[75] διὸ δὴ τό τε τῶν μηρῶν καὶ κνημῶν καὶ (75a) τὸ περὶ τὴν τῶν ἰσχίων
φύσιν τά τε περὶ τὰ τῶν βραχιόνων ὀστᾶ καὶ τὰ τῶν πήχεων, καὶ ὅσα ἄλλα ἡμῶν
ἄναρθρα, ὅσα τε ἐντὸς ὀστᾶ δι᾽ ὀλιγότητα ψυχῆς ἐν μυελῷ κενά ἐστιν φρονήσεως,
ταῦτα πάντα συμπεπλήρωται σαρξίν· ὅσα δὲ ἔμφρονα, ἧττον –εἰ μή πού τινα αὐτὴν
καθ᾽ αὑτὴν αἰσθήσεων ἕνεκα σάρκα οὕτω συνέστησεν, οἷον τὸ τῆς γλώττης εἶδος– τὰ
δὲ πλεῖστα ἐκείνως· ἡ γὰρ ἐξ ἀνάγκης γιγνομένη καὶ (75b) συντρεφομένη φύσις
οὐδαμῇ προσδέχεται πυκνὸν ὀστοῦν καὶ σάρκα πολλὴν ἅμα τε αὐτοῖς ὀξυήκοον
αἴσθησιν. μάλιστα γὰρ ἂν αὐτὰ πάντων ἔσχεν ἡ περὶ τὴν κεφαλὴν σύστασις, εἴπερ
ἅμα συμπίπτειν ἠθελησάτην, καὶ τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος σαρκώδη ἔχον ἐφ᾽ ἑαυτῷ
καὶ νευρώδη κρατεράν τε κεφαλὴν βίον ἂν διπλοῦν καὶ πολλαπλοῦν καὶ ὑγιεινότερον
καὶ ἀλυπότερον τοῦ νῦν κατεκτήσατο. νῦν δὲ τοῖς περὶ τὴν ἡμετέραν γένεσιν
δημιουργοῖς, ἀναλογιζομένοις πότερον πολυχρονιώτερον (75c) χεῖρον ἢ
βραχυχρονιώτερον βέλτιον ἀπεργάσαιντο γένος, συνέδοξεν τοῦ πλείονος βίου,
φαυλοτέρου δέ, τὸν ἐλάττονα ἀμείνονα ὄντα παντὶ πάντως αἱρετέον· ὅθεν δὴ μανῷ
μὲν ὀστῷ, σαρξὶν δὲ καὶ νεύροις κεφαλήν, ἅτε οὐδὲ καμπὰς ἔχουσαν, οὐ
συνεστέγασαν. κατὰ πάντα οὖν ταῦτα εὐαισθητοτέρα μὲν καὶ φρονιμωτέρα, πολὺ δὲ
ἀσθενεστέρα παντὸς ἀνδρὸς προσετέθη κεφαλὴ σώματι. τὰ δὲ νεῦρα διὰ (75d) ταῦτα
καὶ οὕτως ὁ θεὸς ἐπ᾽ ἐσχάτην τὴν κεφαλὴν περιστήσας κύκλῳ περὶ τὸν τράχηλον
ἐκόλλησεν ὁμοιότητι, καὶ τὰς σιαγόνας ἄκρας αὐτοῖς συνέδησεν ὑπὸ τὴν φύσιν τοῦ
προσώπου· τὰ δ᾽ ἄλλα εἰς ἅπαντα τὰ μέλη διέσπειρε, συνάπτων ἄρθρον ἄρθρῳ. τὴν δὲ
δὴ τοῦ στόματος ἡμῶν δύναμιν ὀδοῦσιν καὶ γλώττῃ καὶ χείλεσιν ἕνεκα τῶν
ἀναγκαίων καὶ τῶν ἀρίστων διεκόσμησαν οἱ διακοσμοῦντες ᾗ νῦν (75e) διατέτακται,
τὴν μὲν εἴσοδον τῶν ἀναγκαίων μηχανώμενοι χάριν, τὴν δ᾽ ἔξοδον τῶν ἀρίστων·
ἀναγκαῖον μὲν γὰρ πᾶν ὅσον εἰσέρχεται τροφὴν διδὸν τῷ σώματι, τὸ δὲ λόγων νᾶμα
ἔξω ῥέον καὶ ὑπηρετοῦν φρονήσει κάλλιστον καὶ ἄριστον πάντων ναμάτων. τὴν δ᾽ αὖ
κεφαλὴν οὔτε μόνον ὀστεΐνην ψιλὴν δυνατὸν ἐᾶν ἦν διὰ τὴν ἐν ταῖς ὥραις ἐφ᾽
ἑκάτερον ὑπερβολήν, οὔτ᾽ αὖ συσκιασθεῖσαν κωφὴν καὶ ἀναίσθητον διὰ τὸν τῶν
σαρκῶν ὄχλον περιιδεῖν γιγνομένην·
| [75] Voilà pourquoi les cuisses et les jambes, la région des
hanches, les os du bras et de l’avant-bras et tous nos autres os qui
n’ont pas d’articulations, et aussi tous les os intérieurs qui,
renfermant peu d’âme dans leur moelle, sont vides d’intelligence,
tous ces os ont été amplement garnis de chairs ; ceux, au contraire,
