[1,2,5] Ἡ δὲ ῥητορικὴ φρόνησίς ἐστι δήπου περὶ λόγους· ἣν ἐπιδείκνυται
παρ' ὅλην τὴν ποίησιν Ὀδυσσεὺς ἐν τῇ διαπείρᾳ, ἐν ταῖς λιταῖς, ἐν
τῇ πρεσβείᾳ, ἐν ᾗ φησίν·
Ἀλλ' ὅτε δὴ ὄπα τε μεγάλην ἐκ στήθεος εἵη
καὶ ἔπεα νιφάδεσσιν ἐοικότα χειμερίῃσιν,
οὐκ ἂν ἔπειτ' Ὀδυσῆί γ' ἐρίσσειε βροτὸς ἄλλος.
Τίς ἂν οὖν ὑπολάβοι τὸν δυνάμενον ποιητὴν εἰσάγειν ῥητορεύοντας
ἑτέρους καὶ στρατηγοῦντας καὶ τὰ ἄλλα ἐπιδεικνυμένους τὰ τῆς
ἀρετῆς ἔργα, αὐτὸν εἶναι τῶν φλυάρων ἕνα καὶ τῶν θαυματοποιῶν,
γοητεύειν μόνον καὶ κολακεύειν τὸν ἀκροατὴν δυνάμενον, ὠφελεῖν
δὲ μηδέν; Προτέραν δ' (οὐδ') ἀρετὴν ποιητοῦ λέγοιμεν ἂν ἡντινοῦν
ἄλλην, ἢ τὴν μιμητικὴν τοῦ βίου διὰ λόγων. Πῶς ἂν οὖν μιμοῖτο
ἄπειρος ὢν τοῦ βίου καὶ ἄφρων; Οὐ γὰρ οὕτω φαμὲν τὴν τῶν ποιητῶν
ἀρετὴν ὡς ἢ τεκτόνων ἢ χαλκέων· ἀλλ' ἐκείνη μὲν οὐδενὸς ἔχεται
καλοῦ καὶ σεμνοῦ, ἡ δὲ ποιητοῦ συνέζευκται τῇ τοῦ ἀνθρώπου, καὶ
οὐχ οἷόν τε ἀγαθὸν γενέσθαι ποιητὴν μὴ πρότερον γενηθέντα ἄνδρα ἀγαθόν.
| [1,2,5] 5. Quant à la rhétorique, qu'est-elle en somme ? La sagesse appliquée à
la parole. Eh bien! Tout le long du poème également ce genre de sagesse
brille chez Ulysse, témoin la scène de l'Épreuve, et celle des Prières
et celle de l'Ambassade, où le poète fait dire à Anténor en parlant de lui :
«Mais quand on entendait cette voix puissante sortir de sa poitrine et que
de ses lèvres les paroles tombaient abondantes a et pressées, comme les
neiges d'hiver, nul mortel alors n'aurait pu disputer à Ulysse la palme de
l'éloquence.»
Comment supposer maintenant que le poète qui a le talent de mettre les
autres en scène, les faisant parler avec éloquence, commander les
armées avec habileté, déployer en un mot tous les genres de mérite, ne
soit lui-même qu'un de ces bavards, un de ces charlatans experts
uniquement à duper le peuple par leurs jongleries et à flatter leur
auditoire, mais incapables de lui rien apprendre d'utile? Le vrai mérite du
poète, nous le demandons, ne consiste-t-il pas à faire de ses vers
l'imitation même de la vie humaine? Eh bien ! Comment l'imitera-t-il, s'il
n'a ni jugement ni expérience des choses de la vie? A nos yeux,
d'ailleurs, le mérite des poètes ne saurait être de même nature que celui
des ouvriers qui travaillent le bois ou les métaux : le mérite de ceux-ci
n'implique dans leur caractère rien d'élevé ni d'auguste, mais le mérite du
poète est inséparable de celui de l'homme même, tellement qu'il est
absolument impossible de devenir bon poète, si l'on n'est au préalable
homme de bien.
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