[32] (1) Ἐπανελθόντων δὲ τῶν πρέσβεων ἀκούσασα ἡ βουλή, καθάπερ ἐν χειμῶνι
πολλῷ καὶ κλύδωνι τῆς πόλεως ἄρασα τὴν ἱερὰν ἀφῆκεν. (2) ὅσοι γὰρ ἦσαν
ἱερεῖς θεῶν ἢ μυστηρίων ὀργιασταὶ καὶ φύλακες ἢ τὴν ἀπ´ οἰωνῶν πάτριον
οὖσαν ἔκπαλαι μαντικὴν ἔχοντες, τούτους πάντας ἀπιέναι πρὸς τὸν Μάρκιον
ἐψηφίσαντο, κεκοσμημένους ὡς ἦν ἑκάστῳ νόμος ἐν ταῖς ἱερουργίαις, λέγειν δὲ
ταὐτὰ καὶ παρακαλεῖν ὅπως ἀπαλλάξας τὸν πόλεμον οὕτω διαλέγηται περὶ τῶν
Οὐολούσκων τοῖς πολίταις. (3) ἐδέξατο μὲν οὖν εἰς τὸ στρατόπεδον τοὺς ἄνδρας,
ἄλλο δ´ οὐδὲν ἔδωκεν οὐδ´ ἔπραξεν οὐδ´ εἶπε μαλακώτερον, ἀλλ´ ἐφ´ οἷς
πρότερον ἐκέλευε ποιεῖσθαι τὰς διαλύσεις ἢ δέχεσθαι τὸν πόλεμον. (4)
ἐπανελθόντων οὖν τῶν ἱερέων ἔδοξεν ἀτρεμοῦντας ἐν τῇ πόλει τὰ τείχη
φυλάττειν καὶ προσβάλλοντας ἀποκρούεσθαι τοὺς πολεμίους, ἐν τῷ χρόνῳ
μάλιστα καὶ τοῖς ἀπὸ τῆς τύχης παραλόγοις τιθεμένοις τὰς ἐλπίδας, ἐπεὶ δι´
αὑτῶν γε σωτήριον οὐδὲν ἠπίσταντο πράττοντες, ἀλλὰ ταραχὴ καὶ πτοία καὶ
φήμη πονηρὰ τὴν πόλιν κατεῖχεν, ἄχρι οὗ συνέβη τι πρᾶγμα τῷ πολλάκις ὑφ´
Ὁμήρου λεγομένῳ, μὴ πάνυ δὲ πείθοντι πολλούς, ὅμοιον. (5) λέγοντος γὰρ αὐτοῦ
καὶ ἀναφωνοῦντος ἐπὶ ταῖς μεγάλαις πράξεσι καὶ παραλόγοις "τῇ δ´ ἄρ´ ἐπὶ
φρεσὶ θῆκε θεὰ γλαυκῶπις Ἀθήνη", καὶ τὸ "ἀλλά τις ἀθανάτων τρέψεν φρένας,
ὅς ῥ´ ἐνὶ θυμῷ / δήμου θῆκε φάτιν", καὶ τὸ "ἤ τι ὀισσάμενος ἢ καὶ θεὸς ὣς
ἐκέλευε", καταφρονοῦσιν, ὡς ἀδυνάτοις πλάσμασι καὶ μυθεύμασιν ἀπίστοις τὸν
ἑκάστου λογισμὸν τῆς προαιρέσεως ἄμοιρον καθιστάντος. (6) οὐ ποιεῖ δὲ τοῦθ´
Ὅμηρος, ἀλλὰ τὰ μὲν εἰκότα καὶ συνήθη καὶ κατὰ λόγον περαινόμενα τῷ ἐφ´
ἡμῖν ἀποδίδωσι, καὶ λέγει δήπου πολλάκις· "αὐτὰρ ἐγὼ βούλευσα κατὰ
μεγαλήτορα θυμόν", καὶ· "ὣς φάτο, Πηλείωνι δ´ ἄχος γένετ´, ἐν δέ οἱ ἦτορ /
στήθεσσιν λασίοισι διάνδιχα μερμήριζεν", καὶ πάλιν· "ἀλλὰ τὸν οὔ τι / πεῖθ´
ἀγαθὰ φρονέοντα δαΐφρονα Βελλεροφόντην·" (7) ἐν δὲ ταῖς ἀτόποις καὶ
παραβόλοις πράξεσι καὶ φορᾶς τινος ἐνθουσιώδους καὶ παραστάσεως δεομέναις
οὐκ ἀναιροῦντα ποιεῖ τὸν θεόν, ἀλλὰ κινοῦντα τὴν προαίρεσιν, οὐδ´ ὁρμὰς
ἐνεργαζόμενον, ἀλλὰ φαντασίας ὁρμῶν ἀγωγούς, αἷς οὐδὲ ποιεῖ τὴν πρᾶξιν
ἀκούσιον, ἀλλὰ τῷ ἑκουσίῳ δίδωσιν ἀρχήν, καὶ τὸ θαρρεῖν καὶ τὸ ἐλπίζειν
προστίθησιν. (8) ἢ γὰρ ἀπαλλακτέον ὅλως τὰ θεῖα πάσης αἰτίας καὶ ἀρχῆς τῶν
καθ´ ἡμᾶς, ἤ τις ἂν ἄλλος εἴη τρόπος ᾧ βοηθοῦσιν ἀνθρώποις καὶ συνεργοῦσιν,
οὐ τὸ σῶμα δήπου πλάττοντες ἡμῶν, οὐδὲ τὰς χεῖρας ὡς δεῖ μετατιθέντες αὐτοὶ
καὶ τοὺς πόδας, ἀλλὰ τῆς ψυχῆς τὸ πρακτικὸν καὶ προαιρετικὸν ἀρχαῖς τισι καὶ
φαντασίαις καὶ ἐπινοίαις ἐγείροντες, ἢ τοὐναντίον ἀποστρέφοντες καὶ ἱστάντες.
