[150] (150a) (ΣΩ.) Οὐ γάρ. ἀλλὰ διὰ τὴν ἄδικόν τε καὶ ἄτεχνον
συναγωγὴν ἀνδρὸς καὶ γυναικός, ᾗ δὴ προαγωγία ὄνομα,
φεύγουσι καὶ τὴν προμνηστικὴν ἅτε σεμναὶ οὖσαι αἱ μαῖαι,
φοβούμεναι μὴ εἰς ἐκείνην τὴν αἰτίαν διὰ ταύτην ἐμπέσωσιν·
ἐπεὶ ταῖς γε ὄντως μαίαις μόναις που προσήκει καὶ προμνήσασθαι
ὀρθῶς.
(ΘΕΑΙ.) Φαίνεται.
(ΣΩ.) Τὸ μὲν τοίνυν τῶν μαιῶν τοσοῦτον, ἔλαττον δὲ
τοῦ ἐμοῦ δράματος. οὐ γὰρ πρόσεστι γυναιξὶν ἐνίοτε μὲν
(150b) εἴδωλα τίκτειν, ἔστι δ´ ὅτε ἀληθινά, τοῦτο δὲ μὴ ῥᾴδιον
εἶναι διαγνῶναι. εἰ γὰρ προσῆν, μέγιστόν τε καὶ κάλλιστον
ἔργον ἦν ἂν ταῖς μαίαις τὸ κρίνειν τὸ ἀληθές τε καὶ μή· ἢ οὐκ οἴει;
(ΘΕΑΙ.) Ἔγωγε.
(ΣΩ.) Τῇ δέ γ´ ἐμῇ τέχνῃ τῆς μαιεύσεως τὰ μὲν ἄλλα
ὑπάρχει ὅσα ἐκείναις, διαφέρει δὲ τῷ τε ἄνδρας ἀλλὰ μὴ
γυναῖκας μαιεύεσθαι καὶ τῷ τὰς ψυχὰς αὐτῶν τικτούσας
ἐπισκοπεῖν ἀλλὰ μὴ τὰ σώματα. μέγιστον δὲ τοῦτ´ ἔνι
(150c) τῇ ἡμετέρᾳ τέχνῃ, βασανίζειν δυνατὸν εἶναι παντὶ τρόπῳ
πότερον εἴδωλον καὶ ψεῦδος ἀποτίκτει τοῦ νέου ἡ διάνοια
ἢ γόνιμόν τε καὶ ἀληθές. ἐπεὶ τόδε γε καὶ ἐμοὶ ὑπάρχει
ὅπερ ταῖς μαίαις· ἄγονός εἰμι σοφίας, καὶ ὅπερ ἤδη πολλοί
μοι ὠνείδισαν, ὡς τοὺς μὲν ἄλλους ἐρωτῶ, αὐτὸς δὲ οὐδὲν
ἀποφαίνομαι περὶ οὐδενὸς διὰ τὸ μηδὲν ἔχειν σοφόν, ἀληθὲς
ὀνειδίζουσιν. τὸ δὲ αἴτιον τούτου τόδε· μαιεύεσθαί με ὁ
θεὸς ἀναγκάζει, γεννᾶν δὲ ἀπεκώλυσεν. εἰμὶ δὴ οὖν αὐτὸς
(150d) μὲν οὐ πάνυ τι σοφός, οὐδέ τί μοι ἔστιν εὕρημα τοιοῦτον
γεγονὸς τῆς ἐμῆς ψυχῆς ἔκγονον· οἱ δ´ ἐμοὶ συγγιγνόμενοι
τὸ μὲν πρῶτον φαίνονται ἔνιοι μὲν καὶ πάνυ ἀμαθεῖς, πάντες
δὲ προϊούσης τῆς συνουσίας, οἷσπερ ἂν ὁ θεὸς παρείκῃ,
θαυμαστὸν ὅσον ἐπιδιδόντες, ὡς αὑτοῖς τε καὶ τοῖς ἄλλοις
δοκοῦσι· καὶ τοῦτο ἐναργὲς ὅτι παρ´ ἐμοῦ οὐδὲν πώποτε
μαθόντες, ἀλλ´ αὐτοὶ παρ´ αὑτῶν πολλὰ καὶ καλὰ εὑρόντες
τε καὶ τεκόντες. τῆς μέντοι μαιείας ὁ θεός τε καὶ ἐγὼ
(150e) αἴτιος. ὧδε δὲ δῆλον· πολλοὶ ἤδη τοῦτο ἀγνοήσαντες καὶ
ἑαυτοὺς αἰτιασάμενοι, ἐμοῦ δὲ καταφρονήσαντες, ἢ αὐτοὶ ἢ
ὑπ´ ἄλλων πεισθέντες ἀπῆλθον πρῳαίτερον τοῦ δέοντος,
ἀπελθόντες δὲ τά τε λοιπὰ ἐξήμβλωσαν διὰ πονηρὰν
συνουσίαν καὶ τὰ ὑπ´ ἐμοῦ μαιευθέντα κακῶς τρέφοντες
ἀπώλεσαν, ψευδῆ καὶ εἴδωλα περὶ πλείονος ποιησάμενοι
τοῦ ἀληθοῦς,
| [150] (SOCRATE)
Non, en effet. Mais parce qu’il y a une façon malhonnête et sans art d’accoupler
l’homme et la femme, laquelle s’appelle prostitution, les sages-femmes, qui sont
des personnes respectables, évitent de s’entremettre pour les mariages ; elles
craignent d’encourir le blâme qui s’attache à la prostitution. Pourtant, c’est
