[1,2,23] Οὐκ εὖ δὲ οὐδὲ τοῦτο προφέρουσιν αὐτῷ τὸ περὶ τῆς νήσου τῆς
Φαρίας, ὅτι φησὶ πελαγίαν, ὡς κατ' ἄγνοιαν λέγοντι. Τοὐναντίον
γὰρ κἂν μαρτυρίῳ χρήσαιτό τις τούτῳ πρὸς τὸ μὴ ἀγνοεῖσθαι μηδὲν
ὑπὸ τοῦ ποιητοῦ τῶν εἰρημένων ἀρτίως περὶ τὴν Αἴγυπτον. Γνοίης δ'
ἂν οὕτως· ἀλαζὼν δὴ πᾶς ὁ πλάνην αὑτοῦ διηγούμενος· τούτων δ' ἦν
καὶ ὁ Μενέλαος, ὃς ἀναβεβηκὼς μέχρις Αἰθιόπων ἐπέπυστο τὰς
ἀναβάσεις τοῦ Νείλου καὶ τὴν χοῦν ὅσην ἐπιφέρει τῇ χώρᾳ, καὶ τὸν
πρὸ τῶν στομάτων πόρον ὅσον ἤδη προσχώσας τῇ ἠπείρῳ
προστέθεικεν, ὥστε εἰκότως ὑπὸ τοῦ Ἡροδότου καὶ τὴν ὅλην
Αἴγυπτον τοῦ ποταμοῦ δῶρον λέγεσθα· κἂν εἰ μὴ τὴν ὅλην, τήν γε
ὑπὸ τῷ Δέλτα τὴν κάτω χώραν προσαγορευομένην. Ἱστόρησε δὲ καὶ
τὴν Φάρον πελαγίαν οὖσαν τὸ παλαιόν· προσεψεύσατο δὴ καὶ τὸ
πελαγίαν εἶναι, καίπερ μηκέτι πελαγίαν οὖσαν. Ὁ δὲ ταῦτα
διασκευάζων ὁ ποιητὴς ἦν· ὥστ' ἐκ τούτων εἰκάζειν, ὅτι καὶ τὰς
ἀναβάσεις ᾖδει καὶ τὰ στόματα τοῦ Νείλου.
| [1,2,23] 23. Cette autre imputation d'ignorance qu'on élève parfois contre Homère
au sujet de Pharos, et pour l'avoir qualifiée d'île pélagienne (comme qui
dirait île de la haute mer), n'est pas mieux fondée. Peut-être même y a-t-il
lieu de voir dans cette circonstance la preuve qu'Homère n'a rien ignoré
des particularités que nous signalions tout à l'heure au sujet de l'Égypte.
Jugez-en plutôt. Ceux qui aiment à narrer leurs voyages sont tous
volontiers hâbleurs: Ménélas était du nombre. Ayant remonté jusqu'au
pays des Éthiopiens, il avait naturellement entendu parler des crues du
Nil et savait aussi comment les atterrissements du fleuve ajoutent sans
cesse à l'étendue de l'Égypte; il savait notamment ce que, par suite de
ces dépôts successifs, le continent avait déjà gagné sur le canal situé en
avant des bouches du fleuve, circonstance qui a donné lieu à ce mot si
juste d'Hérodote, que l'Égypte tout entière est un présent du Nil, ou sinon
l'Égypte tout entière, du moins la région qui s'étend au- dessous du Delta
et qu'on nomme la Basse-Égypte. Mais on avait dû lui dire en même
temps que l'île de Pharos se trouvait primitivement en pleine mer. Or, c'en
était assez pour qu'il imaginât, par un mensonge gratuit, et, bien qu'il n'en
fût plus ainsi de son temps, de représenter cette île toujours aussi
éloignée des côtes d'Égypte qu'elle avait pu l'être dans l'origine. - Oui,
mais qui fait mentir Ménélas de la sorte? Le poète. Le poète n'ignorait
donc, à ce qu'il semble, ni le phénomène des crues du Nil, ni cette autre
circonstance qu'il compte plusieurs bouches.
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