[439] (439a) Τὸ δὲ δὴ δίψος, ἦν δ’ ἐγώ, οὐ τούτων θήσεις τῶν τινὸς εἶναι
τοῦτο ὅπερ ἐστίν; ἔστι δὲ δήπου δίψος—
῎Εγωγε, ἦ δ’ ὅς· πώματός γε.
Οὐκοῦν ποιοῦ μέν τινος πώματος ποιόν τι καὶ δίψος, δίψος δ’ οὖν
αὐτὸ οὔτε πολλοῦ οὔτε ὀλίγου, οὔτε ἀγαθοῦ οὔτε κακοῦ, οὐδ’ ἑνὶ λόγῳ
ποιοῦ τινος, ἀλλ’ αὐτοῦ πώματος μόνον αὐτὸ δίψος πέφυκεν;
Παντάπασι μὲν οὖν.
Τοῦ διψῶντος ἄρα ἡ ψυχή, καθ’ ὅσον διψῇ, οὐκ ἄλλο (439b) τι βούλεται ἢ
πιεῖν, καὶ τούτου ὀρέγεται καὶ ἐπὶ τοῦτο ὁρμᾷ.
Δῆλον δή.
Οὐκοῦν εἴ ποτέ τι αὐτὴν ἀνθέλκει διψῶσαν, ἕτερον ἄν τι ἐν αὐτῇ εἴη
αὐτοῦ τοῦ διψῶντος καὶ ἄγοντος ὥσπερ θηρίον ἐπὶ τὸ πιεῖν; οὐ γὰρ δή,
φαμέν, τό γε αὐτὸ τῷ αὐτῷ ἑαυτοῦ περὶ τὸ αὐτὸ ἅμ’ ἂ<ν> τἀναντία πράττοι.
Οὐ γὰρ οὖν.
῞Ωσπερ γε οἶμαι τοῦ τοξότου οὐ καλῶς ἔχει λέγειν ὅτι αὐτοῦ ἅμα αἱ
χεῖρες τὸ τόξον ἀπωθοῦνταί τε καὶ προσέλκονται, ἀλλ’ ὅτι ἄλλη μὲν ἡ
ἀπωθοῦσα χείρ, ἑτέρα δὲ ἡ προσαγομένη.
(439c) Παντάπασι μὲν οὖν, ἔφη.
Πότερον δὴ φῶμέν τινας ἔστιν ὅτε διψῶντας οὐκ ἐθέλειν πιεῖν;
Καὶ μάλα γ’, ἔφη, πολλοὺς καὶ πολλάκις.
Τί οὖν, ἔφην ἐγώ, φαίη τις ἂν τούτων πέρι; οὐκ ἐνεῖναι μὲν ἐν τῇ ψυχῇ
αὐτῶν τὸ κελεῦον, ἐνεῖναι δὲ τὸ κωλῦον πιεῖν, ἄλλο ὂν καὶ κρατοῦν τοῦ
κελεύοντος;
῎Εμοιγε, ἔφη, δοκεῖ.
῏Αρ’ οὖν οὐ τὸ μὲν κωλῦον τὰ τοιαῦτα ἐγγίγνεται, ὅταν (439d)
ἐγγένηται, ἐκ λογισμοῦ, τὰ δὲ ἄγοντα καὶ ἕλκοντα διὰ παθημάτων τε καὶ
νοσημάτων παραγίγνεται;
Φαίνεται.
Οὐ δὴ ἀλόγως, ἦν δ’ ἐγώ, ἀξιώσομεν αὐτὰ διττά τε καὶ ἕτερα
ἀλλήλων εἶναι, τὸ μὲν ᾧ λογίζεται λογιστικὸν προσαγορεύοντες τῆς
ψυχῆς, τὸ δὲ ᾧ ἐρᾷ τε καὶ πεινῇ καὶ διψῇ καὶ περὶ τὰς ἄλλας ἐπιθυμίας
ἐπτόηται ἀλόγιστόν τε καὶ ἐπιθυμητικόν, πληρώσεών τινων καὶ ἡδονῶν
ἑταῖρον.
(439e) Οὔκ, ἀλλ’ εἰκότως, ἔφη, ἡγοίμεθ’ ἂν οὕτως.