| [32] (1) Le Sénat entendit les ambassadeurs à leur retour
et, en plein bouleversement de la cité, de même qu'au cours
d'une forte tempête, il souleva et jeta l'ancre sacrée. (2)
Tout ce qu'il y avait comme prêtres des dieux, célébrants
des mystères, gardiens des temples, détenteurs de la
divination ancestrale par les oiseaux, tout ce monde, on le
décréta, avait à se rendre auprès de Marcius, chacun portant
les ornements qui lui sont imposés pour les cérémonies
sacrées; on lui redirait la même chose et on lui
conseillerait de renoncer à la guerre, en sorte de pouvoir
engager la discussion avec ses concitoyens au sujet des
Volsques. (3) Il accueillit à vrai dire ces gens dans son
camp, mais sans concéder rien d'autre, sans rien faire ni
dire de plus conciliant: ou l'on cessait les hostilités aux
conditions qu'il avait imposées antérieurement, ou ils
acceptaient la guerre. (4) Les prêtres rentrèrent donc; on
décida de rester impavide dans la ville, de monter la garde
aux remparts et de repousser l'ennemi s'il attaquait: on
mettait ses espérances surtout dans le temps et dans les
revirements inattendus de la fortune puisque, on le savait
bien, on ne pouvait poser par soi-même aucun acte salvateur.
Trouble, épouvante, rumeurs fâcheuses remplissaient la cité,
jusqu'au moment où survint un événement semblable à ce qui
est maintes fois dit par Homère -- sans pourtant convaincre
beaucoup de gens. (5) Car le poète dit et proclame, à propos
de faits considérables et inattendus: "Or donc, lui mit en
tête la déesse aux yeux pers, Athéna". Et encore: "Mais l'un
des Immortels retourna mon esprit, et glissa dans mon coeur
la rumeur montant du peuple". Et ceci: "Était-ce sa pensée,
ou bien un dieu l'ordonnait-il ainsi?" Mais on n'a que
dédain pour Homère, sous prétexte que, par ses fictions
impossibles et ses contes incroyables, il prive le
raisonnement de chacun de la liberté de choix. (6) Or ce
n'est pas ce que fait Homère; aussi bien accorde-t-il à
notre libre arbitre les actes naturels, habituels et
réalisés logiquement, puisqu'il dit souvent: "Moi, je
délibérai dans mon coeur magnanime" et "Ainsi dit-il. La
colère gagne le Péléide, son coeur, en son poitrail velu, se
partage entre deux avis". Et encore: "Mais lui, Bellérophon
au coeur généreux, le prudent, elle ne le convainc pas". (7)
Dans les actions insolites, hardies et qui requièrent une
sorte de pulsion enthousiaste et de transport, Homère montre
le dieu non pas supprimant mais bien suscitant la liberté de
choix, créant non pas des impulsions, mais bien des images
productices d'impulsions, par lesquelles ce même dieu ne
prive pas notre action de volonté, mais donne un départ à
l'acte volontaire et lui ajoute la confiance et l'espoir.
(8) En effet: ou il faut retirer aux êtres divins toute
intervention qui cause etcommande nos actes, ou alors de
quelle autre façon secourent-ils les hommes et agissent-ils
avec eux? Ce n'est pas, assurément, en façonnant notre
corps, ni en déplaçant eux-mêmes comme il le faut nos mains
et nos pieds! En fait, ils éveillent par certaines
incitations, images et pensées la partie active et volitive
de notre âme, ou bien au contraire ils la détournent et l'arrêtent.
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