[58] οὕτω δὴ στάσιν μὲν ἐν ὁμαλότητι, κίνησιν δὲ εἰς ἀνωμαλότητα ἀεὶ (58a) τιθῶμεν·
αἰτία δὲ ἀνισότης αὖ τῆς ἀνωμάλου φύσεως.
ἀνισότητος δὲ γένεσιν μὲν διεληλύθαμεν· πῶς δέ ποτε οὐ κατὰ γένη
διαχωρισθέντα ἕκαστα πέπαυται τῆς δι᾽ ἀλλήλων κινήσεως καὶ φορᾶς, οὐκ εἴπομεν.
ὧδε οὖν πάλιν ἐροῦμεν. ἡ τοῦ παντὸς περίοδος, ἐπειδὴ συμπεριέλαβεν τὰ γένη,
κυκλοτερὴς οὖσα καὶ πρὸς αὑτὴν πεφυκυῖα βούλεσθαι συνιέναι, σφίγγει πάντα καὶ
κενὴν χώραν οὐδεμίαν ἐᾷ λείπεσθαι. διὸ (58b) δὴ πῦρ μὲν εἰς ἅπαντα διελήλυθε
μάλιστα, ἀὴρ δὲ δεύτερον, ὡς λεπτότητι δεύτερον ἔφυ, καὶ τἆλλα ταύτῃ· τὰ γὰρ ἐκ
μεγίστων μερῶν γεγονότα μεγίστην κενότητα ἐν τῇ συστάσει παραλέλοιπεν, τὰ δὲ
σμικρότατα ἐλαχίστην. ἡ δὴ τῆς πιλήσεως σύνοδος τὰ σμικρὰ εἰς τὰ τῶν μεγάλων
διάκενα συνωθεῖ. σμικρῶν οὖν παρὰ μεγάλα τιθεμένων καὶ τῶν ἐλαττόνων τὰ
μείζονα διακρινόντων, τῶν δὲ μειζόνων ἐκεῖνα συγκρινόντων, πάντ᾽ ἄνω κάτω
μεταφέρεται πρὸς τοὺς ἑαυτῶν τόπους· (58c) μεταβάλλον γὰρ τὸ μέγεθος ἕκαστον καὶ
τὴν τόπων μεταβάλλει στάσιν. οὕτω δὴ διὰ ταῦτά τε ἡ τῆς ἀνωμαλότητος
διασῳζομένη γένεσις ἀεὶ τὴν ἀεὶ κίνησιν τούτων οὖσαν ἐσομένην τε ἐνδελεχῶς παρέχεται.
Μετὰ δὴ ταῦτα δεῖ νοεῖν ὅτι πυρός τε γένη πολλὰ γέγονεν, οἷον φλὸξ τό τε ἀπὸ τῆς
φλογὸς ἀπιόν, ὃ κάει μὲν οὔ, φῶς δὲ τοῖς ὄμμασιν παρέχει, τό τε φλογὸς
ἀποσβεσθείσης ἐν (58d) τοῖς διαπύροις καταλειπόμενον αὐτοῦ· κατὰ ταὐτὰ δὲ ἀέρος,
τὸ μὲν εὐαγέστατον ἐπίκλην αἰθὴρ καλούμενος, ὁ δὲ θολερώτατος ὁμίχλη τε καὶ
σκότος, ἕτερά τε ἀνώνυμα εἴδη, γεγονότα διὰ τὴν τῶν τριγώνων ἀνισότητα. τὰ δὲ
ὕδατος διχῇ μὲν πρῶτον, τὸ μὲν ὑγρόν, τὸ δὲ χυτὸν γένος αὐτοῦ. τὸ μὲν οὖν ὑγρὸν διὰ
τὸ μετέχον εἶναι τῶν γενῶν τῶν ὕδατος ὅσα σμικρά, ἀνίσων ὄντων, κινητικὸν αὐτό τε
καθ᾽ αὑτὸ καὶ ὑπ᾽ ἄλλου διὰ τὴν ἀνωμαλότητα καὶ τὴν τοῦ σχήματος ἰδέαν γέγονεν·
τὸ (58e) δὲ ἐκ μεγάλων καὶ ὁμαλῶν στασιμώτερον μὲν ἐκείνου καὶ βαρὺ πεπηγὸς ὑπὸ
ὁμαλότητός ἐστιν, ὑπὸ δὲ πυρὸς εἰσιόντος καὶ διαλύοντος αὐτὸ τὴν ὁμαλότητα
ἀποβάλλει, ταύτην δὲ ἀπολέσαν μετίσχει μᾶλλον κινήσεως, γενόμενον δὲ εὐκίνητον,
ὑπὸ τοῦ πλησίον ἀέρος ὠθούμενον καὶ κατατεινόμενον ἐπὶ γῆν, τήκεσθαι μὲν τὴν τῶν
ὄγκων καθαίρεσιν, ῥοὴν δὲ τὴν κατάτασιν ἐπὶ γῆν ἐπωνυμίαν ἑκατέρου τοῦ πάθους ἔλαβεν.