Ταῦτα μὲν τοίνυν, ἦν δ’ ἐγώ, δύο ἡμῖν ὡρίσθω εἴδη ἐν ψυχῇ ἐνόντα· τὸ
δὲ δὴ τοῦ θυμοῦ καὶ ᾧ θυμούμεθα πότερον τρίτον, ἢ τούτων ποτέρῳ ἂν εἴη ὁμοφυές;
῎Ισως, ἔφη, τῷ ἑτέρῳ, τῷ ἐπιθυμητικῷ.
᾿Αλλ’, ἦν δ’ ἐγώ, ποτὲ ἀκούσας τι† πιστεύω τούτῳ· ὡς ἄρα Λεόντιος ὁ
᾿Αγλαΐωνος ἀνιὼν ἐκ Πειραιῶς ὑπὸ τὸ βόρειον τεῖχος ἐκτός, αἰσθόμενος
νεκροὺς παρὰ τῷ δημίῳ κειμένους, ἅμα μὲν ἰδεῖν ἐπιθυμοῖ, ἅμα δὲ αὖ
δυσχεραίνοι καὶ ἀποτρέποι ἑαυτόν,
| [439] (439a) Et la soif, demandai-je, ne la rangeras-tu pas d'après sa nature dans la classe des
choses en rapport avec d'autres? La soif assurément se rapporte...
Je l'y rangerai, dit-il; elle se rapporte à la boisson.
Or, telle soif se rapporte à telle boisson; mais la soif en elle-même ne se rapporte
point à une boisson en grande ou en petite quantité, bonne ou mauvaise, bref, à une
espèce particulière de boisson. La soif en elle-même se rapporte par nature à la
boisson même.
Parfaitement.
Par suite, l'âme de celui qui a soif, en tant qu'elle a soif, ne veut pas autre chose que
boire; c'est là ce qu'elle (439b) désire, ce vers quoi elle s'élance.
Evidemment.
Si donc quand elle a soif quelque chose la tire en arrière, c'est, en elle, un élément
différent de celui qui a soif et qui l'entraîne comme une bête sauvage vers le boire;
car, avons-nous dit, le même sujet, dans la même de ses parties, et relativement au
même objet, ne peut produire à la fois des effets contraires.
Certes non.
De même, je pense, on aurait tort de dire de l'archer que ses mains repoussent et
attirent l'arc en même temps; mais on dit très bien que l'une de ses mains le repousse
et l'autre l'attire.
(439c) Assurément.
Maintenant, affirmerons-nous qu'il se trouve parfois des gens qui, ayant soif, ne
veulent pas boire?
Sans doute, répondit-il, on en trouve beaucoup et fréquemment.
Eh bien! repris-je, que dire de ces gens-là sinon qu'il y a dans leur âme un principe
qui leur commande et un autre qui leur défend de boire, celui-ci différent et maître
du premier?
Pour moi, je le pense.
Or le principe qui pose de pareilles défenses ne vient-il pas, quand il existe, de la
raison, tandis que les impulsions (439d) qui mènent l'âme et la tirent sont engendrées
par des dispositions maladives?
Il le semble.
Par conséquent, poursuivis-je, nous n'aurons pas tort d'estimer que ce sont là deux
éléments distincts entre eux, et d'appeler celui par lequel l'âme raisonne, l'élément
rationnel de cette dernière, et celui par lequel elle aime, a faim, a soif, et vole sans
cesse autour des autres désirs, son élément irrationnel et concupiscible, ami de
certaines satisfactions et de certains plaisirs.
Non, dit-il, nous n'aurons pas tort de penser ainsi. (439e) Admettons donc que nous
avons discerné ces deux éléments dans l'âme; mais le principe irascible, par quoi
nous nous indignons, constitue-t-il un troisième élément, ou est-il de même nature
que l'un des deux autres, et lequel?
Peut-être est-il de même nature que le second, le concupiscible.
Il m'est arrivé, repris-je, d'entendre une histoire à laquelle j'ajoute foi : Léontios, fils
d'Aglaïon, revenant un jour du Pirée, longeait la partie extérieure du mur
septentrional lorsqu'il aperçut des cadavres étendus près du bourreau; en même
temps qu'un vif désir de les voir, il éprouva de la répugnance et se détourna;
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