πέραν τοῦ ὠκεανοῦ νοεῖσθαί τινας Αἰθίοπας ἐσχάτους τῶν ἄλλων τῶν ἐν τῇ ἑτέρᾳ εὐκράτῳ, παροικοῦντας τὸν αὐτὸν τοῦτον ὠκεανόν· διττοὺς δὲ εἶναι καὶ διχθὰ δεδάσθαι ὑπὸ τοῦ ὠκεανοῦ. Προσκεῖσθαι δὲ τὸ Ἠμὲν δυσομένου Ὑπερίονος, ἠδ' ἀνιόντος, ὅτι τοῦ Ζωδιακοῦ κατὰ κορυφὴν ὄντος ἀεὶ τῷ ἐν τῇ γῇ Ζωδιακῷ, τούτου δ' οὐκ ἐκβαίνοντος ἔξω τῆς Αἰθιόπων ἀμφοῖν τῇ λοξώσει, ἀνάγκη καὶ τὴν πάροδον τοῦ ἡλίου πᾶσαν ἐν τῷ πλάτει τούτῳ νοεῖσθαι, καὶ τὰς ἀνατολὰς καὶ τὰς δύσεις συμβαίνειν ἐνταῦθα ἄλλας ἄλλοις καὶ κατ' ἄλλα ἄλλα σημεῖα. εἴρηκε μὲν οὕτως ἀστρονομικώτερον νομίσας· ἦν δὲ καὶ ἁπλούστερον εἰπεῖν αὐτὸ σώζοντα τὸ οὕτω διῃρῆσθαι δίχα τοὺς Αἰθίοπας, ὡς εἴρηται, ὅτι ἀφ' ἡλίου ἀνιόντος μέχρι δύσεως ἐφ' ἑκάτερα παροικοῦσι τῷ ὠκεανῷ Αἰθίοπες. Τί οὖν διαφέρει πρὸς τὸν νοῦν τοῦτον οὕτως εἰπεῖν ὥσπερ αὐτὸς γράφει, ὡς Ἀρίσταρχος, Οἱ μὲν δυσομένου Ὑπερίονος, οἱ δ' ἀνιόντος; Καὶ γὰρ τοῦτ' ἐστὶ καὶ πρὸς δύσιν καὶ πρὸς ἀνατολὴν ἐφ' ἑκάτερα τοῦ ὠκεανοῦ οἰκεῖν. δ' Ἀρίσταρχος ταύτην μὲν ἐκβάλλει τὴν ὑπόθεσιν, δίχα δὲ μεμερισμένους οἴεται λέγεσθαι τοὺς καθ' ἡμᾶς Αἰθίοπας, τοὺς τοῖς Ἕλλησι πρὸς μεσημβρίαν ἐσχάτους. Τούτους δὲ μὴ μεμερίσθαι δίχα ὥστε εἶναι δύο Αἰθιοπίας, τὴν μὲν πρὸς ἀνατολὴν, τὴν δὲ πρὸς δύσιν, ἀλλὰ μίαν μόνην τὴν πρὸς μεσημβρίαν κειμένην τοῖς Ἕλλησιν, ἱδρυμένην δὲ κατ' Αἴγυπτον. Τοῦτο δὲ ἀγνοοῦντα τὸν ποιητήν, ὥσπερ καὶ τὰ ἄλλα, ὅσα εἴρηκεν Ἀπολλόδωρος ἐν τῷ περὶ Νεῶν καταλόγου δευτέρῳ, καταψεύσασθαι τῶν τόπων τὰ μὴ ὄντα. [1,2,24] 24. Même erreur de prétendre qu'Homère a ignoré l'existence de l'isthme qui sépare la mer d'Égypte du golfe Arabique et qu'il a menti grossièrement en représentant «Les Éthiopiens, aux derniers confins de la terre, partagés en deux nations.» L'expression d'Homère est au c contraire parfaitement juste, et c'est à tort que les modernes l'ont critiquée; loin d'avoir, ainsi qu'ils le prétendent, ignoré l'existence de cet isthme, Homère, je ne crains pas de l'affirmer, en avait pleine connaissance; je dis plus, il a, dans le passage en question, désigné l'isthme en termes exprès, et ce sont les grammairiens mêmes, à commencer par Aristarque et Cratès, ces coryphées de la critique, qui n'ont point su comprendre le sens de ses paroles. Voici déjà qui le prouve : pour compléter le sens de ce vers, «Les Éthiopiens, qui habitent aux derniers confins de la terre, partagés en deux nations,» Homère en ajoute un autre, sur le texte duquel Aristarque et Cratès ne s'accordent même point, Aristarque voulant qu'on écrive. g-Hoi g-men g-dusomenou g-Hyperionos, g-hoi g-d' g-aniontos «L'une au couchant, l'autre au levant,» et Cratès proposant de lire g-Ehmen g-dusomenou g-Hyperionos g-eh g-d' g-aniontos «A la fois au couchant et au levant,» sans que, du reste, pour leurs thèses respectives, il importe le moins du monde qu'on adopte une leçon plutôt que l'autre. Voici en effet quelles sont ces