[33] (1) Ἐν δὲ τῇ Ῥώμῃ τότε τῶν γυναικῶν ἄλλαι μὲν πρὸς ἄλλοις ἱεροῖς, αἱ δὲ
πλεῖσται καὶ δοκιμώταται περὶ τὸν τοῦ Καπιτωλίου Διὸς βωμὸν ἱκέτευον, ἐν δὲ
ταύταις ἡ Ποπλικόλα τοῦ μεγάλα καὶ πολλὰ Ῥωμαίους ἔν τε πολέμοις καὶ
πολιτείαις ὠφελήσαντος ἀδελφὴ Οὐαλερία. (2) Ποπλικόλας μὲν οὖν ἐτεθνήκει
πρότερον, ὡς ἐν τοῖς περὶ ἐκείνου γεγραμμένοις ἱστορήκαμεν, ἡ δὲ Οὐαλερία
δόξαν εἶχεν ἐν τῇ πόλει καὶ τιμήν, δοκοῦσα τῷ βίῳ μὴ καταισχύνειν τὸ γένος. (3)
ὅπερ οὖν λέγω πάθος ἐξαπίνης παθοῦσα, καὶ κατ´ ἐπίνοιαν οὐκ ἀθείαστον
ἁψαμένη τοῦ συμφέροντος, αὐτή τ´ ἀνέστη καὶ τὰς ἄλλας ἀναστήσασα πάσας
ἧκεν ἐπὶ τὴν οἰκίαν τῆς τοῦ Μαρκίου μητρὸς Οὐολουμνίας. (4) ὡς δ´ εἰσῆλθε καὶ
κατέλαβε μετὰ τῆς νυοῦ καθεζομένην καὶ τὰ παιδία τοῦ Μαρκίου πρὸς τοῖς
κόλποις ἔχουσαν, ἐν κύκλῳ περιστήσασα τὰς γυναῖκας αὐτῆς· (5) "αὐταί γ´
ἡμεῖς," εἶπεν "ὦ Οὐολουμνία καὶ σὺ Οὐεργιλία, γυναῖκες ἥκομεν πρὸς γυναῖκας,
οὔτε βουλῆς ψηφισαμένης οὔτ´ ἄρχοντος κελεύσαντος, ἀλλ´ ὁ θεὸς ἡμῶν ὡς
ἔοικεν οἰκτίρας τὴν ἱκετείαν, ὁρμὴν παρέστησε δευρὶ τραπέσθαι πρὸς ὑμᾶς καὶ
δεηθῆναι σωτήρια μὲν αὑταῖς καὶ τοῖς ἄλλοις πολίταις, ὑμῖν δὲ πεισθείσαις
ἐπιφανεστέραν φέροντα δόξαν, ἧς αἱ Σαβίνων θυγατέρες ἔσχον, εἰς φιλίαν καὶ
εἰρήνην ἐκ πολέμων συναγαγοῦσαι πατέρας καὶ ἄνδρας. (6) δεῦτε, πρὸς Μάρκιον
ἰοῦσαι μεθ´ ἡμῶν συνάψασθε τῆς ἱκετηρίας, καὶ μαρτυρήσατε τῇ πατρίδι
μαρτυρίαν ἀληθῆ καὶ δικαίαν, ὅτι πολλὰ πάσχουσα κακῶς οὐδὲν οὔτ´ ἔπραξε
δεινὸν οὔτ´ ἐβούλευσε περὶ ὑμῶν δι´ ὀργήν, ἀλλ´ ἀποδίδωσιν ὑμᾶς ἐκείνῳ, κἂν
μηδενὸς τυγχάνειν μέλλῃ τῶν ἐπιεικῶν." (7) ταῦτα τῆς Οὐαλερίας εἰπούσης,
ἀνεβόησαν αἱ λοιπαὶ γυναῖκες, ἠμείψατο δ´ ἡ Οὐολουμνία· "καὶ τῶν κοινῶν ἡμῖν
συμφορῶν, ὦ γυναῖκες, ἴσον μέτεστι, καὶ ἰδίᾳ πράττομεν κακῶς, ἀπολέσασαι τὴν
Μαρκίου δόξαν καὶ ἀρετήν, τὸ σῶμα δ´ αὐτοῦ τοῖς τῶν πολεμίων ὅπλοις
φρουρούμενον μᾶλλον ἢ σῳζόμενον ἐφορῶσαι. (8) μέγιστον δ´ ἡμῖν τῶν
ἀτυχημάτων ἐστίν, εἰ τὰ τῆς πατρίδος οὕτως ἐξησθένηκεν, ὥστ´ ἐν ἡμῖν ἔχειν τὰς
ἐλπίδας. (9) οὐκ οἶδα γὰρ εἴ τινα ποιήσεται λόγον ἡμῶν ἐκεῖνος, εἴ γε μηδένα
ποιεῖται τῆς πατρίδος, ἣν καὶ μητρὸς καὶ γυναικὸς καὶ τέκνων προετίμησεν. (10)
οὐ μὴν ἀλλὰ χρῆσθε ἡμῖν καὶ λαβοῦσαι κομίζετε πρὸς ἐκεῖνον, εἰ μηδὲν ἄλλο,
ταῖς ὑπὲρ τῆς πατρίδος ἱκεσίαις ἐναποπνεῦσαι δυναμένας."
