[7] Ἐπεὶ δὲ Καικίλιος Μέτελλος ἀποδειχθεὶς ἐπὶ τὸν κατὰ
Ἰουγούρθα πόλεμον ὕπατος στρατηγὸς εἰς Λιβύην ἐπηγάγετο
πρεσβευτὴν Μάριον, ἐνταῦθα πράξεων μεγάλων καὶ λαμπρῶν
ἀγώνων ἐπιλαβόμενος, τὸ μὲν αὔξειν τὸν Μέτελλον ὥσπερ οἱ
λοιποὶ καὶ πολιτεύεσθαι πρὸς (2) ἐκεῖνον εἴασε χαίρειν, ἀξιῶν δ'
οὐχ ὑπὸ Μετέλλου κεκλῆσθαι πρεσβευτής, ὑπὸ δὲ τῆς τύχης εἰς
εὐφυέστατον καιρὸν ὁμοῦ καὶ μέγιστον εἰσάγεσθαι πράξεων
θέατρον, (3) ἐπεδείκνυτο πᾶσαν ἀνδραγαθίαν. καὶ πολλὰ τοῦ
πολέμου δυσχερῆ φέροντος, οὔτε τῶν μεγάλων τινὰ πόνων
ὑποτρέσας οὔτε τῶν μικρῶν ἀπαξιώσας, ἀλλὰ τοὺς μὲν
ὁμοτίμους εὐβουλίᾳ καὶ προνοίᾳ τοῦ συμφέροντος
ὑπερβαλλόμενος, πρὸς δὲ τοὺς στρατιώτας ὑπὲρ εὐτελείας καὶ
καρτερίας διαμιλλώμενος, εὔνοιαν ἔσχε πολλὴν παρ' αὐτοῖς.
ὅλως μὲν γὰρ ἔοικε τοῦ κάμνειν ἑκάστῳ παραμυθία τὸ
συγκάμνον ἑκουσίως εἶναι· δοκεῖ γὰρ ἀφαιρεῖν τὴν ἀνάγκην·
ἥδιστον δὲ Ῥωμαίῳ θέαμα στρατιώτῃ στρατηγὸς ἐσθίων ἐν ὄψει
κοινὸν ἄρτον ἢ κατακείμενος ἐπὶ στιβάδος εὐτελοῦς ἢ περὶ
ταφρείαν τινὰ καὶ χαράκωσιν ἔργου (5) συνεφαπτόμενος. οὐ
γὰρ οὕτως τοὺς τιμῆς καὶ χρημάτων μεταδιδόντας, ὡς τοὺς
πόνου καὶ κινδύνου μεταλαμβάνοντας ἡγεμόνας θαυμάζουσιν,
ἀλλὰ μᾶλλον ἀγαπῶσι τῶν (6) ῥᾳθυμεῖν ἐπιτρεπόντων τοὺς
συμπονεῖν ἐθέλοντας. ταῦτα πάντα ποιῶν ὁ Μάριος καὶ διὰ
τούτων τοὺς στρατιώτας δημαγωγῶν, ταχὺ μὲν ἐνέπλησε τὴν
Λιβύην, ταχὺ δὲ τὴν Ῥώμην ὀνόματος καὶ δόξης, τῶν ἀπὸ
στρατοπέδου τοῖς οἴκοι γραφόντων, ὡς οὐκ ἔστι πέρας οὐδ'
ἀπαλλαγὴ τοῦ πρὸς τὸν βάρβαρον πολέμου μὴ Γάιον Μάριον
ἑλομένοις ὕπατον.
| [7] VII. Vers ce temps-là le consul Cécilius Métellus ayant été chargé d'aller en Afrique
faire la guerre contre Jugurtha, choisit Marius pour son lieutenant.
Marius, qui vit dans cette expédition un vaste champ à de grands
combats et à des actions glorieuses, n'eut garde, comme les autres lieutenants, de
servir à l'élévation de Métellus, et de travailler pour sa gloire. Persuadé que c'était
moins Métellus qui l'avait choisi pour cet emploi, que la fortune elle-même, qui, lui
ménageant l'occasion la plus favorable, l'avait placé sur un vaste et magnifique
théâtre, où il pourrait se signaler par les plus belles actions, il y déploya tout ce qu'il
avait de talents militaires. Dans le cours de cette guerre, qui offrait les plus grandes
difficultés, on ne le vit jamais ni craindre les travaux les plus rudes, ni dédaigner les
fonctions les moins importantes. Supérieur à tous ses égaux en bon sens et en
prudence pour tout ce qui pouvait contribuer à l'utilité commune, il disputait avec
les simples soldats de patience et de frugalité, et il acquit ainsi la bienveillance de
toute l'armée. C'est en général un grand soulagement dans les situations difficiles,
que d'avoir des compagnons qui en partagent volontairement les peines, et qui
semblent par là en ôter la contrainte et la nécessité. Il n'est pas, pour le soldat romain,
de spectacle plus doux que de voir son général manger publiquement le même
pain que lui, coucher sur une simple paillasse, et travailler avec lui à ouvrir une
tranchée ou à fortifier un camp. Il estime bien moins les capitaines qui lui donnent
de l'argent ou qui l'élèvent aux charges, que ceux qui s'associent à ses travaux et à
ses dangers; il aime qu'ils partagent ses fatigues, et non qu'ils le laissent vivre dans
l'oisiveté. Marius, en suivant cette conduite, gagna l'affection de tous les soldats, et
remplit bientôt l'Afrique entière et l'Italie même du bruit de son nom et de sa gloire.
Tous ceux qui, de l'armée, écrivaient à Rome, ne cessaient de répéter qu'on ne
verrait la fin de cette guerre contre ce roi barbare, que lorsque Marius, nommé
consul, en aurait seul la conduite.
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