[2,44] Ἑξῆς δὲ τούτοις οὐκ οἶδ´ ὅπως σφόδρα εὔηθες λέγει
ὅτι, εἴπερ ἀτόπους ἀπολογίας εὑρίσκοντες, ἐφ´ οἷς καταγελάστως
ἐξηπατήθητε, οἴεσθε ἀληθῶς ἀπολογεῖσθαι, τί
κωλύει καὶ ἄλλους, ὅσοι καταγνωσθέντες κακοδαιμονέστερον
ἀπήλλαξαν, μείζονας νομίζειν εἶναι καὶ θειοτέρους τούτου
ἀγγέλους; Ὅτι δ´ ἄντικρυς καὶ σαφῶς οὐδὲν ὅμοιον ἔχει ὁ
παθὼν τὰ ἀναγεγραμμένα Ἰησοῦς τοῖς κακοδαιμονέστερον
ἀπαλλάξασι διὰ γοητείαν ἢ ὁτιδήποτε ἔγκλημα ἄλλο, παντί
τῳ δῆλον. {Οὐδὲ γὰρ δύναταί τις παραστῆσαι γοήτων
ἔργον ἐπιστρέψαν ψυχὰς ἀπὸ τῶν πολλῶν ἐν ἀνθρώποις
ἁμαρτημάτων καὶ τῆς κατὰ τὴν κακίαν χύσεως.}
Ἐπεὶ δὲ καὶ λῃσταῖς αὐτὸν παραβαλὼν ὁ παρὰ τῷ Κέλσῳ
Ἰουδαῖός φησιν ὅτι δύναιτο ἄν τις ὁμοίως ἀναισχυντῶν καὶ
περὶ λῃστοῦ καὶ ἀνδροφόνου κολασθέντος εἰπεῖν ὅτι οὗτός
γε οὐχὶ λῃστὴς ἀλλὰ θεὸς ἦν· προεῖπε γὰρ τοῖς συλλῄσταις
ὅτι πείσεται τοιαῦτα, οἷα δὴ πέπονθε· λέγοιτ´ ἂν πρῶτον
μὲν ὅτι οὐ παρὰ τὸ προειρηκέναι αὐτὸν ταῦτα πείσεσθαι
τοιαῦτα ὑπολαμβάνομεν περὶ τοῦ Ἰησοῦ, ὁποῖα καὶ φρονοῦντες παρρησιαζόμεθα ἐν αὐτῷ ὡς ἀπὸ θεοῦ ἡμῖν κατεληλυθότι·
δεύτερον δὲ καὶ ταῦτα λέγομεν ἐν τοῖς εὐαγγελίοις
προειρῆσθαί πως, ἐπεὶ {«μετὰ ἀνόμων ἐλογίσθη» ὁ
Ἰησοῦς παρὰ τοῖς ἀνόμοις}, λῃστὴν μᾶλλον τὸν «διὰ
στάσιν» «καὶ φόνον» βληθέντα εἰς φυλακὴν βουλομένοις
ἀπολυθῆναι τὸν δ´ Ἰησοῦν σταυρῶσαι, καὶ {σταυρώσασιν
αὐτὸν μεταξὺ λῃστῶν δύο.} Καὶ ἀεὶ δ´ ἐν τοῖς γνησίοις
μαθηταῖς καὶ μαρτυροῦσι τῇ ἀληθείᾳ ὁ Ἰησοῦς συσταυροῦται
λῃσταῖς καὶ τὴν αὐτὴν αὐτοῖς παρὰ ἀνθρώποις καταδίκην
πάσχει. Καί φαμεν ὅτι, εἴπερ οὗτοι ὅμοιόν τι λῃσταῖς
ἔχουσιν οἱ διὰ τὴν εἰς τὸν δημιουργὸν εὐσέβειαν, ἵνα αὐτὴν
εἰλικρινῆ καὶ καθαρὰν διαφυλάξωσι κατὰ τὴν τοῦ Ἰησοῦ
διδασκαλίαν, πᾶσαν αἰκίαν καὶ πάντας θανάτους ἀναδεχόμενοι,
δῆλον ὅτι καὶ ὁ Ἰησοῦς, ὁ πατὴρ τῆς τοιαύτης
διδασκαλίας, εὐλόγως ὑπὸ τοῦ Κέλσου λῃστάρχαις παραβάλλεται.
