[57] ὡς ὅταν ἐν πυρὶ λαμβανόμενον τῶν (57a) ἄλλων ὑπ᾽ αὐτοῦ τι γένος τῇ τῶν γωνιῶν
καὶ κατὰ τὰς πλευρὰς ὀξύτητι τέμνηται, συστὰν μὲν εἰς τὴν ἐκείνου φύσιν πέπαυται
τεμνόμενον – τὸ γὰρ ὅμοιον καὶ ταὐτὸν αὑτῷ γένος ἕκαστον οὔτε τινὰ μεταβολὴν ἐμποιῆσαι
δυνατὸν οὔτε τι παθεῖν ὑπὸ τοῦ κατὰ ταὐτὰ ὁμοίως τε ἔχοντος– ἕως δ᾽ ἂν εἰς ἄλλο τι
γιγνόμενον ἧττον ὂν κρείττονι μάχηται, λυόμενον οὐ παύεται. τά τε αὖ σμικρότερα
ὅταν ἐν τοῖς μείζοσιν πολλοῖς περιλαμβανόμενα (57b) ὀλίγα διαθραυόμενα
κατασβεννύηται, συνίστασθαι μὲν ἐθέλοντα εἰς τὴν τοῦ κρατοῦντος ἰδέαν πέπαυται
κατασβεννύμενα γίγνεταί τε ἐκ πυρὸς ἀήρ, ἐξ ἀέρος ὕδωρ· ἐὰν δ᾽ εἰς ταὐτὰ ἴῃ καὶ τῶν
ἄλλων τι συνιὸν γενῶν μάχηται, λυόμενα οὐ παύεται, πρὶν ἢ παντάπασιν ὠθούμενα
καὶ διαλυθέντα ἐκφύγῃ πρὸς τὸ συγγενές, ἢ νικηθέντα, ἓν ἐκ πολλῶν ὅμοιον τῷ
κρατήσαντι γενόμενον, αὐτοῦ σύνοικον μείνῃ. καὶ (57c) δὴ καὶ κατὰ ταῦτα τὰ
παθήματα διαμείβεται τὰς χώρας ἅπαντα· διέστηκεν μὲν γὰρ τοῦ γένους ἑκάστου τὰ
πλήθη κατὰ τόπον ἴδιον διὰ τὴν τῆς δεχομένης κίνησιν, τὰ δὲ ἀνομοιούμενα ἑκάστοτε
ἑαυτοῖς, ἄλλοις δὲ ὁμοιούμενα, φέρεται διὰ τὸν σεισμὸν πρὸς τὸν ἐκείνων οἷς ἂν
ὁμοιωθῇ τόπον.
Ὅσα μὲν οὖν ἄκρατα καὶ πρῶτα σώματα διὰ τοιούτων αἰτιῶν γέγονεν· τὸ δ᾽ ἐν τοῖς
εἴδεσιν αὐτῶν ἕτερα ἐμπεφυκέναι γένη τὴν ἑκατέρου τῶν στοιχείων αἰτιατέον
σύστασιν, (57d) μὴ μόνον ἓν ἑκατέραν μέγεθος ἔχον τὸ τρίγωνον φυτεῦσαι κατ᾽
ἀρχάς, ἀλλ᾽ ἐλάττω τε καὶ μείζω, τὸν ἀριθμὸν δὲ ἔχοντα τοσοῦτον ὅσαπερ ἂν ᾖ τἀν
τοῖς εἴδεσι γένη. διὸ δὴ συμμειγνύμενα αὐτά τε πρὸς αὑτὰ καὶ πρὸς ἄλληλα τὴν
ποικιλίαν ἐστὶν ἄπειρα· ἧς δὴ δεῖ θεωροὺς γίγνεσθαι τοὺς μέλλοντας περὶ φύσεως
εἰκότι λόγῳ χρήσεσθαι.
