[41] Ἐν δὲ Ῥώμῃ Σύλλας μὲν ἠκούετο τοῖς Μιθριδάτου
πολεμεῖν στρατηγοῖς περὶ Βοιωτίαν, οἱ δ' ὕπατοι (2)
στασιάσαντες ἐχώρουν εἰς ὅπλα. καὶ μάχης γενομένης,
Ὀκτάβιος μὲν κρατήσας ἐξέβαλε Κίνναν ἐπιχειροῦντα
τυραννικώτερον ἄρχειν, καὶ κατέστησεν ἀντ' αὐτοῦ Κορνήλιον
Μερούλαν ὕπατον, ὁ δὲ Κίννας ἐκ τῆς ἄλλης Ἰταλίας
συναγαγὼν δύναμιν, αὖθις διεπολέμει πρὸς αὐτούς. ταῦτα
τῷ Μαρίῳ πυνθανομένῳ πλεῦσαι τὴν ταχίστην ἐφαίνετο· καὶ
παραλαβὼν ἔκ τε Λιβύης Μαυρουσίων τινὰς ἱππότας καὶ τῶν
ἀπὸ τῆς Ἰταλίας τινὰς καταφερομένων, συναμφοτέρους οὐ
πλείονας χιλίων γενομένους, ἀνήχθη, μεθ' ὧν προσβαλὼν
Τελαμῶνι τῆς Τυρρηνίας καὶ ἀποβάς, ἐκήρυττε δούλοις
ἐλευθερίαν· (4) καὶ τῶν αὐτόθι γεωργούντων καὶ νεμόντων
ἐλευθέρων κατὰ δόξαν αὐτοῦ συντρεχόντων ἐπὶ τὴν θάλασσαν
ἀναπείθων τοὺς ἀκμαιοτάτους, ἐν ἡμέραις ὀλίγαις χεῖρα
μεγάλην ἤθροισε καὶ τεσσαράκοντα ναῦς ἐπλήρωσεν. εἰδὼς
δὲ τὸν μὲν Ὀκτάβιον ἄριστον ἄνδρα καὶ τῷ δικαιοτάτῳ τρόπῳ
βουλόμενον ἄρχειν, τὸν δὲ Κίνναν ὕποπτόν τε τῷ Σύλλᾳ καὶ
πολεμοῦντα τῇ καθεστώσῃ πολιτείᾳ, τούτῳ προσνέμειν ἑαυτὸν
ἔγνω μετὰ τῆς δυνάμεως. (6) ἔπεμψεν οὖν ἐπαγγελλόμενος ὡς
ὑπάτῳ πάντα ποιήσειν τὰ προστασσόμενα. δεξαμένου δὲ τοῦ
Κίννα καὶ προσαγορεύσαντος αὐτὸν ἀνθύπατον, ῥάβδους δὲ
καὶ τἆλλα παράσημα τῆς ἀρχῆς ἀποστείλαντος, οὐκ ἔφη
πρέπειν αὐτοῦ ταῖς τύχαις τὸν κόσμον, ἀλλ' ἐσθῆτι φαύλῃ
κεχρημένος καὶ κομῶν ἀφ' ἧς ἔφυγεν ἡμέρας, ὑπὲρ
ἑβδομήκοντα γεγονὼς ἔτη, βάδην προῄει, βουλόμενος μὲν
ἐλεεινὸς εἶναι, τῷ δ' οἰκτρῷ συμμέμεικτο τὸ οἰκεῖον τῆς ὄψεως
αὐτοῦ πλέον, τὸ φοβερόν, καὶ διέφαινεν ἡ κατήφεια τὸν θυμὸν
οὐ τεταπεινωμένον, ἀλλ' ἐξηγριωμένον ὑπὸ τῆς μεταβολῆς.
| [41] Cependant à Rome, sur la nouvelle qu'on y apprit que Sylla faisait la guerre en
Béotie contre les généraux de Mithridate,
les consuls se divisèrent, et prirent les armes. Octavius, resté le plus fort,
chassa de la ville Cinna, qui voulait y exercer un pouvoir tyrannique, et nomma
consul à sa place Cornélius Mérula. Cinna ayant levé des troupes chez les autres
peuples d'Italie, fit la guerre aux deux consuls. Marius ne fut pas plutôt instruit de
ces mouvements, qu'il résolut de partir sans différer; et prenant des cavaliers
maurusiens, avec quelques-uns de ceux qui lui étaient venus d'Italie, ce qui lui faisait
en tout environ mille hommes, il mit à la voile, aborda au port de Télamon, en
Étrurie; et à peine débarqué, il fit publier à son de trompe qu'il donnerait la liberté
aux esclaves qui viendraient se joindre à lui. Les laboureurs et les bergers du pays,
tous de condition libre, accoururent sur la côte, attirés par la réputation de Marius,
qui s'attachant les plus robustes, eut formé en peu de jours une armée, qu'il
embarqua sur quarante navires. XLV. Il connaissait Octavius pour un homme de
bien, qui voulait gouverner avec la plus exacte justice; il savait au contraire que
Cinna était suspect à Sylla, et qu'il voulait renverser le gouvernement actuel : résolu
donc d'aller le joindre avec son armée, il lui fit dire qu'il était prêt à lui obéir et à le
reconnaître pour consul. Cinna le reçut avec joie, lui donna le titre de proconsul, et
lui envoya les faisceaux, avec les autres marques de sa dignité. Marius les refusa, en
disant que ces ornements ne convenaient point à sa fortune présente; il continua de
porter une méchante robe, et de laisser croître ses cheveux, comme il avait toujours
fait depuis le jour qu'il avait été banni, à l'âge de plus de soixante-dix ans. Il affectait
de marcher lentement, afin d'exciter la compassion; mais sous cet extérieur abattu
éclatait toujours l'air de fierté qui lui était naturel, et qui paraissait fait pour inspirer
la terreur plutôt que la pitié; sa tristesse même faisait assez voir que ses revers
avaient plus aigri qu'abattu son courage.
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