bien aux véritables accoucheuses et à elles seules qu’il appartient de bien
assortir les mariages.
(THÉÉTÈTE)
Il le semble.
(SOCRATE)
Tel est donc l’office des sages-femmes : il est inférieur au mien. Il n’arrive
pas en effet aux femmes d’enfanter, tantôt des chimères et tantôt des êtres
véritables, ce qui n’est pas aisé à reconnaître. Si cela leur arrivait, le plus
grand et le plus beau travail des sages-femmes serait de distinguer le vrai du
faux. Ne le crois-tu pas ?
(THÉÉTÈTE)
Si.
(SOCRATE)
VII. — Mon art d’accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent
les sages-femmes ; mais il diffère du leur en ce qu’il délivre des hommes et non
des femmes et qu’il surveille leurs âmes en travail et non leurs corps. Mais le
principal avantage de mon art, c’est qu’il rend capable de discerner à coup sûr
si l’esprit du jeune homme enfante une chimère et une fausseté, ou un fruit réel
et vrai. J’ai d’ailleurs cela de commun avec les sages-femmes que je suis
stérile en matière de sagesse, et le reproche qu’on m’a fait souvent
d’interroger les autres sans jamais me déclarer sur aucune chose, parce que je
n’ai en moi aucune sagesse, est un reproche qui ne manque pas de vérité. Et la
raison, la voici ; c’est que le dieu me contraint d’accoucher les autres, mais
ne m’a pas permis d’engendrer. Je ne suis donc pas du tout sage moi-même et je
ne puis présenter aucune trouvaille de sagesse à laquelle mon âme ait donné le
jour. Mais ceux qui s’attachent à moi, bien que certains d’entre eux paraissent
au début complètement ignorants, font tous, au cours de leur commerce avec moi,
si le dieu le leur permet, des progrès merveilleux non seulement à leur
jugement, mais à celui des autres. Et il est clair comme le jour qu’ils n’ont
jamais rien appris de moi, et qu’ils ont eux-mêmes trouvé en eux et enfanté
beaucoup de belles choses. Mais s’ils en ont accouché, c’est grâce au dieu et à moi.
Et voici qui le prouve. Plusieurs déjà, méconnaissant mon assistance et
s’attribuant à eux-mêmes leurs progrès sans tenir aucun compte de moi, m’ont,
soit d’eux-mêmes, soit à l’instigation d’autrui, quitté plus tôt qu’il ne
fallait. Loin de moi, sous l’influence de mauvais maîtres, ils ont avorté de
tous les germes qu’ils portaient, et ceux dont je les avais accouchés, ils les
ont mal nourris et les ont laissés périr, parce qu’ils faisaient plus de cas de
mensonges et de vaines apparences que de la vérité,
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