[41] τούτων δὲ Φόρκυς Κρόνος τε καὶ ῾Ρέα καὶ ὅσοι μετὰ (41a) τούτων, ἐκ δὲ Κρόνου καὶ
῾Ρέας Ζεὺς Ἥρα τε καὶ πάντες ὅσους ἴσμεν ἀδελφοὺς λεγομένους αὐτῶν, ἔτι τε τούτων
ἄλλους ἐκγόνους· ἐπεὶ δ᾽ οὖν πάντες ὅσοι τε περιπολοῦσιν φανερῶς καὶ ὅσοι φαίνονται
καθ᾽ ὅσον ἂν ἐθέλωσιν θεοὶ γένεσιν ἔσχον, λέγει πρὸς αὐτοὺς ὁ τόδε τὸ πᾶν γεννήσας τάδε—
“Θεοὶ θεῶν, ὧν ἐγὼ δημιουργὸς πατήρ τε ἔργων, δι᾽ ἐμοῦ γενόμενα ἄλυτα ἐμοῦ γε μὴ
ἐθέλοντος. τὸ μὲν οὖν δὴ (41b) δεθὲν πᾶν λυτόν, τό γε μὴν καλῶς ἁρμοσθὲν καὶ ἔχον
εὖ λύειν ἐθέλειν κακοῦ· δι᾽ ἃ καὶ ἐπείπερ γεγένησθε, ἀθάνατοι μὲν οὐκ ἐστὲ οὐδ᾽
ἄλυτοι τὸ πάμπαν, οὔτι μὲν δὴ λυθήσεσθέ γε οὐδὲ τεύξεσθε θανάτου μοίρας, τῆς ἐμῆς
βουλήσεως μείζονος ἔτι δεσμοῦ καὶ κυριωτέρου λαχόντες ἐκείνων οἷς ὅτ᾽ ἐγίγνεσθε
συνεδεῖσθε. νῦν οὖν ὃ λέγω πρὸς ὑμᾶς ἐνδεικνύμενος, μάθετε. θνητὰ ἔτι γένη λοιπὰ
τρία ἀγέννητα· τούτων δὲ μὴ γενομένων οὐρανὸς ἀτελὴς ἔσται· τὰ γὰρ ἅπαντ᾽ ἐν (41c)
αὑτῷ γένη ζῴων οὐχ ἕξει, δεῖ δέ, εἰ μέλλει τέλεος ἱκανῶς εἶναι. δι᾽ ἐμοῦ δὲ ταῦτα
γενόμενα καὶ βίου μετασχόντα θεοῖς ἰσάζοιτ᾽ ἄν· ἵνα οὖν θνητά τε ᾖ τό τε πᾶν τόδε
ὄντως ἅπαν ᾖ, τρέπεσθε κατὰ φύσιν ὑμεῖς ἐπὶ τὴν τῶν ζῴων δημιουργίαν, μιμούμενοι
τὴν ἐμὴν δύναμιν περὶ τὴν ὑμετέραν γένεσιν. καὶ καθ᾽ ὅσον μὲν αὐτῶν ἀθανάτοις
ὁμώνυμον εἶναι προσήκει, θεῖον λεγόμενον ἡγεμονοῦν τε ἐν αὐτοῖς τῶν ἀεὶ δίκῃ καὶ
ὑμῖν ἐθελόντων ἕπεσθαι, σπείρας καὶ ὑπαρξάμενος (41d) ἐγὼ παραδώσω· τὸ δὲ
λοιπὸν ὑμεῖς, ἀθανάτῳ θνητὸν προσυφαίνοντες, ἀπεργάζεσθε ζῷα καὶ γεννᾶτε
τροφήν τε διδόντες αὐξάνετε καὶ φθίνοντα πάλιν δέχεσθε”.