| [33] (1) À Rome, pendant ce temps, les femmes allaient les
unes dans un temple, les autres dans un autre; mais les plus
nombreuses et les plus considérables se rendaient en
suppliantes à l'autel de Jupiter Capitolin. Parmi celles-ci,
il y avait Valérie, la soeur de Publicola, celui qui avait
rendu quantité de grands services aux Romains, lors des
guerres comme dans les affaires d'État. (2) Publicola était
mort antérieurement, ainsi que nous l'avons consigné dans
l'écrit que nous lui avons consacré; mais Valérie conservait
dans la cité réputation et place d'honneur, car sa vie
témoignait bien qu'elle ne faisait pas rougir sa race. (3)
Or, l'impulsion dont je parle, Valérie l'éprouva tout à
coup. Par une inspiration qui n'avait rien de profane, la
voilà attachée à l'intérêt général; elle se leva, fit lever
toutes les autres et gagna la maison de Volumnie, la mère de
Marcius. (4) Une fois entrée, elle trouva Volumnie assise
avec sa belle-fille et tenant sur ses genoux les enfants de
Marcius; plaçant les femmes en cercle autour d'elle, elle
dit: (5) "Volumnie et toi, Vergilie, c'est en femmes que
nous-mêmes sommes venues chez vous autres femmes: ce n'est
point le Sénat qui l'a décrété, ni un magistrat qui l'a
ordonné, c'est le dieu, apparemment, qui a pris en pitié
notre supplication et a inspiré notre élan à venir ici chez
vous, et à vous demander un geste salvateur pour nous et
pour les autres citoyens -- un geste qui, d'ailleurs, vous
apportera à vous-mêmes, si vous vous laissez convaincre, un
renom plus éclatant encore que n'en eurent ces filles des
Sabins qui, au sortir des guerres, ramenèrent pères et maris
à l'amitié et à la paix. (6) Allons! venez avec nous chez
Marcius, et rendez à la patrie un témoignage véridique et
juste: à savoir que, malgré toutes ses souffrances, elle n'a
rien fait ni décidé de grave à votre encontre sous l'emprise
de la colère, mais qu'elle vous rend à Marcius, même si elle
n'en doit rien obtenir d'équitable." (7) Ainsi parla Valérie
et les autres femmes de l'acclamer. Volumnie répondit: "Aux
malheurs communs, Mesdames, nous prenons la même part que
vous; de surcroît, à titre personnel, nous éprouvons le
malheur d'avoir perdu le renom et la vaillance de Marcius,
et de voir sa personne se mettre sous la garde des armes
ennemies plutôt que de trouver en elles son salut. (8)
Cependant, la plus grande de nos infortunes, c'est que la
patrie soit exténuée au point de mettre en nous ses espoirs!
(9) Au reste, je ne sais si Marcius fera le moindre cas de
nous, alors qu'il n'en fait aucun de sa patrie, qu'il vénère
bien plus que mère, femme et enfants. (10) Néanmoins
servez-vous de nous et emmenez-nous avec vous jusqu'à lui: à
défaut d'autre chose, nous pouvons toujours expirer à force
de le supplier pour la patrie."
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