[32] Ἐπανελθὼν δ' εἰς Ῥώμην, οἰκίαν ἐδείματο τῆς ἀγορᾶς
πλησίον, εἴθ', ὡς αὐτὸς ἔλεγε, τοὺς θεραπεύοντας αὐτὸν
ἐνοχλεῖσθαι μὴ βουλόμενος μακρὰν βαδίζοντας, εἴτε τοῦτ'
αἴτιον οἰόμενος εἶναι τοῦ μὴ πλείονας (2) ἄλλων ἐπὶ θύρας
αὐτοῦ φοιτᾶν. τὸ δ' οὐκ ἦν ἄρα τοιοῦτον· ἀλλ' ὁμιλίας χάριτι καὶ
πολιτικαῖς χρείαις ἑτέρων λειπόμενος, ὥσπερ ὄργανον
πολεμικὸν ἐπ' εἰρήνης παρημελεῖτο. καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις
ἧττον ἤχθετο παρευδοκιμούμενος, σφόδρα δ' αὐτὸν ἠνία
Σύλλας, ἐκ τοῦ πρὸς ἐκεῖνον αὐξανόμενος φθόνου τῶν
δυνατῶν καὶ τὰς πρὸς (4) ἐκεῖνον διαφορὰς ἀρχὴν πολιτείας
ποιούμενος. ἐπεὶ δὲ καὶ Βόκχος ὁ Νομὰς σύμμαχος Ῥωμαίων
ἀναγεγραμμένος ἔστησεν ἐν Καπετωλίῳ Νίκας τροπαιοφόρους
καὶ παρ' αὐταῖς ἐν εἰκόσι χρυσαῖς Ἰουγούρθαν ἐγχειριζόμενον
ὑπ' αὐτοῦ Σύλλᾳ, τοῦτ' ἐξέστησεν ὀργῇ καὶ φιλονικίᾳ Μάριον,
ὡς Σύλλα περισπῶντος εἰς ἑαυτὸν τὰ ἔργα, καὶ παρεσκευάζετο
βίᾳ τὰ ἀναθήματα καταβάλλειν. (5) ἀντεφιλονίκει δὲ Σύλλας,
καὶ τὴν στάσιν ὅσον οὔπω φερομένην εἰς μέσον ἐπέσχεν ὁ
συμμαχικὸς πόλεμος, (6) ἐξαίφνης ἐπὶ τὴν πόλιν ἀναρραγείς.
τὰ γὰρ μαχιμώτατα τῶν Ἰταλικῶν ἐθνῶν καὶ
πολυανθρωπότατα κατὰ τῆς Ῥώμης συνέστησαν καὶ μικρὸν
ἐδέησαν συγχέαι τὴν ἡγεμονίαν, οὐ μόνον ὅπλοις ἐρρωμένα
καὶ σώμασιν, ἀλλὰ καὶ τόλμαις στρατηγῶν καὶ δεινότησι
χρησάμενα θαυμασταῖς καὶ ἀντιπάλοις.
| [32] Marius, de retour à Rome, fit bâtir une maison près de la place publique,
soit, comme il le disait, afin d'épargner à ceux qui venaient lui faire leur
cour la peine d'aller si loin, soit qu'il regardât l'éloignement de son ancienne
demeure comme l'obstacle qui empêchait un grand nombre de gens de se présenter
à sa porte. Mais ce n'était point là ce qui éloignait d'aller chez lui : la véritable
cause, c'est que, peu propre aux affaires civiles, manquant de cette douceur et de
cette affabilité qui caractérisaient les autres personnages de son rang, on le négligeait
pendant la paix, comme un instrument qui n'était bon que pour la guerre. XXXIV. Il
n'était pas fort affecté de voir sa réputation éclipsée par celle de beaucoup d'autres;
mais il ne pouvait supporter que l'envie des nobles contre lui fût la cause de
l'élévation de Sylla, et que son rival ne dût son pouvoir dans le gouvernement
qu'aux dissensions qu'ils avaient eues ensemble. Mais quand Bocchus, roi de
Numidie, reconnu pour allié des Romains, eut consacré dans le Capitole des
Victoires qui portaient des trophées, et auprès d'elles des images d'or qui
représentaient Jugurtha remis par Bocchus entre les mains de Sylla; Marius fut
tellement outré de colère de voir Sylla lui enlever la gloire de ses exploits et se
l'attribuer à lui seul, qu'il se disposait à employer la violence pour abattre ces
monuments. Sylla, de son côté, s'opiniâtrant à les maintenir, la sédition allait éclater
dans Rome, lorsqu'elle fut tout à coup réprimée par la guerre des alliés. Les
nations les plus belliqueuses de l'Italie, celles dont la population était la plus
nombreuse, s'étant liguées contre les Romains, et réunissant à la force des armes, à la
multitude des troupes, l'audace et la capacité de leurs généraux, qui n'étaient en rien
inférieurs aux plus grands capitaines de Rome, furent sur le point de renverser
l'empire.
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