Ταῦτ᾽ εἶπε, καὶ πάλιν ἐπὶ τὸν πρότερον κρατῆρα, ἐν ᾧ τὴν τοῦ παντὸς ψυχὴν κεραννὺς
ἔμισγεν, τὰ τῶν πρόσθεν ὑπόλοιπα κατεχεῖτο μίσγων τρόπον μέν τινα τὸν αὐτόν,
ἀκήρατα δὲ οὐκέτι κατὰ ταὐτὰ ὡσαύτως, ἀλλὰ δεύτερα καὶ τρίτα. συστήσας δὲ τὸ πᾶν
διεῖλεν ψυχὰς ἰσαρίθμους τοῖς ἄστροις, (41e) ἔνειμέν θ᾽ ἑκάστην πρὸς ἕκαστον, καὶ
ἐμβιβάσας ὡς ἐς ὄχημα τὴν τοῦ παντὸς φύσιν ἔδειξεν, νόμους τε τοὺς εἱμαρμένους
εἶπεν αὐταῖς, ὅτι γένεσις πρώτη μὲν ἔσοιτο τεταγμένη μία πᾶσιν, ἵνα μήτις ἐλαττοῖτο ὑπ᾽ αὐτοῦ,
| [41] de ceux-ci Phorkys, Cronos, Rhéa et tous ceux qui vont avec eux ;
de Cronos et de Rhéa, Zeus, Héra et tous leurs frères et soeurs dont nous
savons les noms, et de ceux-ci encore d’autres rejetons.
Or, lorsque tous ces dieux, ceux qui circulent sous
nos yeux et ceux qui ne se montrent que quand ils le veulent bien,
eurent reçu l’existence, l’auteur de cet univers leur tint ce discours :
« Dieux de dieux, les ouvrages dont je suis le créateur et le père, parce
qu’ils ont été engendrés par moi, sont indissolubles sans mon
consentement. Il est vrai que ce qui a été lié peut toujours être délié ;
mais il n’y a qu’un méchant qui puisse consentir à dissoudre ce qui a
été bien ajusté et qui est en bon état. Par conséquent, puisque vous
avez été engendrés, vous n’êtes pas immortels et vous n’êtes pas
absolument indissolubles. Néanmoins vous ne serez pas dissous et
vous n’aurez point part à la mort, parce que ma volonté est pour vous
un lien plus fort et plus puissant que ceux dont vous avez été liés au
moment de votre naissance. Maintenant, écoutez ce que j’ai à vous
dire et à vous montrer. Il reste encore à naître trois races mortelles. Si
elles ne naissent pas, le ciel sera inachevé, car il ne contiendra pas en
lui toutes les espèces d’animaux, et il faut qu’il les contienne pour
être suffisamment parfait. Si je leur donnais moi-même la naissance
et la vie, elles seraient égales aux dieux. Afin donc qu’elles soient
mortelles et que cet univers soit réellement complet, appliquez-vous,
selon votre nature, à former ces animaux, en imitant l’action de ma
puissance lors de votre naissance. Et comme il convient qu’il y ait en
eux quelque chose qui porte le même nom que les immortels, quelque
chose qu’on appelle divin et qui commande à ceux ‘entre eux qui sont
disposés à suivre toujours la justice et vous-mêmes, je vous en
donnerai moi-même la semence et le principe. Pour le reste, c’est à
vous de fabriquer, en tissant ensemble le mortel et l’immortel, des
animaux auxquels vous donnerez la naissance, que vous ferez croître
en leur donnant de la nourriture et que vous recevrez de nouveau,
quand ils mourront. »
Il dit, et, reprenant le cratère où il avait d’abord mélangé et fondu
l’âme de l’univers, il y versa ce qui restait des mêmes éléments
et les mêla à peu près de la même manière, mais ils
n’étaient plus aussi purs : ils l’étaient même deux ou trois fois moins.
Quand il eut composé le tout, il le partagea en autant d’âmes qu’il y a
d’astres, il assigna chacune d’elles à un astre, les y plaça comme dans
un char, leur montra la nature de l’univers et leur fit connaître les lois
de la destinée : tous devaient être traités de même à leur première
incarnation, afin que nul ne fût désavantagé par lui ;
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