HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Phedon

Chapitre 30

  Chapitre 30

[30] XXX (81b) - Ἐὰν δέ γε οἶμαι μεμιασμένη καὶ ἀκάθαρτος τοῦ σώματος
ἀπαλλάττηται, ἅτε τῷ σώματι ἀεὶ συνοῦσα καὶ τοῦτο θεραπεύουσα καὶ
ἐρῶσα καὶ γοητευομένη ὑπαὐτοῦ ὑπό τε τῶν ἐπιθυμιῶν καὶ ἡδονῶν, ὥστε
μηδὲν ἄλλο δοκεῖν εἶναι ἀληθὲς ἀλλ τὸ σωματοειδές, οὗ τις ἂν ἅψαιτο καὶ
ἴδοι καὶ πίοι καὶ φάγοι καὶ πρὸς τὰ ἀφροδίσια χρήσαιτο, τὸ δὲ τοῖς ὄμμασι
σκοτῶδες καὶ ἀιδές, νοητὸν δὲ καὶ φιλοσοφίᾳ αἱρετόν, τοῦτο δὲ εἰθισμένη
μισεῖν τε καὶ τρέμειν καὶ φεύγειν, οὕτω (81c) δὴ ἔχουσαν οἴει ψυχὴν αὐτὴν
καθαὑτὴν εἰλικρινῆ ἀπαλλάξεσθαι;
- Οὐδὁπωστιοῦν, ἔφη.
- Ἀλλὰ (καὶ) διειλημμένην γε οἶμαι ὑπὸ τοῦ σωματοειδοῦς, αὐτῇ ὁμιλία
τε καὶ συνουσία τοῦ σώματος διὰ τὸ ἀεὶ συνεῖναι καὶ διὰ τὴν πολλὴν
μελέτην ἐνεποίησε σύμφυτον;
- Πάνυ γε.
- Ἐμβριθὲς δέ γε, φίλε, τοῦτο οἴεσθαι χρὴ εἶναι καὶ βαρὺ καὶ γεῶδες καὶ
ὁρατόν· δὴ καὶ ἔχουσα τοιαύτη ψυχὴ βαρύνεταί τε καὶ ἕλκεται πάλιν εἰς
τὸν ὁρατὸν τόπον φόβῳ τοῦ ἀιδοῦς τε καὶ Ἅιδου, ὥσπερ λέγεται, περὶ τὰ (81d)
μνήματά τε καὶ τοὺς τάφους κυλινδουμένη, περὶ δὴ καὶ ὤφθη ἄττα ψυχῶν
σκιοειδῆ φαντάσματα, οἷα παρέχονται αἱ τοιαῦται ψυχαὶ εἴδωλα, αἱ μὴ
καθαρῶς ἀπολυθεῖσαι ἀλλὰ τοῦ ὁρατοῦ μετέχουσαι, διὸ καὶ ὁρῶνται.
- Εἰκός γε, Σώκρατες.
- Εἰκὸς μέντοι, Κέβης· καὶ οὔ τί γε τὰς τῶν ἀγαθῶν αὐτὰς εἶναι, ἀλλὰ τὰς
τῶν φαύλων, αἳ περὶ τὰ τοιαῦτα ἀναγκάζονται πλανᾶσθαι δίκην τίνουσαι
τῆς προτέρας τροφῆς κακῆς οὔσης. καὶ μέχρι γε τούτου πλανῶνται, ἕως ἂν
τῇ (81e) τοῦ συνεπακολουθοῦντος, τοῦ σωματοειδοῦς, ἐπιθυμίᾳ πάλιν
ἐνδεθῶσιν εἰς σῶμα·
[30] XXX. — Mais si, je suppose, l’âme est souillée et impure en quittant le corps, parce
qu’elle était toujours avec lui, prenait soin de lui, l’aimait, se laissait charmer par lui,
par ses désirs, au point de croire qu’il n’y a rien de vrai que ce qui est corporel, ce qu’on
peut toucher, voir, boire, manger, employer aux plaisirs de l’amour, et si elle est
habituée à haïr, à craindre et à éviter ce qui est obscur et invisible aux yeux, mais
intelligible et saisissable à la philosophie, crois-tu qu’une âme en cet état sera seule en
elle-même et sans mélange, quand elle quittera le corps ?
— Pas du tout, dit-il.
— Je crois au contraire qu’elle sera toute pénétrée. d’éléments corporels, qui ont crû
avec elle par suite de son commerce et de sa communion avec le corps, dont elle ne se
sépare jamais et dont elle prend grand soin.
— Cela est certain.
— Mais ces éléments, mon ami, tu dois bien penser qu’ils sont lourds, pesants, terreux et
visibles. L’âme où ils se trouvent est alourdie et tirée en arrière vers le monde visible par
la crainte de l’invisible et, comme on dit, de l’Hadès. Elle hante les monuments et les
tombeaux, où l’on a même vu de ténébreux fantômes d’âmes, pareils aux spectres de ces
âmes qui n’étaient pas pures en quittant le corps et qu’on peut voir, précisément, parce
qu’elles participent du visible.
— Cela est vraisemblable, Socrate.
— Oui, vraiment, Cébès, et il est vraisemblable aussi que ce ne sont pas les âmes des
bons, mais celles des méchants qui sont forcées d’errer dans ces lieux en punition de leur
façon de vivre antérieure, qui était mauvaise. Et elles errent jusqu’au moment où leur
amour de l’élément corporel auquel elles sont rivées les enchaîne de nouveau dans un
corps.


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Dernière mise à jour : 8/06/2005