[1,2,1] 1. Εἰ δὲ πολλῶν προειπόντων ἐπιχειροῦμεν καὶ αὐτοὶ λέγειν περὶ
τῶν αὐτῶν, οὔπω μεμπτέον, ἂν μὴ καὶ τὸν αὐτὸν τρόπον διελεγχθῶμεν
ἐκείνοις ἅπαντα λέγοντες. Ὑπολαμβάνομεν δ' ἄλλων ἄλλο τι
κατορθωσάντων ἄλλο πολὺ μέρος ἔτι τοῦ ἔργου λείπεσθαι· πρὸς οἷς
ἂν καὶ μικρὸν προσλαβεῖν δυνηθῶμεν, ἱκανὴν δεῖ τίθεσθαι πρόφασιν
τῆς ἐπιχειρήσεως. Καὶ γὰρ δὴ πολύ τι τοῖς νῦν ἡ τῶν Ῥωμαίων
ἐπικράτεια καὶ τῶν Παρθυαίων τῆς τοιαύτης ἐμπειρίας προσδέδωκε·
καθάπερ τοῖς μετὰ τὴν Ἀλεξάνδρου στρατείαν, ὥς φησιν
Ἐρατοσθένης. Ὁ μὲν γὰρ τῆς Ἀσίας πολλὴν ἀνεκάλυψεν ἡμῖν καὶ
τῶν βορείων τῆς εὐρώπης ἅπαντα μέχρι τοῦ Ἴστρου· οἱ δὲ ῥωμαῖοι τὰ
ἑσπέρια τῆς Εὐρώπης ἅπαντα μέχρι Ἄλβιος ποταμοῦ τοῦ τὴν
Γερμανίαν δίχα διαιροῦντος τά τε πέραν Ἴστρου τὰ μέχρι Τύρα
ποταμοῦ· τὰ δὲ ἐπέκεινα μέχρι Μαιωτῶν καὶ τῆς εἰς Κόλχους
τελευτώσης παραλίας Μιθριδάτης ὁ κληθεὶς Εὐπάτωρ ἐποίησε
γνώριμα καὶ οἱ ἐκείνου στρατηγοί· οἱ δὲ Παρθυαῖοι τὰ περὶ τὴν
Ὑρκανίαν καὶ τὴν Βακτριανὴν καὶ τοὺς ὑπὲρ τούτων Σκύθας
γνωριμωτέρους ἡμῖν ἐποίησαν, ἧττον γνωριζομένους ὑπὸ τῶν
πρότερον· ὥστε ἔχοιμεν ἄν τι λέγειν πλέον τῶν πρὸ ἡμῶν. Ὁρᾶν δ'
ἔσται τοῦτο μάλιστα ἐν τοῖς λόγοις τοῖς πρὸς τοὺς πρὸ ἡμῶν, ἧττον
μὲν τοὺς πάλαι, μᾶλλον δὲ τοὺς μετ' Ἐρατοσθένη καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον·
οὓς εἰκὸς ὅσῳπερ πολυμαθέστεροι τῶν πολλῶν γεγόνασι, τοσούτῳ
δυσελεγκτοτέρους εἶναι τοῖς ὕστερον, ἄν τι πλημμελῶς λέγωσιν. Εἰ δ'
ἀναγκασθησόμεθά που τοῖς αὐτοῖς ἀντιλέγειν, οἷς μάλιστα
ἐπακολουθοῦμεν κατ' ἄλλα, δεῖ συγγνώμην ἔχειν. Οὐ γὰρ πρόκειται
πρὸς ἅπαντας ἀντιλέγειν, ἀλλὰ τοὺς μὲν πολλοὺς ἐᾶν, οἷς μηδὲ
ἀκολουθεῖν ἄξιον· ἐκείνους δὲ διαιτᾶν, οὓς ἐν τοῖς πλείστοις
κατωρθωκότας ἴσμεν. Επεὶ οὐδὲ πρὸς ἅπαντας φιλοσοφεῖν ἄξιον,
πρὸς Ἐρατοσθένη δὲ καὶ Ποσειδώνιον καὶ Ἵππαρχον καὶ Πολύβιον
καὶ ἄλλους τοιούτους καλόν.
| [1,2,1] CHAPITRE II.
1. Si, après que tant d'autres ont traité ces matières, nous entreprenons
de les traiter à notre tour, qu'on attende pour nous en blâmer que nous
ayons été convaincu de n'avoir fait que répéter dans les mêmes termes
tout ce qu'ils avaient dit avant nous. Il nous a semblé, en effet, que,
malgré l'habileté avec laquelle nos prédécesseurs avaient traité, ceux-ci
telle partie, ceux-là telle autre, ils avaient laissé dans le reste encore
beaucoup à faire, et que, si peu que nous pussions ajouter à leur travail,
ce peu suffirait encore à justifier notre entreprise. Or, la génération
présente a vu ses connaissances géographiques s'étendre sensiblement
avec les progrès de la domination des Romains et des Parthes, comme
déjà, au dire d'Ératosthène, les générations postérieures à Alexandre
avaient vu les leurs s'accroître beaucoup par le fait de ses conquêtes.
Alexandre, en effet, nous a révélé en quelque sorte une grande partie de
l'Asie, et, dans le nord de l'Europe, tout le pays jusqu'à l'Ister; les
Romains à leur tour nous ont révélé tout l'occident de l'Europe jusqu'à
l'Albis, fleuve qui partage en deux la Germanie, sans compter la région
qui s'étend au delà de l'Ister jusqu'au fleuve Tyras. Quant à la contrée
ultérieure jusqu'aux frontières des Maeotes et à la partie du littoral qui
aboutit à la Colchide, c'est par Mithridate Eupator et par ses lieutenants
que nous les connaissons. Enfin, grâce aux Parthes, l'Hyrcanie, la
Bactriane et la portion de la Scythie qui s'étend au-dessus de ces deux
contrées nous sont mieux connues qu'elles ne l'étaient de nos
prédécesseurs : n'y eût-il que cela, nous aurions donc, on le voit, quelque
chose à dire de plus qu'eux. Mais c'est ce qu'on verra mieux encore par
les critiques que nous dirigeons contre eux, non pas tant contre les plus
anciens que contre ceux qui sont venus après Ératosthène et contre
Ératosthène lui-même, et cela à dessein et par la raison que leur grande
supériorité de lumières sur le commun des hommes doit rendre d'autant
plus difficile pour les générations futures la réfutation des erreurs qu'ils
ont pu commettre. Si, du reste, nous nous voyons forcé de contredire
parfois les autorités mêmes que nous avons choisies pour nos guides
habituels, qu'on nous le pardonne. Ce n'est pas, en effet, chez nous un
parti pris à l'avance de contredire tous les géographes sans exception qui
nous ont précédé; il en est beaucoup au contraire que nous comptons
négliger absolument comme nous ayant paru des guides trop peu sûrs, et
nous réservons nos critiques pour ceux que nous savons être
habituellement exacts. Disputer en règle contre toute espèce
d'adversaires, ce serait en vérité perdre sa peine; mais contre un
Ératosthène, un Posidonius, un Hipparque, un Polybe et autres noms
pareils, il y a quoique chose de glorieux à le faire.
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