[41] (1) Ὅτι τοίνυν ἁπλοῦς τις ὁ Μάρκιος ὑπείληπται τῷ τρόπῳ γεγονέναι καὶ
αὐθέκαστος, ὁ δ´ Ἀλκιβιάδης πανοῦργος ἐν τῇ πολιτείᾳ καὶ ἀναλήθης, οὐκ
ἄδηλόν ἐστι. (2) μάλιστα δὲ κατηγοροῦσιν αὐτοῦ κακοήθειαν καὶ ἀπάτην, ᾗ τοὺς
Λακεδαιμονίων πρέσβεις παρακρουσάμενος, ὡς Θουκυδίδης ἱστόρηκε, τὴν
εἰρήνην ἔλυσεν. (3) ἀλλ´ αὕτη μὲν ἡ πολιτεία, καίπερ εἰς πόλεμον αὖθις
ἐμβαλοῦσα τὴν πόλιν, ἰσχυρὰν ἐποίησε καὶ φοβερὰν τῇ Μαντινέων καὶ Ἀργείων
συμμαχίᾳ δι´ Ἀλκιβιάδου προσγενομένῃ· (4) Μάρκιος δ´ ὅτι μὲν ἀπάτῃ καὶ αὐτὸς
ἐξεπολέμωσε Ῥωμαίους καὶ Οὐολούσκους, διαβαλὼν ψευδῶς τοὺς ἥκοντας ἐπὶ
τὴν θέαν, Διονύσιος ἱστόρηκεν. ἡ δ´ αἰτία φαυλότερον ποιεῖ τὸ ἔργον. (5) οὐ γὰρ
ἐκ φιλονικίας οὐδὲ πολιτικῆς μάχης ἢ ἁμίλλης ὡς ἐκεῖνος, ἀλλ´ ὀργῇ
χαριζόμενος, παρ´ ἧς οὐδένα φησὶν ὁ Δίων ἀπολαβεῖν χάριν, πολλὰ τῆς Ἰταλίας
μέρη συνετάραξε καὶ πολλὰς πόλεις οὐδὲν ἀδικούσας τῷ πρὸς τὴν πατρίδα θυμῷ
παρανάλωσε. (6) καίτοι καὶ Ἀλκιβιάδης δι´ ὀργὴν μεγάλων αἴτιος συμφορῶν
κατέστη τοῖς πολίταις. ἀλλ´ ὅτε πρῶτον ἔγνω μεταμελομένους, εὐγνωμόνησε,
καὶ πάλιν ἀπορριφείς, οὐκ ἐφήσθη τοῖς στρατηγοῖς ἁμαρτάνουσιν οὐδὲ περιεῖδε
βουλευομένους κακῶς καὶ κινδυνεύοντας, ἀλλ´ ὅπερ Ἀριστείδης ἐπαινεῖται
μάλιστα πράξας πρὸς Θεμιστοκλέα, τοῦτ´ ἐποίησε, πρὸς τοὺς τότ´ ἄρχοντας οὐ
φίλους ὄντας ἐλθὼν καὶ φράσας τὸ δέον καὶ διδάξας. (7) Μάρκιος δὲ πρῶτον μὲν
ὅλην κακῶς ἐποίει τὴν πόλιν οὐχ ὑφ´ ὅλης παθών, ἀλλὰ τοῦ βελτίστου καὶ
κρατίστου μέρους συναδικηθέντος αὐτῷ καὶ συναλγήσαντος· ἔπειτα πολλαῖς
πρεσβείαις καὶ δεήσεσι μίαν ἰωμένων ὀργὴν καὶ ἄγνοιαν οὐ τεγχθεὶς οὐδ´ εἴξας,
ἐδήλωσεν ἐπὶ τῷ διαφθεῖραι τὴν πατρίδα καὶ καταβαλεῖν, οὐχ ὅπως ἀπολάβῃ καὶ
κατέλθῃ, βαρὺν πόλεμον καὶ ἄσπονδον ἐπανῃρημένος. (8) τοῦτό γε φήσει τις
διαφέρειν· Ἀλκιβιάδην μὲν γὰρ ἐπιβουλευόμενον ὑπὸ Σπαρτιατῶν διὰ δέος ἅμα
καὶ μῖσος αὐτῶν μεταστῆναι πρὸς Ἀθηναίους, Μαρκίῳ δὲ πάντα δίκαια
ποιοῦντας Οὐολούσκους οὐ καλῶς εἶχεν ἐγκαταλιπεῖν. (9) καὶ γὰρ ἡγεμὼν
ἀποδέδεικτο καὶ πίστιν εἶχε μεγίστην μετὰ δυνάμεως, οὐχ ὡς ἐκεῖνος,
ἀποχρωμένων μᾶλλον ἢ χρωμένων αὐτῷ Λακεδαιμονίων, ἐν τῇ πόλει περιιών,
καὶ κυλινδούμενος αὖθις ἐν τῷ στρατοπέδῳ, τέλος εἰς τὰς Τισσαφέρνου χεῖρας
ἀφῆκεν αὑτόν· εἰ μὴ νὴ Δία μὴ φθαρῆναι παντάπασι τὰς Ἀθήνας, ποθῶν
κατελθεῖν, ἐθεράπευε.
