HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Oeuvres morales, De la face qui paraît sur la lune

Page 945

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[945] (945a) τε ψυχὴ τυπουμένη μὲν ὑπὸ τοῦ νοῦ τυποῦσα δὲ τὸ σῶμα καὶ περιπτύσσουσα πανταχόθεν ἐκμάττεται τὸ εἶδος· ὥστε κἂν χωρὶς ἑκατέρου γένηται, πολὺν χρόνον διατηροῦσα τὴν ὁμοιότητα καὶ τὸν τύπον εἴδωλον ὀρθῶς ὀνομάζεται. Τούτων δ´ σελήνη, καθάπερ εἴρηται, στοιχεῖόν ἐστιν. Ἀναλύονται γὰρ εἰς ταύτην, ὥσπερ εἰς τὴν γῆν τὰ σώματα τῶν νεκρῶν, ταχὺ μὲν αἱ σώφρονες, μετὰ σχολῆς ἀπράγμονα καὶ φιλόσοφον στέρξασαι βίον (ἀφεθεῖσαι γὰρ ὑπὸ τοῦ νοῦ καὶ πρὸς οὐθὲν ἔτι χρώμεναι τοῖς πάθεσιν ἀπομαραίνονται)· (945b) τῶν δὲ φιλοτίμων καὶ πρακτικῶν ἐρωτικῶν τε περὶ σώματα καὶ θυμοειδῶν αἱ μὲν οἷον ἐν ὕπνῳ ταῖς τοῦ βίου μνημοσύναις ὀνείρασι χρώμεναι διαφέρονται, καθάπερ τοῦ Ἐνδυμίωνος· εἰ δ´ αὐτὰς τὸ ἄστατον καὶ τὸ εὐπαθὲς ἐξίστησι καὶ ἀφέλκει τῆς σελήνης πρὸς ἄλλην γένεσιν, οὐκ ἐᾷ - - - ἀλλ´ ἀνακαλεῖται καὶ καταθέλγει. Μικρὸν γὰρ οὐδὲν οὐδ´ ἥσυχον οὐδ´ ὁμολογούμενον ἔργον ἐστίν, ὅταν ἄνευ νοῦ τῷ παθητικῷ σώματος ἐπιλάβωνται. Τιτυοὶ δὲ καὶ Τυφῶνες τε Δελφοὺς κατασχὼν καὶ συνταράξας τὸ χρηστήριον ὕβρει καὶ βίᾳ Πύθων ἐξ ἐκείνων (945c) ἄρα τῶν ψυχῶν ἦσαν, ἐρήμων λόγου καὶ τύφῳ πλανηθέντι τῷ παθητικῷ χρησαμένων. Χρόνῳ δὲ κἀκείνας κατεδέξατο εἰς αὑτὴν σελήνη καὶ κατεκόσμησεν, εἶτα τὸν νοῦν αὖθις ἐπισπείραντος τοῦ ἡλίου τῷ ζωτικῷ δεχομένη νέας ποιεῖ ψυχάς, δὲ γῆ τρίτον σῶμα παρέσχεν. Οὐδὲν γὰρ αὕτη δίδωσιν ἀλλ´ ἀποδίδωσιν μετὰ θάνατον ὅσα λαμβάνει πρὸς γένεσιν· ἥλιος δὲ λαμβάνει μὲν οὐδὲν ἀπολαμβάνει δὲ τὸν νοῦν διδούς, σελήνη δὲ καὶ λαμβάνει καὶ δίδωσι καὶ συντίθησι καὶ διαιρεῖ (καὶ) κατ´ ἄλλην καὶ ἄλλην δύναμιν· ὧν Εἰλείθυια μὲν συντίθησιν Ἄρτεμις δ´ διαιρεῖ καλεῖται. Καὶ τριῶν Μοιρῶν μὲν Ἄτροπος περὶ τὸν ἥλιον (945d) ἱδρυμένη τὴν ἀρχὴν ἐνδίδωσι τῆς γενέσεως, δὲ Κλωθὼ περὶ τὴν σελήνην φερομένη συνδεῖ καὶ μίγνυσιν, ἐσχάτη δὲ συνεφάπτεται περὶ γῆν Λάχεσις· πλεῖστον τύχης μέτεστι. Τὸ γὰρ ἄψυχον ἄκυρον αὐτὸ καὶ παθητὸν ὑπ´ ἄλλων, δὲ νοῦς ἀπαθὴς καὶ αὐτοκράτωρ, μικτὸν δὲ καὶ μέσον ψυχὴ καθάπερ σελήνη τῶν ἄνω καὶ κάτω σύμμιγμα καὶ μετακέρασμα ὑπὸ τοῦ θεοῦ γέγονε, τοῦτον ἄρα πρὸς ἥλιον ἔχουσα τὸν λόγον ὃν ἔχει γῆ πρὸς σελήνην. Ταῦτ´» εἶπεν Σύλλας «ἐγὼ μὲν ἤκουσα τοῦ ξένου διεξιόντος, ἐκείνῳ δ´ οἱ τοῦ Κρόνου κατευνασταὶ καὶ θεράποντες, (945e) ὡς ἔλεγεν αὐτός, ἐξήγγειλαν. Ὑμῖν δ´, Λαμπρία, χρῆσθαι τῷ λόγῳ πάρεστιν βούλεσθε[945] (945a) L'âme formée par l'entendement, et formant elle-même le corps qu'elle embrasse de tous côtés, reçoit en même temps de lui son impression et sa forme; en sorte que, même après sa séparation d'avec l'un et l'autre, elle en conserve longtemps la ressemblance et la figure ; ce qui fait qu'on l'appelle à bon droit leur image. «La lune, comme je l'ai déjà dit, est l'élément de ces âmes, puisqu'elles se résolvent dans cette planète, comme après la mort les corps se résolvent en terre. Les