qui renferment de l’intelligence, l’ont été plus parcimonieusement,
sauf lorsque Dieu a formé quelque masse de chair pour être par elle-
même un organe de sensation, par exemple l’espèce de la langue ;
mais, en général, il en est ce que nous avons dit. Car la substance qui
naît et se développe en vertu de la nécessité n’admet en aucune façon
la coexistence d’une vive sensibilité et d’os épais et de chair
abondante. Autrement, c’est la structure de la tête qui, plus que toute
autre partie, aurait réuni ces caractères, s’ils eussent consenti à se
trouver ensemble, et l’espèce humaine, couronnée d’une tête
charnue, nerveuse et forte, aurait joui d’une vie deux fois, maintes
fois même plus longue, plus saine, plus exempte de souffrances que
notre vie actuelle. Mais en fait les artistes qui nous ont fait naître, se
demandant s’ils devaient faire une race qui aurait une vie plus longue
et plus mauvaise, ou une vie plus courte et meilleure, s’accordèrent à
juger que la vie plus courte, mais meilleure, était absolument
préférable pour tout le monde à la vie plus longue, mais plus
mauvaise. C’est pour cela qu’ils couvrirent la tête d’un os mince, mais
non de chairs et de nerfs, puisqu’elle n’a pas d’articulations. Pour
toutes ces raisons la tête qui fut ajoutée au corps humain est plus
sensible et plus intelligente, mais beaucoup plus faible que le reste.
C’est pour les mêmes motifs et de la même façon que Dieu mit
certains nerfs au bas de la tête autour du cou et les y souda suivant un
procédé symétrique, et s’en servit aussi pour attacher les extrémités
des mâchoires sous la substance du visage. Quant aux autres, il les
distribua dans tous les membres pour lier chaque articulation à sa voisine.
Pour l’appareil de la bouche, ses organisateurs le disposèrent, comme
il l’est actuellement, avec des dents, une langue et des lèvres, en vue
du nécessaire et en vue du bien ; ils imaginèrent l’entrée en vue du
premier et la sortie en vue du second. Car tout ce qui entre pour
fournir sa nourriture au corps est nécessaire, et le courant de paroles
qui sort de nos lèvres pour le service de l’intelligence est le plus beau
et le meilleur de tous les courants.
Pour en revenir à la tête, il n’était pas possible de la laisser avec sa
boîte osseuse toute nue, exposée aux rigueurs alternées des saisons,
ni de la couvrir d’une masse de chairs qui l’eût rendue stupide et insensible.
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