thèses : affectant, comme toujours, de raisonner en mathématicien, Cratès commence par poser en principe que la zone torride est occupée par l'Océan et se trouve bornée de part et d'autre par la zone tempérée, tant la portion que nous habitons que la portion qui se trouve dans l'hémisphère opposé; puis, s'appuyant sur ce que le nom d'Éthiopiens désigne pour nous toutes les populations méridionales, répandues le long de l'Océan, et qui semblent former la bordure extrême de la terre habitée, il conclut que, par analogie, on doit concevoir au delà de l'Océan l'existence d'autres Éthiopiens, occupant par rapport aux différents peuples de cette seconde zone tempérée et sur les bords dudit Océan la même situation extrême. Et de la sorte, ajoute t-il, il y a bien effectivement deux nations d'Éthiopiens séparées l'une de l'autre par l'Océan. Pour expliquer maintenant l'addition de ce second vers, «A la fois au couchant et au levant,» il fait remarquer que, comme le zodiaque céleste est toujours directement placé au-dessus du zodiaque terrestre, et que celui-ci, dans son obliquité, ne dépasse jamais l'une ou l'autre Éthiopie, il faut nécessairement aussi concevoir que le soleil accomplit sa révolution tout entière dans l'intervalle céleste correspondant aux mêmes limites, s'y levant et s'y couchant en différents points et avec des apparences diverses pour les différents peuples. Telle est l'explication que propose Cratès, et qu'il juge la plus conforme aux principes astronomiques; mais il aurait pu dire plus simplement, sans abandonner pour cela sa thèse sur le fait même de la division des Éthiopiens en deux nations, que les Éthiopiens s'étendent du levant au couchant, et habitent tout le long de l'Océan sur l'un et l'autre rivages. Et alors qu'importe, pour le sens, qu'on lise le vers en question tel que Cratès le donne, ou comme l'écrit Aristarque, «L'une au couchant, l'autre au levant,» ce qui revient bien à dire que les Éthiopiens habitent tant au couchant qu'au levant des deux côtés de l'Océan? Aristarque, lui, rejette l'explication de Cratès et veut que cette division en deux nations distinctes se soit, dans la pensée d'Homère, appliquée uniquement aux Éthiopiens de notre hémisphère, à ceux-là même, qui, pour nous autres Grecs, représentent l'extrémité méridionale de la terre; et comme €n fait cette division n'existe pas, qu'il n'y a point là deux Éthiopies, l'une occidentale, l'autre orientale, mais bien une seule située au midi par rapport à la Grèce et contiguë à l'Égypte, il en conclut que, sur ce point comme sur tant d'autres, signalés par Apollodore dans le second livre de son Commentaire sur le catalogue des vaisseaux, Homère a ignoré la vérité, et, par ignorance, substitué à la géographie réelle une géographie fantastique.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 14/12/2005