[6] Ἐν μὲν οὖν τῇ στρατηγίᾳ μετρίως ἐπαινούμενον (2)
ἑαυτὸν παρέσχε. μετὰ δὲ τὴν στρατηγίαν κλήρῳ λαβὼν τὴν
ἐκτὸς Ἰβηρίαν, λέγεται καθᾶραι λῃστηρίων τὴν ἐπαρχίαν,
ἀνήμερον οὖσαν ἔτι τοῖς ἐθισμοῖς καὶ θηριώδη, καὶ τὸ
λῃστεύειν οὔπω τότε τῶν Ἰβήρων οὐχὶ κάλλιστον (3)
ἡγουμένων. ἐν δὲ τῇ πολιτείᾳ γενόμενος, οὐκ εἶχεν οὔτε
πλοῦτον οὔτε λόγον, οἷς ἦγον οἱ τότε μάλιστα τιμώμενοι (4) τὸν
δῆμον. αὐτὴν δὲ τὴν ἀνάτασιν τοῦ φρονήματος καὶ τὸ περὶ τοὺς
πόνους ἐνδελεχὲς αὐτοῦ καὶ τὸ δημοτικὸν τῆς διαίτης ἔν τινι
σπουδῇ τιθεμένων τῶν πολιτῶν, ηὐξάνετο τῇ τιμῇ πρὸς
δύναμιν, ὥστε καὶ γάμον γῆμαι λαμπρὸν οἰκίας ἐπιφανοῦς τῆς
Καισάρων Ἰουλίαν, ἧς ἦν ἀδελφιδοῦς Καῖσαρ ὁ χρόνοις ὕστερον
Ῥωμαίων μέγιστος γενόμενος καί τι κατ' οἰκειότητα ζηλώσας
Μάριον, (5) ὡς ἐν τοῖς περὶ ἐκείνου γέγραπται. τῷ δὲ Μαρίῳ καὶ
σωφροσύνην μαρτυροῦσι καὶ καρτερίαν, ἧς δεῖγμα (6) καὶ τὸ
περὶ τὴν χειρουργίαν ἐστίν. ἰξιῶν γὰρ ὡς ἔοικε μεγάλων
ἀνάπλεως ἄμφω τὰ σκέλη γεγονὼς καὶ τὴν ἀμορφίαν
δυσχεραίνων, ἔγνω παρασχεῖν ἑαυτὸν ἰατρῷ· καὶ παρέσχεν
ἄδετος θάτερον σκέλος, οὐδὲν κινηθεὶς οὐδὲ στενάξας, ἀλλὰ
καθεστῶτι τῷ προσώπῳ καὶ μετὰ σιωπῆς ὑπερβολάς τινας
ἀλγηδόνων ἐν ταῖς τομαῖς ἀνασχόμενος. τοῦ δ' ἰατροῦ
μετιόντος ἐπὶ θάτερον, οὐκέτι παρέσχε, φήσας ὁρᾶν τὸ
ἐπανόρθωμα τῆς ἀλγηδόνος οὐκ ἄξιον.
| [6] Il se conduisit avec assez de modération dans sa préture.
VI. En sortant de charge, il alla commander dans l'Espagne ultérieure,
qu'il délivra des brigandages dont elle était le théâtre. Cette province
avait encore des moeurs sauvages et barbares, et les Espagnols dans ce
temps-là ne connaissaient rien de plus beau que de vivre de vols et de rapines.
Revenu à Rome, il prit part aux affaires publiques; mais il n'y apporta ni richesses, ni
éloquence, deux des plus puissants moyens qu'eussent alors, pour gouverner, ceux
qui avaient le plus de considération parmi le peuple. Ses concitoyens néanmoins lui
ayant tenu compte de la force de son caractère, de sa constance infatigable dans les
travaux, de sa manière de vivre toute populaire, il parvint bientôt aux premiers
honneurs, et acquit une telle puissance, que, par l'alliance la plus honorable, il entra
dans l'illustre maison des Césars; il épousa Julie, tante de ce Jules César qui fut
dans la suite le plus grand des Romains, et qui, à raison de cette parenté, se fit gloire
de rétablir les honneurs de Marius, comme nous l'avons raconté dans sa vie. A la
tempérance dont Marius faisait profession, il joignait, dit-on, une patience invincible
dans la douleur, et il en donna une grande preuve dans une opération qu'il se fit
faire. Ses jambes étaient pleines de varices, dont il supportait avec peine la
difformité. Ayant donc appelé un chirurgien pour les lui couper, il lui présenta une
de ses jambes sans vouloir qu'on la lui liât, et souffrit les douleurs cruelles que lui
causèrent les incisions, sans faire aucun mouvement, sans jeter un soupir, avec un
visage assuré, et dans un profond silence; mais quand le chirurgien voulut passer à
l'autre jambe, il refusa de la lui donner, en disant : "Je vois que la guérison ne vaut
pas la douleur qu'elle cause".
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