Κινήσεως οὖν στάσεώς τε πέρι, τίνα τρόπον καὶ μεθ᾽ ὧντινων γίγνεσθον, εἰ μή τις
διομολογήσεται, πόλλ᾽ ἂν εἴη (57e) ἐμποδὼν τῷ κατόπισθεν λογισμῷ. τὰ μὲν οὖν ἤδη
περὶ αὐτῶν εἴρηται, πρὸς δ᾽ ἐκείνοις ἔτι τάδε, ἐν μὲν ὁμαλότητι μηδέποτε ἐθέλειν
κίνησιν ἐνεῖναι. τὸ γὰρ κινησόμενον ἄνευ τοῦ κινήσοντος ἢ τὸ κινῆσον ἄνευ τοῦ
κινησομένου χαλεπόν, μᾶλλον δὲ ἀδύνατον, εἶναι· κίνησις δὲ οὐκ ἔστιν τούτων
ἀπόντων, ταῦτα δὲ ὁμαλὰ εἶναί ποτε ἀδύνατον.
| [57] Quand la terre rencontre le feu et qu’elle est divisée par ses pointes
aiguës, soit qu’elle se dissolve dans le feu lui-même ou qu’elle se
trouve dans une masse d’air ou d’eau, elle est emportée çà et là,
jusqu’à ce que ses parties, se rencontrant quelque part, se réunissent
de nouveau et redeviennent terre ; car elles ne peuvent jamais se
transformer en une autre espèce. Au contraire, l’eau, divisée par le feu
ou même par l’air, peut en se recomposant, devenir un corpuscule de
feu et deux d’air. Quant à l’air, les fragments qui viennent de la
dissolution d’une seule de ses parties peuvent devenir deux
corpuscules de feu. Inversement, quand une petite quantité de feu
enveloppée dans une masse d’air, d’eau ou de terre et emportée dans
le mouvement de cette masse, est vaincue dans la lutte et réduite en
morceaux, deux corpuscules de feu se combinent en une seule forme
d’air ; et quand l’air est vaincu et brisé en menus morceaux, deux
corpuscules entiers d’air, plus un demi, se condensent en un seul
corpuscule complet d’eau.
Considérons encore les faits d’une autre manière. Quand une des
autres espèces, prise dans du feu, est coupée par le tranchant de ses
angles et de ses arêtes, si elle a, en se recomposant, pris la nature du
feu, elle cesse d’être coupée ; car aucune espèce homogène et
identique à elle-même ne peut causer aucun changement dans ce qui
est comme elle identique et homogène, ni subir de sa part aucune
altération. Au contraire, aussi longtemps qu’en passant dans une
autre espèce, elle lutte contre plus fort qu’elle, elle ne cesse de se
dissoudre. D’un autre côté, quand un petit nombre de corpuscules
plus petits, enveloppés dans un grand nombre de corpuscules plus
gros, sont mis en pièces et éteints, s’ils consentent à se réunir sous la
forme du vainqueur, ils cessent de s’éteindre et le feu devient de l’air,
et l’air, de l’eau. Mais si, les petits corpuscules se rendant vers ces
éléments, une des autres espèces les rencontre et entre en lutte avec
eux, ils ne cessent pas de se diviser jusqu’à ce que, entièrement
dissous par la poussée qu’ils subissent, ils se réfugient vers un corps
de même nature qu’eux, ou que, vaincus, beaucoup se réunissent en
un seul corps semblable à leur vainqueur, et demeurent avec lui. Un
autre effet de ces modifications, c’est que toutes choses changent de
place ; car, tandis que les grosses masses de chaque espèce ont
chacune leur place séparée par l’effet du mouvement du réceptacle,
les corps qui deviennent dissemblables à eux-mêmes pour ressembler
à d’autres sont toujours portés par la secousse qu’ils en reçoivent vers
le lieu occupé par ceux dont ils ont pris la ressemblance.
Telles sont les causes qui ont donné naissance aux corps simples et
primitifs. Quant aux autres espèces qui se sont formées dans chaque
genre, il en faut chercher la cause dans la construction de chacun des
deux éléments. Les deux triangles construits au début ne furent pas d’une
grandeur unique : il y en eut de grands et de petits, en aussi grand nombre
qu’il y a d’espèces dans chaque genre.
C’est pourquoi, lorsque ces triangles se mêlent entre
eux et les uns avec les autres, il en résulte une variété infinie, qu’il
faut étudier si l’on veut discourir de la nature avec vraisemblance.
En ce qui regarde le mouvement et le repos, de quelle manière et
dans quelles conditions se produisent-ils ? Si l’on ne s’entend pas là-
dessus, bien des difficultés se mettront en travers du raisonnement
qui va suivre. Nous avons déjà touché ce sujet ; il faut encore en dire
ceci : c’est que le mouvement ne consentira jamais à se trouver dans
ce qui est homogène. Car il est difficile ou, pour mieux dire,
impossible qu’il y ait une chose mue sans moteur ou un moteur sans
une chose mue. Il n’y a pas de mouvement quand ces deux choses
manquent, et il est impossible qu’elles soient jamais homogènes.
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