âmes vertueuses qui, éloignées des affaires, ont mené dans la pratique de la philosophie une vie douce et tranquille, éprouvent plus promptement cette résolution, parce que, abandonnées par l'entendement, et renonçant aux affections du corps, elles se dissipent à l'instant. (945b) Mais les âmes des ambitieux et des gens plongés dans les affaires, celles des voluptueux, esclaves de leurs sens, celles des hommes colères, conservent, comme dans le sommeil, le souvenir de ce qu'elles ont fait pendant leur vie, errent au milieu des songes, comme l'âme d'Endymion, parce que leur inconstance et leur assujettissement aux passions les entraînent hors de la lune, pour commencer une nouvelle génération, et, sans leur laisser goûter de repos, les attirent sans cesse par leur appât séducteur ; car on ne voit plus rien en elles de modéré, de paisible et de constant, lorsque, séparées de l'entendement, elles sont saisies par les passions corporelles. Ce sont des âmes de ce caractère qui donnèrent naissance aux géants Tityus, aux Typhons, et en particulier à celui de ce dernier nom, qui jadis s'empara de Delphes et détruisit avec tant de violence le sanctuaire de l'oracle ; (945c) âmes privées de raison, et qui se laissent emporter à la fougue de leurs passions insensées. Cependant, au bout d'un certain temps, la lune les reçoit dans son sein et leur donne une nouvelle forme ; le soleil, semant une seconde fois l'entendement dans ce principe de leur vie, en fait des âmes toutes nouvelles ; et la terre, pour la troisième fois, les revêt d'un corps ; car elle ne donne rien après la mort de ce qu'elle prend pour la génération, et le soleil ne reçoit rien, mais il reprend l'entendement qu'il a donné. «Pour la lune, elle donne et elle reçoit ; elle unit et elle sépare, suivant ses différentes facultés. Lorsqu'elle unit, on l'appelle Ilythie, et Diane quand elle sépare. Des trois Parques, Atropos, placée dans le soleil, (945d) donne le principe de la naissance ; Clotho, qui suit la lune dans sa révolution, joint et unit ; Lachésis, qui est la dernière, et qui réside sur la terre, seconde Clotho, et partage son pouvoir avec la Fortune. Toute substance qui n'a point d'âme ne jouit d'aucun droit, et est exposée à souffrir de tout ce qui l'environne. L'entendement, qui n'est soumis lui-même à aucun pouvoir étranger, exerce sur tout le reste un empire souverain. L'âme est un composé des deux, comme Dieu a formé la lune du mélange des substances supérieures avec les inférieures, et lui a donné avec le soleil la même proportion que la terre a avec la lune. «Voilà, nous dit Sylla en finissant, ce que j'ai entendu raconter à cet étranger. Il disait le tenir des génies qui étaient attachés à Saturne, (945e) et qui la servaient. Pour vous, Lamprias, prenez de ce récit telle idée qu'il vous plaira. »


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Dernière mise à jour : 24/01/2008