[8,843] νομίσας τὸ (843a)
τἀκίνητα κινεῖν ἀληθῶς τοῦτο εἶναι· βουλέσθω δὲ πᾶς πέτρον
ἐπιχειρῆσαι κινεῖν τὸν μέγιστον ἄλλον πλὴν ὅρον μᾶλλον ἢ
σμικρὸν λίθον ὁρίζοντα φιλίαν τε καὶ ἔχθραν ἔνορκον παρὰ
θεῶν. τοῦ μὲν γὰρ ὁμόφυλος Ζεὺς μάρτυς, τοῦ δὲ ξένιος, οἳ
μετὰ πολέμων τῶν ἐχθίστων ἐγείρονται. καὶ ὁ μὲν πεισθεὶς τῷ
νόμῳ ἀναίσθητος τῶν ἀπ' αὐτοῦ κακῶν γίγνοιτ' ἄν,
καταφρονήσας δὲ διτταῖς δίκαις ἔνοχος ἔστω, μιᾷ μὲν παρὰ
θεῶν καὶ πρώτῃ, δευτέρᾳ δὲ ὑπὸ νόμου. (843b) μηδεὶς γὰρ ἑκὼν
κινείτω γῆς ὅρια γειτόνων· ὃς δ' ἂν κινήσῃ, μηνυέτω μὲν ὁ
βουλόμενος τοῖς γεωργοῖς, οἱ δὲ εἰς τὸ δικαστήριον ἀγόντων. ἢν
δέ τις ὄφλῃ τὴν τοιαύτην δίκην, ὡς ἀνάδαστον γῆν λάθρᾳ καὶ
βίᾳ ποιοῦντος τοῦ ὄφλοντος, τιμάτω τὸ δικαστήριον ὅτι ἂν δέῃ
πάσχειν ἢ ἀποτίνειν τὸν ἡττηθέντα.
τὸ δὲ μετὰ τοῦτο βλάβαι πολλαὶ καὶ σμικραὶ γειτόνων
γιγνόμεναι, διὰ τὸ θαμίζειν ἔχθρας ὄγκον μέγαν ἐντίκτουσαι,
(843c) χαλεπὴν καὶ σφόδρα πικρὰν γειτονίαν ἀπεργάζονται. διὸ
χρὴ πάντως εὐλαβεῖσθαι γείτονα γείτονι μηδὲν ποιεῖν
διάφορον, τῶν τε ἄλλων πέρι καὶ δὴ καὶ ἐπεργασίας συμπάσης
σφόδρ' ἀεὶ διευλαβούμενον· τὸ μὲν γὰρ βλάπτειν οὐδὲν
χαλεπὸν ἀλλ' ἀνθρώπου παντός, τὸ δ' ἐπωφελεῖν οὐδαμῇ
ἅπαντος. ὃς δ' ἂν ἐπεργάζηται τὰ τοῦ γείτονος ὑπερβαίνων
τοὺς ὅρους, τὸ μὲν βλάβος ἀποτινέτω, τῆς δὲ ἀναιδείας ἅμα
(843d) καὶ ἀνελευθερίας ἕνεκα ἰατρευόμενος διπλάσιον τοῦ
βλάβους ἄλλο ἐκτεισάτω τῷ βλαφθέντι· τούτων δὲ καὶ
ἁπάντων τῶν τοιούτων ἐπιγνώμονές τε καὶ δικασταὶ καὶ
τιμηταὶ γιγνέσθων ἀγρονόμοι, τῶν μὲν μειζόνων, καθάπερ ἐν
τοῖς πρόσθεν εἴρηται, πᾶσα ἡ τοῦ δωδεκατημορίου τάξις, τῶν
ἐλαττόνων δὲ οἱ φρούραρχοι τούτων. καὶ ἐάν τις βοσκήματα
ἐπινέμῃ, τὰς βλάβας ὁρῶντες κρινόντων καὶ τιμώντων. καὶ ἐὰν
ἐσμοὺς ἀλλοτρίους σφετερίζῃ τις τῇ τῶν μελιττῶν ἡδονῇ
συνεπόμενος (843e) καὶ κατακρούων οὕτως οἰκειῶται, τινέτω
τὴν βλάβην. καὶ ἐὰν πυρεύων τὴν ὕλην μὴ διευλαβηθῇ τῶν τοῦ
γείτονος, τὴν δόξασαν ζημίαν τοῖς ἄρχουσι ζημιούσθω. καὶ ἐὰν
φυτεύων μὴ ἀπολείπῃ τὸ μέτρον τῶν τοῦ γείτονος χωρίων,
καθάπερ εἴρηται καὶ πολλοῖς νομοθέταις ἱκανῶς, ὧν τοῖς
νόμοις χρὴ προσχρῆσθαι καὶ μὴ πάντα ἀξιοῦν, πολλὰ καὶ
σμικρὰ καὶ τοῦ ἐπιτυχόντος νομοθέτου γιγνόμενα,
| [8,843] qu'on se persuade que c'est là remuer ce qui doit être immuable,
et que chacun consente à essayer de remuer le plus grand rocher, plutôt que la
petite pierre qui borne l'amitié et l'inimitié, qu'on a juré par les dieux de laisser
à sa place.