| [41] (1) Que Marcius ait été pris pour un homme de caractère simple et franc,
et Alcibiade, pour un homme prêt à tout et menteur en politique, c'est
l'évidence. (2) Ce dont on accuse surtout ce dernier, c'est de la méchanceté et
de la fourberie avec lesquelles il rompit la paix, en dupant les ambassadeurs
lacédémoniens, ainsi que l'a relaté Thucydide. (3) Mais cette politique, tout en
ayant derechef précipité dans la guerre la cité, rendit celle-ci redoutable et
forte de l'alliance des Mantinéens et des Argiens obtenue grâce à Alcibiade. (4)
Ce fut aussi par une tromperie que Marcius lui-même mit aux prises Romains et
Volsques, en calomniant à tort ceux qui étaient venus assister aux jeux, comme
l'a relaté Denys. Et le motif de cet acte le rend plus vil encore. (5) Car ce
n'était pas par ambition, ni suite à une lutte politique ou à une rivalité,
comme Alcibiade, mais pour satisfaire une colère (de quoi, affirme Dion,
personne n'a jamais tiré de plaisir!), qu'il alla troubler bien des régions
d'Italie et sacrifia à sa fureur contre sa patrie beaucoup de villes qui
n'avaient rien fait de mal. (6) Alcibiade, cependant, fut aussi, par sa colère,
cause de grands malheurs pour ses concitoyens. Mais sitôt qu'il les sut
repentants, il revint à de bons sentiments; à nouveau rejeté, il ne se réjouit
pas des erreurs des généraux athéniens et n'observa pas avec indifférence leurs
fâcheuses délibérations et les risques qu'ils prenaient: ce qu'avait fait
Aristide en se rendant chez Thémistocle -- et il en est suprêmement loué! --,
voilà bien ce que fit Alcibiade en se rendant auprès des chefs de l'époque, qui
n'étaient pas ses amis, en leur indiquant et en leur enseignant ce qu'il fallait
faire. (7) En revanche, Marcius, dans un premier temps, faisait tort à la cité
tout entière, bien que n'ayant pas eu, lui, à souffrir de tous -- le parti le
plus noble et le plus fort, maltraité avec lui, avait souffert avec lui. Par la
suite, sans se laisser fléchir ni céder aux nombreuses ambassades et requêtes de
gens qui tentaient de guérir cette colère insensée d'un seul homme, il montra
que c'était pour ruiner et anéantir sa patrie, non pour la retrouver et y
rentrer, qu'il s'était chargé d'une guerre lourde et sans trêve. (8) Un point du
moins, dira-t-on, fait la différence: Alcibiade repassa dans le camp athénien à
la fois par crainte et par haine des Spartiates qui conspiraient contre lui;
Marcius, quant à lui, ne pouvait honorablement abandonner les Volsques qui le
traitaient en parfaite équité. (9) C'est qu'il s'était montré leur chef et
avait, avec le pouvoir, leur entière confiance: ce n'était pas comme Alcibiade,
de qui les Lacédémoniens abusaient plutôt qu'ils n'usaient, et qui, circulant
dans leur ville puis vaguant dans leur camp, se remit finalement aux mains de
Tissapherne -- à moins que, parbleu!, il n'ait courtisé celui-ci de peur
qu'Athènes, où lui-même souhaitait ardemment rentrer, soit détruite de fond en
comble.
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