[440] καὶ τέως μὲν μάχοιτό τε καὶ (440a) παρακαλύπτοιτο, κρατούμενος δ’ οὖν
ὑπὸ τῆς ἐπιθυμίας, διελκύσας τοὺς ὀφθαλμούς, προσδραμὼν πρὸς τοὺς νεκρούς,
“᾿Ιδοὺ ὑμῖν,” ἔφη, “ὦ κακοδαίμονες, ἐμπλήσθητε τοῦ καλοῦ θεάματος.”
῎Ηκουσα, ἔφη, καὶ αὐτός.
Οὗτος μέντοι, ἔφην, ὁ λόγος σημαίνει τὴν ὀργὴν πολεμεῖν ἐνίοτε ταῖς
ἐπιθυμίαις ὡς ἄλλο ὂν ἄλλῳ.
Σημαίνει γάρ, ἔφη.
Οὐκοῦν καὶ ἄλλοθι, ἔφην, πολλαχοῦ αἰσθανόμεθα, ὅταν (440b)
βιάζωνταί τινα παρὰ τὸν λογισμὸν ἐπιθυμίαι, λοιδοροῦντά τε αὑτὸν καὶ
θυμούμενον τῷ βιαζομένῳ ἐν αὑτῷ, καὶ ὥσπερ δυοῖν στασιαζόντοιν
σύμμαχον τῷ λόγῳ γιγνόμενον τὸν θυμὸν τοῦ τοιούτου; ταῖς δ’ ἐπιθυμίαις
αὐτὸν κοινωνήσαντα, αἱροῦντος λόγου μὴ δεῖν ἀντιπράττειν, οἶμαί σε οὐκ
ἂν φάναι γενομένου ποτὲ ἐν σαυτῷ τοῦ τοιούτου αἰσθέσθαι, οἶμαι δ’ οὐδ’
ἐν ἄλλῳ.
Οὐ μὰ τὸν Δία, ἔφη.
(440c) Τί δέ, ἦν δ’ ἐγώ, ὅταν τις οἴηται ἀδικεῖν; οὐχ ὅσῳ ἂν γενναιότερος
ᾖ, τοσούτῳ ἧττον δύναται ὀργίζεσθαι καὶ πεινῶν καὶ ῥιγῶν καὶ ἄλλο
ὁτιοῦν τῶν τοιούτων πάσχων ὑπ’ ἐκείνου ὃν ἂν οἴηται δικαίως ταῦτα
δρᾶν, καί, ὃ λέγω, οὐκ ἐθέλει πρὸς τοῦτον αὐτοῦ ἐγείρεσθαι ὁ θυμός;
᾿Αληθῆ, ἔφη.
Τί δὲ ὅταν ἀδικεῖσθαί τις ἡγῆται; οὐκ ἐν τούτῳ ζεῖ τε καὶ χαλεπαίνει
καὶ συμμαχεῖ τῷ δοκοῦντι δικαίῳ καί, διὰ τὸ πεινῆν καὶ διὰ τὸ ῥιγοῦν καὶ
πάντα τὰ τοιαῦτα πάσχειν, (440d) ὑπομένων καὶ νικᾷ καὶ οὐ λήγει τῶν
γενναίων, πρὶν ἂν ἢ διαπράξηται ἢ τελευτήσῃ ἢ ὥσπερ κύων ὑπὸ νομέως
ὑπὸ τοῦ λόγου τοῦ παρ’ αὑτῷ ἀνακληθεὶς πραϋνθῇ;
Πάνυ μὲν οὖν, ἔφη, ἔοικε τούτῳ ᾧ λέγεις· καίτοι γ’ ἐν τῇ ἡμετέρᾳ
πόλει τοὺς ἐπικούρους ὥσπερ κύνας ἐθέμεθα ὑπηκόους τῶν ἀρχόντων
ὥσπερ ποιμένων πόλεως.