| [58] Plaçons donc toujours le repos dans ce qui est homogène et le
mouvement dans ce qui est hétérogène. Et la cause de la nature
hétérogène est l’inégalité. Nous avons déjà indiqué l’origine de
l’inégalité ; mais nous n’avons pas expliqué comment il se fait que les
éléments, qui ont été séparés suivant leurs espèces, ne cessent pas de
se mouvoir et de se traverser les uns les autres. Nous allons reprendre
notre explication comme il suit. Le circuit de l’univers comprenant en
lui les diverses espèces est circulaire et tend naturellement à revenir
sur lui-même ; aussi comprime-t-il tous les corps et il ne permet pas
qu’il reste aucun espace vide. De là vient que le feu principalement
s’est infiltré dans tous les corps, et, en second lieu, l’air, parce qu’il
occupe naturellement le second rang pour la ténuité, et de même
pour les autres éléments. Car les corps composés des particules les
plus grandes laissent le plus grand vide dans leur arrangement, et les
plus petits le plus petit. Or la compression qui resserre les corps
pousse les petits dans les intervalles des grands. Alors les petits se
trouvant à côté des grands, et les plus petits divisant les plus grands
et les plus grands forçant les plus petits à se combiner, tous se
déplacent, soit en haut, soit en bas, pour gagner la place qui leur
convient ; car, en changeant de dimension, chacun change aussi de
position dans l’espace. C’est ainsi et par ces moyens que se maintient
la perpétuelle naissance de la diversité qui cause maintenant et
causera toujours le mouvement incessant de ces corps.
Il faut ensuite observer qu’il y a plusieurs espèces de feu, par exemple
la flamme, puis ce qui s’échappe de la flamme, et, sans brûler,
procure la lumière aux yeux, et ce qui reste du feu dans les corps en
ignition, lorsque la flamme s’est éteinte. De même dans l’air il y a
l’espèce la plus translucide, qu’on appelle éther, et la plus trouble qu’on
appelle brouillard et obscurité, et d’autres qui n’ont pas de nom et qui
résultent de l’inégalité des triangles. Pour l’eau, il y a d’abord deux
espèces, la liquide et la fusible. La première, formée des éléments de
l’eau qui sont petits et inégaux, se meut par elle-même et sous une
impulsion étrangère, à cause de son manque d’uniformité et de la
nature de sa forme. L’autre espèce, composée d’éléments plus grands
et uniformes, est plus stable que la première et elle est pesante et
compacte du fait de son homogénéité. Mais quand le feu la pénètre et
la dissout, elle perd son uniformité, et quand elle l’a perdue, elle
participe davantage au mouvement, et devenue facile à mouvoir, elle
se répand sur la terre sous la poussée de l’air adjacent, et chacune de
ses modifications a reçu un nom, celui de fonte quand ses masses se
dissolvent, et celui de courant quand elles s’étendent sur le sol.
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