[39] (1) Τὸν δὲ Μάρκιον, ὡς ἐπανῆλθεν εἰς τὸ Ἄντιον ἀπὸ τῆς στρατείας, μισῶν
πάλαι καὶ βαρυνόμενος διὰ φθόνον ὁ Τύλλος ἐπεβούλευεν ἀνελεῖν εὐθύς, ὡς εἰ
νῦν διαφύγοι, λαβὴν ἑτέραν οὐ παρέξοντα. (2) πολλοὺς δὲ συστήσας καὶ
παρασκευάσας ἐπ´ αὐτόν, ἐκέλευσεν εὐθύνας ὑποσχεῖν τοῖς Οὐολούσκοις,
ἀποδόντα τὴν ἀρχήν. (3) ὁ δὲ φοβούμενος ἰδιώτης γενέσθαι τοῦ Τύλλου
στρατηγοῦντος καὶ δυναμένου μέγιστον ἐν τοῖς ἑαυτοῦ πολίταις, ἔλεγε τὴν
ἀρχὴν ἀποδώσειν Οὐολούσκοις ἐὰν κελεύωσι· καὶ γὰρ λαβεῖν πάντων
κελευόντων· εὔθυναν δὲ διδόναι καὶ λόγον οὐδὲ νῦν παραιτεῖσθαι τοῖς
βουλομένοις Ἀντιατῶν. (4) γενομένης οὖν ἐκκλησίας οἱ παρεσκευασμένοι τῶν
δημαγωγῶν ἀνιστάμενοι παρώξυναν τὸ πλῆθος. (5) ἐπεὶ δ´ ἀναστάντι τῷ
Μαρκίῳ τὸ μὲν ἄγαν θορυβοῦν ὑπ´ αἰδοῦς ἐνεδίδου καὶ παρεῖχεν ἀδεῶς λέγειν,
οἱ δὲ βέλτιστοι καὶ μάλιστα χαίροντες τῇ εἰρήνῃ τῶν Ἀντιατῶν ἐγένοντο φανεροὶ
μετ´ εὐνοίας ἀκουσόμενοι καὶ δικαίως κρινοῦντες, ἔδεισεν ὁ Τύλλος τὴν
ἀπολογίαν τοῦ ἀνδρός. (6) ἦν γὰρ ἐν τοῖς μάλιστα δεινὸς εἰπεῖν, καὶ τὰ πρόσθεν
ἔργα μείζονα τὴν χάριν εἶχε τῆς ὕστερον αἰτίας, μᾶλλον δ´ ὅλως τὸ ἔγκλημα τοῦ
μεγέθους τῆς χάριτος ἦν μαρτύριον. (7) οὐ γὰρ ἂν ἔδοξαν ἀδικεῖσθαι τὴν Ῥώμην
ὑποχείριον μὴ λαβόντες, εἰ μὴ τοῦ λαβεῖν ἐγγὺς ἐγένοντο διὰ Μάρκιον. (8) οὐκέτ´
οὖν ἔδοξε διαμέλλειν οὐδὲ πειρᾶσθαι τῶν πολλῶν, ἀλλ´ ἐγκραγόντες οἱ
θρασύτατοι τῶν συνεστώτων, ὡς οὐκ ἔστιν ἀκουστέον οὐδὲ περιοπτέον
Οὐολούσκοις τὸν προδότην τυραννοῦντα καὶ μὴ κατατιθέμενον τὴν ἀρχήν,
προσπεσόντες ἀθρόοι διέφθειραν αὐτόν, καὶ προσήμυνεν οὐδεὶς τῶν παρόντων.
(9) ὅτι δὲ τοῖς πλείστοις οὐκ ἐπράχθη κατὰ γνώμην, ἐδήλωσαν αὐτίκα
συνδραμόντες ἐκ τῶν πόλεων ἐπὶ τὸ σῶμα καὶ θάψαντες ἐντίμως καὶ τὸν τάφον
ὅπλοις καὶ λαφύροις κοσμήσαντες ὡς ἀριστέως καὶ στρατηγοῦ. (10) Ῥωμαῖοι δὲ
τὴν τελευτὴν πυθόμενοι, ἄλλο μὲν οὐδὲν ἀπεδείξαντο σημεῖον οὔτε τιμῆς οὔτ´
ὀργῆς πρὸς αὐτόν, αἰτησαμέναις δὲ ταῖς γυναιξὶν ἐπέτρεψαν ἀποπενθῆσαι δέκα
μῆνας, ὥσπερ ἔθος ἦν ἑκάστῃ πατέρα καὶ παῖδα καὶ ἀδελφόν. (11) οὗτος γὰρ ἦν
ὅρος τοῦ μακροτάτου πένθους ὃν ὥρισε Νομᾶς Πομπίλιος, ὡς ἐν τοῖς περὶ
ἐκείνου γεγραμμένοις δεδήλωται. (12) Τὸν δὲ Μάρκιον εὐθὺς ἐπόθει τὰ
Οὐολούσκων πράγματα. πρῶτον μὲν γὰρ στασιάσαντες πρὸς Αἰκανοὺς
συμμάχους καὶ φίλους ὄντας ὑπὲρ ἡγεμονίας, ἄχρι τραυμάτων καὶ φόνων
προῆλθον· (13) ἔπειτα μάχῃ κρατηθέντες ὑπὸ Ῥωμαίων, ἐν ᾗ Τύλλος ἀπέθανε
καὶ τὸ ἀνθοῦν μάλιστα τῆς δυνάμεως διεφθάρη, διαλύσεις αἰσχίστας ἠγάπησαν,
ὑπήκοοι γενόμενοι καὶ τὸ προσταττόμενον αὐτοῖς ποιήσειν ὁμολογήσαντες.