Καλῶς γάρ, ἦν δ’ ἐγώ, νοεῖς ὃ βούλομαι λέγειν. ἀλλ’ ἦ πρὸς τούτῳ
καὶ τόδε ἐνθυμῇ;
(440e) Τὸ ποῖον;
῞Οτι τοὐναντίον ἢ ἀρτίως ἡμῖν φαίνεται περὶ τοῦ θυμοειδοῦς. τότε
μὲν γὰρ ἐπιθυμητικόν τι αὐτὸ ᾠόμεθα εἶναι, νῦν δὲ πολλοῦ δεῖν φαμεν,
ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον αὐτὸ ἐν τῇ τῆς ψυχῆς στάσει τίθεσθαι τὰ ὅπλα πρὸς τὸ
λογιστικόν.
Παντάπασιν, ἔφη.
῏Αρ’ οὖν ἕτερον ὂν καὶ τούτου, ἢ λογιστικοῦ τι εἶδος, ὥστε μὴ τρία
ἀλλὰ δύο εἴδη εἶναι ἐν ψυχῇ, λογιστικὸν καὶ ἐπιθυμητικόν;
| [440] pendant quelques instants il lutta contre lui-même et se couvrit le visage; mais à la
fin, maîtrisé par le désir, il ouvrit (440a) de grands yeux, et courant vers les cadavres :
«Voilà pour vous, mauvais génies, dit-il, emplissez-vous de ce beau spectacle !»
J'ai, moi aussi, entendu raconter cela.
Ce récit, fis-je observer, montre pourtant que la colère lutte parfois contre les désirs,
et donc qu'elle en est distincte.
Il le montre, en effet.
En beaucoup d'outres occasions, aussi, poursuivis-je, quand un homme est entraîné
de force par ses désirs, (440b) malgré sa raison, ne remarquons-nous pas qu'il se blâme
lui-même, s'emporte contre ce qui lui fait violence, et que, dans cette sorte de querelle
entre deux principes, la colère se range en alliée du côté de la raison? Mais tu ne diras
pas, je pense, que tu l'as vue associée au désir, en toi-même ou chez les autres, quand
la raison décide que telle action ne doit pas être faite à son encontre.
Non, par Zeus!
(440c) Mais quoi? demandai-je, quand un homme croit avoir tort, dans la mesure où il
est plus noble n'est-il pas moins capable de s'emporter, souffrant de la faim, du froid
ou de toute autre incommodité semblable, contre celui qui, pense-t-il, le fait souffrir
justement? En d'autres termes, ne se refuse-t-il pas à éveiller sa colère contre celui qui
le traite ainsi?
C'est la vérité, répondit-il.
Par contre, s'il se croit victime d'une injustice, n'est-ce pas qu'alors il bouillonne,
s'irrite, combat du côté qui lui paraît juste - même s'il y va de la faim, du froid, (440d)
et de toutes les épreuves de ce genre - et, ferme dans ses positions, triomphe, sans se
départir de ces sentiments généreux qu'il n'ait accompli son dessein, ou ne meure,
ou, comme un chien par le berger, ne soit, par sa raison, rappelé à lui et calmé.
Cette image est tout fait juste, observa-t-il; aussi bien, dans notre cité, avons-nous
établi que les auxiliaires seraient soumis aux chefs comme des chiens à leurs bergers.
Tu comprends parfaitement ce que je veux dire; mais fais-tu en outre cette réflexion?
(440e) Laquelle?
Que c'est le contraire de ce que nous pensions tout à l'heure qui se révèle à nous au
sujet de l'élément irascible. Tout à l'heure, en effet, nous pensions qu'il se rattachait à
l'élément concupiscible, tandis que maintenant nous disons qu'il s'en faut de
beaucoup et que, bien plutôt, quand une sédition s'élève dans l'âme, il prend les
armes en faveur de la raison.
Assurément.
Est-il dont différent de la raison, ou l'une de ses formes, de sorte qu'il n'y aurait pas
trois éléments dans l'âme, mais deux seulement, le rationnel et le concupiscible?
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