Le Zeus qui veille sur le pays et le Zeus qui veille sur l'étranger ont
été témoins de ces serments, et déchaînent les guerres les plus acharnées,
si on les irrite. Celui qui aura obéi à la loi ne sentira pas les maux
qu'entraîne sa violation. Celui qui l'aura méprisée, s'exposera à un
double châtiment, l'un, le premier, de la part des dieux, le second de la
part de la loi. Que personne ne déplace donc les bornes qui séparent sa
terre de celle de ses voisins. Si quelqu'un les déplace, que celui qui le
voudra le dénonce aux laboureurs, et que ceux-ci le conduisent devant les
juges. S'il perd son procès, le tribunal appréciera la peine ou l'amende
qu'il devra subir, pour avoir refait en cachette ou à force ouverte le
partage des terres.
En second lieu, comme les voisins se causent souvent entre eux de légers
dommages, qui par leur fréquence engendrent de graves inimitiés et rendent
le voisinage fâcheux et très désagréable, il faut donner tous ses soins à
n'avoir jamais de différend avec son voisin et se bien donner de garde de
lui faire aucun tort et surtout d'empiéter sur ses terres. Il n'est, en
effet, pas difficile de léser autrui : c'est à la portée de tout le monde
; mais il n'est pas à la portée de tout le monde de rendre service. En
conséquence, si quelqu'un, outrepassant les bornes, empiète sur le champ
de son voisin, qu'il paye le dommage, et que, pour le guérir de son
impudence et de sa bassesse, il paye en outre le double, du dommage à
celui qu'il aura lésé. La connaissance, le jugement, la punition de ce
délit et de tous ceux du même genre appartiendront aux agronomes. Les
délits considérables seront, comme il a été dit précédemment, réglés par
l'ordre entier des douze gardes, les délits moins importants par les
chefs des gardes.
Si quelqu'un fait paître son bétail sur autrui, les mêmes juges, après
avoir vu de leurs yeux le dommage, l'apprécieront et fixeront la peine.
Si, cédant au plaisir d'avoir des abeilles, on s'approprie les essaims
d'autrui, et qu'on les attire chez soi en frappant sur des vases d'airain,
on paiera le dommage. Si quelqu'un, en allumant du bois, ne prend pas
garde à autrui, que les magistrats lui infligent la peine qu'ils jugeront
à propos. Il en sera de même si, en plantant, on ne laisse pas la distance
prescrite entre son champ et celui du voisin, comme elle a été
suffisamment réglée par beaucoup de législateurs, dont il faut suivre les
lois, persuadés qu'il ne convient pas au législateur suprême de l'État de
faire des lois sur une multitude de petits objets qui sont à la portée du
premier législateur venu. C'est ainsi qu'au sujet des eaux il y a d'anciennes et
bonnes lois portées pour les cultivateurs, qu'il n'est pas à propos de détourner
pour les faire passer dans ce discours.
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