| [39] (1) Lorsque Marcius fut revenu à Antium à l'issue de
l'expédition, Tullus, qui le haïssait de longue date et
était travaillé par l'envie, complota de le supprimer
immédiatement, dans la pensée que, si Coriolan s'échappait à
ce moment, il ne donnerait plus prise une deuxième fois. (2)
Il rassembla un bon nombre d'hommes, les dressa contre le
Romain et somma celui-ci de rendre ses comptes aux Volsques,
après avoir déposé soncommandement. (3) Marcius, redoutant
de n'être plus qu'un simple particulier alors que Tullus
restait général et disposait d'un immense pouvoir chez ses
concitoyens, prétendait pour sa part ne remettre son
commandement qu'aux Volsques, s'ils l'ordonnaient -- c'était
en effet de par leur ordre à tous qu'il l'avait reçu --.
Quant à soumettre ses comptes et sa justification à ceux des
Antiates qui le voulaient, dès à présent, il ne s'y refusait
pas. (4) Il y eut donc une assemblée du peuple, au cours de
laquelle les chefs populaires, dûment travaillés, se
levèrent pour exciter la masse. (5) Dès que Marcius se leva
à son tour, le tumulte excessif retomba néanmoins, par
respect, ce qui lui permit de parler sans crainte. L'élite
des Antiates, extrêmement heureuse de la paix, se montra
prête à l'écouter avec bienveillance et à le juger en toute
justice. Alors Tullus commença à redouter la défense
qu'allait présenter le Romain. (6) C'était en effet un
orateur des plus habiles, et ses hauts faits passés lui
valaient plus de gratitude que ne pesait l'accusation
ultérieure, ou plutôt le reproche qu'on lui faisait
témoignait pleinement de l'ample dette de reconnaissance
contractée envers lui. (7) Les Volsques, aussi bien, ne se
seraient pas crus frustrés de n'avoir pas mis la main sur
Rome s'ils n'avaient précisément été près de la prendre
grâce à Marcius. (8) Dès lors, il ne parut plus souhaitable
de différer, ni de tâter le populaire; les plus audacieux
des conjurés hurlèrent qu'il ne fallait pas écouter le
traître ni supporter de le voir en position de tyran chez
les Volsques et refusant de déposer son commandement. Se
ruant tous ensemble sur lui, ils l'occirent, sans qu'aucun
des assistants ne s'avance pour le défendre. (9) Cela ne fut
point exécuté sur avis de la grande majorité des Volsques,
c'est ce que ceux-ci firent voir aussitôt: se précipitant
hors de leurs villes vers le cadavre de Marcius, ils
l'ensevelirent avec honneur et parèrent sa tombe d'armes et
de dépouilles, comme celle d'un général hors pair. (10)
Quant aux Romains, apprenant sa fin, ils ne firent paraître
aucun signe d'estime ni de colère à son endroit; toutefois,
à la requête des femmes, ils leur concédèrent un deuil de
dix mois, ainsi que c'était pour chacune d'usage pour un
père, un fils ou un frère. (11) C'était là le terme du deuil
le plus long, qu'avait fixé Numa Pompilius, comme on l'a
montré dans l'écrit relatif à ce personnage. (12) Les
affaires des Volsques eurent tout de suite à regretter
Marcius! Entrés en lutte pour l'hégémonie avec les Èques,
leurs alliés et amis, dans un premier temps, ils en
arrivèrent aux horions et aux meurtres. (13) Par la suite,
défaits par les Romains lors d'un combat où mourut Tullus et
où périt entièrement la fleur de leur armée, ils durent se
contenter d'une trêve infamante et, devenus sujets de Rome,
accepter de faire ce qui leur était imposé.
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