Ἀλλ´ οὔτ´ ἐκεῖνος κατὰ τὸ κοινωνικὸν ἀποθνῄσκων
οὔθ´ οὗτοι δι´ εὐσέβειαν ταῦτα πάσχοντες καὶ μόνοι πάντων
ἀνθρώπων διὰ τὴν φανεῖσαν αὐτοῖς ὁδὸν τῆς εἰς τὸ θεῖον
τιμῆς ἐπιβουλευόμενοι οὐκ ἀδίκως ἀναιροῦνται, οὔθ´ ὁ
Ἰησοῦς οὐκ ἀσεβῶς ἐπεβουλεύθη.
| [2,44] Je ne sais pour quelle raison il dit ensuite : Si après vous être
ridiculement laissé séduire, vous vous imaginez avoir bien fait votre
apologie, quand vous nous avez payé de quelques méchantes raisons, qui
empêche que tous ceux qui, comme Jésus, ont fini leur vie dans les
supplices, ne passent aussi pour d'augustes ministres de Dieu, revêtus
tout singulièrement de son caractère? Car il est plus clair que le jour
qu'il n'y a rien de commun entre Jésus qui a souffert de la manière que
nous avons vue et ces misérables qui ont été punis pour leurs impostures
ou pour quelques autres crimes : et je voudrais bien que l'on me dit si
aucun d'eux a jamais rien fait pour s'opposer au torrent qui entraîne tant
d'âmes dans les désordres du péché. Mais puisque le juif fait encore
comparaison de Jésus avec des voleurs, disant : Qu'il ne faudrait
qu'autant d'impudence pour soutenir qu'un voleur qui aurait été exécuté
pour ses meurtres, serait non un voleur, mais un dieu, parce qu'il aurait
prédit à ses compagnons qu'il mourrait comme il est mort ; il lui faut
répondre premièrement : que ce que Jésus a prédit ses souffrances n'est
pas ce qui nous oblige à le regarder comme venu du ciel pour nous de la
part de Dieu, et à faire une haute et ouverte profession de le reconnaître
pour tel ; secondement, que ce que le juif de Celse fait ici a été en
quelque manière marqué dans les Évangiles; car on y voit comment Jésus,
bien, qu'il fut Dieu fut mis au rang des méchants par des méchants qui lui
préférèrent un voleur, coupable de sédition et de meurtre, auquel ils
procurèrent la liberté ; au lieu que pour Jésus, ils le firent condamner à
être mis en croix, et ils l'y attachèrent entre deux voleurs (Marc, XV,
7, 15, 27, et 20). C'est le traitement qu'on lui fait encore tous les
jours parmi les hommes où il est condamné et crucifié avec les voleurs, en
la personne de ses chers disciples et des fidèles témoins de sa vérité.
Nous disons donc que si la condition des disciples a quelque chose
d'approchant de celle des voleurs et s'ils s'exposent à toutes sortes
d'opprobres et de supplices, afin de conserver dans un cœur pur et sincère
les sentiments de piété que les préceptes de Jésus y ont fait naître pour
le Créateur de l'univers, ce n'est pas sans raison que Jésus lui-même qui
leur a donné ces préceptes, est comparé par Celse avec un chef de voleurs
; mais et Jésus qui est mort pour le bien public, et ses disciples qui
souffrent pour la piété, les seuls d'entre tous les hommes qui soient
traités en criminels pour le culte qu'ils croient devoir rendre à Dieu, ne
peuvent manquer de convaincre leurs persécuteurs d'impiété et d'injustice.
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