| [1,2,2]  Πρῶτον  δ'  ἐπισκεπτέον Ἐρατοσθένη,  παρατιθέντας ἅμα καὶ τὴν 
Ἱππάρχου  πρὸς αὐτὸν ἀντιλογίαν ἔστι δ'  ὁ Ἐρατοσθένης  οὔχ  οὕτως 
εὐκατατρόχαστος, ὥστε μηδ'  Ἀθήνας  αὐτὸν ἰδεῖν φάσκειν,  ὅπερ 
Πολέμων  ἐπιχειρεῖ δεικνύναι·  οὔτ'  ἐπὶ τοσοῦτον πιστὸς, ἐφ'  ὅσον 
παρεδέξαντό τινες,  καίπερ πλείστοις ἐντυχών,  ὡς εἴρηκεν αὐτός,  
ἀγαθοῖς ἀνδράσιν.  Ἐγένοντο γάρ, φησίν, ὡς οὐδέποτε,  κατὰ τοῦτον 
τὸν καιρὸν ὑφ'  ἕνα περίβολον καὶ μίαν πόλιν οἱ ( καὶ ) κατ'  Ἀρίστωνα  
καὶ Ἀρκεσίλαον  ἀνθήσαντες φιλόσοφοι.  Οὐχ ἱκανὸν δ'  οἶμαι τοῦτο,  
ἀλλὰ τὸ κρίνειν καλῶς οἷς μᾶλλον προσιτέον.  Ὁ δὲ Ἀρκεσίλαον  καὶ 
Ἀρίστωνα  τῶν καθ'  αὑτὸν ἀνθησάντων κορυφαίους τίθησιν,   
Ἀπελλῆς  τε αὐτῷ πολύς ἐστι καὶ Βίων,  ὅν φησι πρῶτον ἀνθινὰ 
περιβαλεῖν φιλοσοφίαν·  ἀλλ'  ὅμως πολλάκις εἰπεῖν ἄν τινα ἐπ'  
αὐτοῦ τοῦτο· 
Οἵην ἐκ ῥακέων ὁ Βίων. 
Ἐν αὐταῖς γὰρ ταῖς ἀποφάσεσι ταύταις ἱκανὴν ἀσθένειαν ἐμφαίνει 
τῆς ἑαυτοῦ γνώμης·  ᾗ τοῦ Ζήνωνος  τοῦ Κιτιέως  γνώριμος γενόμενος 
Ἀθήνησι  τῶν μὲν ἐκεῖνον διαδεξαμένων οὐδενὸς μέμνηται,  τοὺς δ'  
ἐκείνῳ διενεχθέντας καὶ ὧν διαδοχὴ οὐδεμία σώζεται,  τούτους 
ἀνθῆσαί φησι κατὰ τὸν καιρὸν ἐκεῖνον.  Δηλοῖ δὲ καὶ ἡ περὶ τῶν 
ἀγαθῶν ἐκδοθεῖσα ὑπ'  αὐτοῦ πραγματεία καὶ μελέται καὶ εἴ τι ἄλλο 
τοιοῦτο τὴν ἀγωγὴν αὐτοῦ·  διότι μέσος ἦν τοῦ τε βουλομένου 
φιλοσοφεῖν καὶ τοῦ μὴ θαρροῦντος ἐγχειρίζειν ἑαυτὸν εἰς τὴν 
ὑπόσχεσιν ταύτην,  ἀλλὰ μόνον μέχρι τοῦ δοκεῖν προιιόντος,  ἢ καὶ 
παράβασίν τινα ταύτην ἀπὸ τῶν ἄλλων τῶν ἐγκυκλίων πεπορισμένου 
πρὸς διαγωγὴν ἢ καὶ παιδιάν·  τρόπον δέ τινα καὶ ἐν τοῖς ἄλλοις ἐστὶ 
τοιοῦτος.  Ἀλλ'  ἐκεῖνα ἐάσθω·  πρὸς δὲ τὰ νῦν ἐπιχειρητέον, ὅσα 
δύναιτ'  ἂν ἐπανορθοῦν τὴν γεωγραφίαν,  καὶ πρῶτον ὅπερ ἀρτίως 
ὑπερεθέμεθα.  
 | [1,2,2] 2. Nous commencerons par Ératosthène l'examen en question, mettant 
toujours en regard de nos jugements les critiques qu'Hipparque a dirigées 
contre lui. Ératosthène ne mérite assurément pas qu'on le traite aussi 
cavalièrement que l'a fait Polémon, qui prétend démontrer qu'il n'avait 
même pas visité Athènes; mais il ne mérite pas non plus la confiance 
aveugle que quelques-uns ont en lui, malgré ce grand nombre de maîtres 
soi-disant excellents dont il aurait été le disciple. Il a écrit ceci : Jamais 
peut-être on n'avait vu fleurir dans une même enceinte, dans une seule et 
même cité, autant de philosophes éminents qu'on en comptait alors 
autour d'Arcésilaüs et d'Ariston. — Soit, mais à mon sens cela ne suffit 
point, et l'important était de savoir discerner dans le nombre le meilleur 
guide à suivre. C'est Arcésilaüs, on le voit, et Ariston qu'il met en tête des 
philosophes de son temps; il préconise beaucoup aussi Apelle et Bion, 
Bion, qui le premier, pour nous servir de son expression, «para la 
philosophie de la robe à fleurs des courtisanes», mais de qui, aussi, à 
l'en croire, on eût pu dire souvent avec le piète :
«Que de beautés mâles sous ces guenilles !»
Or ces seules appréciations suffisent à montrer son peu de jugement. 
Comment lui, qui fut à Athènes le disciple de Zénon de Citium, il ne 
mentionne pas un seul de ceux qui continuèrent l'enseignement du 
maître, et il vient nous nommer, comme ayant toute la vogue de son 
temps, les rivaux mêmes et les ennemis de Zénon, de qui il ne reste pas 
aujourd'hui apparence d'école! Son traité des Biens, ses Déclamations, 
ses autres ouvrages du même genre achèvent du reste , de nous montrer 
quelle a été sa vraie tendance philosophique : il a tenu comme qui dirait le 
milieu entre le philosophe décidé et celui qui, n'osant s'engager 
résolument dans la carrière, s'en tient uniquement à l'apparence ou ne 
voit dans la philosophie qu'une diversion agréable ou instructive au cercle 
habituel de ses études, sans compter que, jusque dans ces autres 
études, nous le retrouvons en quelque sorte toujours le même- Mais 
laissons cela, ne touchons présentement qu'aux points sur lesquels sa 
Géographie peut être rectifiée, et, pour commencer, reprenons la 
question réservée par nous tout à l'heure.
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