HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ISOCRATE, Panégyrique d'Athènes (discours complet)

Paragraphes 10-19

  Paragraphes 10-19

[10] Ἡγοῦμαι δ' οὕτως ἂν μεγίστην ἐπίδοσιν λαμβάνειν καὶ τὰς ἄλλας τέχνας καὶ τὴν περὶ τοὺς λόγους φιλοσοφίαν, εἴ τις θαυμάζοι καὶ τιμῴη μὴ τοὺς πρώτους τῶν ἔργων ἀρχομένους, ἀλλὰ τοὺς ἄρισθ' ἕκαστον αὐτῶν ἐξεργαζομένους, μηδὲ τοὺς περὶ τούτων ζητοῦντας λέγειν, περὶ ὧν μηδεὶς πρότερον εἴρηκεν, ἀλλὰ τοὺς οὕτως ἐπισταμένους εἰπεῖν ὡς οὐδεὶς ἂν ἄλλος δύναιτο. [10] Le moyen, selon moi, d’encourager les arts, et principalement celui de la parole, ce serait d’honorer et de récompenser, non ceux qui les premiers ont saisi un sujet, mais ceux qui l’ont le mieux rempli; non ceux qui cherchent à parler sur des matières neuves, mais ceux qui parlent d’une manière neuve sur des objets déjà traités.
[11] Καίτοι τινὲς ἐπιτιμῶσι τῶν λόγων τοῖς ὑπὲρ τοὺς ἰδιώτας ἔχουσι καὶ λίαν ἀπηκριβωμένοις, καὶ τοσοῦτον διημαρτήκασιν ὥστε τοὺς πρὸς ὑπερβολὴν πεποιημένους πρὸς τοὺς ἀγῶνας τοὺς περὶ τῶν ἰδίων συμβολαίων σκοποῦσιν, ὥσπερ ὁμοίως δέον ἀμφοτέρους ἔχειν, ἀλλ' οὐ τοὺς μὲν ἀφελῶς, τοὺς δ' ἐπιδεικτικῶς, σφᾶς μὲν διορῶντας τὰς μετριότητας, τὸν δ' ἀκριβῶς ἐπιστάμενον λέγειν ἁπλῶς οὐκ ἂν δυνάμενον εἰπεῖν. [11] Il en est qui blâment ces discours travaillés avec art, dont la diction s’élève au-dessus du langage ordinaire, et qui, dans leurs fausses idées, confondent les harangues qui demandent le plus de soin, avec ces plaidoyers où il ne s’agit que d’intérêts médiocres. Comme si ces deux genres de discours ne différaient pas essentiellement, que dans les uns il ne suffit pas d’être solide, que dans les autres il ne fallût pas encore être orné! Comme si les censeurs de nos ouvrages étaient les seuls qui connussent le mérite de la simplicité, et que l’orateur qui possède toutes les ressources de son art, ne pût pas être brillant ou simple à son gré!
[12] Οὗτοι μὲν οὖν οὐ λελήθασιν ὅτι τούτους ἐπαινοῦσιν ὧν ἐγγὺς αὐτοὶ τυγχάνουσιν ὄντες· ἐμοὶ δ' οὐδὲν πρὸς τοὺς τοιούτους, ἀλλὰ πρὸς ἐκείνους ἐστὶ τοὺς οὐδὲν ἀποδεξομένους τῶν εἰκῇ λεγομένων, ἀλλὰ δυσχερανοῦντας καὶ ζητήσοντας ἰδεῖν τι τοιοῦτον ἐν τοῖς ἐμοῖς οἷον παρὰ τοῖς ἄλλοις οὐχ εὑρήσουσιν. Πρὸς οὓς ἔτι μικρὸν ὑπὲρ ἐμαυτοῦ θρασυνάμενος ἤδη περὶ τοῦ πράγματος ποιήσομαι τοὺς λόγους. [12] Mais il est facile de voir que ces sortes de gens n’estiment que ce qui se rapproche le plus de leur faiblesse. Au reste, ce n’est pas pour eux que j’écris; c’est pour ces connaisseurs difficiles, qui n’approuvent pas au hasard, qui pèsent toutes les expressions d’un discours, et qui s’attendront à trouver dans le mien ce qu’inutilement ils chercheraient ailleurs. C’est à eux que je m’adresse, et après leur avoir dit avec confiance un mot encore de ce qui me regarde, j’entrerai en matière.
[13] Τοὺς μὲν γὰρ ἄλλους ἐν τοῖς προοιμίοις ὁρῶ καταπραΰνοντας τοὺς ἀκροατὰς καὶ προφασιζομένους ὑπὲρ τῶν μελλόντων ῥηθήσεσθαι καὶ λέγοντας, τοὺς μὲν ὡς ἐξ ὑπογυίου γέγονεν αὐτοῖς παρασκευὴ, τοὺς δ' ὡς χαλεπόν ἐστιν ἴσους τοὺς λόγους τῷ μεγέθει τῶν ἔργων ἐξευρεῖν. [13] La plupart des orateurs, pour porter à l’indulgence ceux qui les écoutent, ne manquent pas, dans leurs exordes, de prétexter le peu de loisir qu’ils ont eu pour se préparer, et d’exagérer la difficulté de trouver des expressions qui répondent à la grandeur des choses.
[14] Ἐγὼ δ' ἢν μὴ καὶ τοῦ πράγματος ἀξίως εἴπω καὶ τῆς δόξης τῆς ἐμαυτοῦ καὶ τοῦ χρόνου, μὴ μόνον τοῦ περὶ τὸν λόγον ἡμῖν διατριφθέντος, ἀλλὰ καὶ σύμπαντος οὗ βεβίωκα, παρακελεύομαι μηδεμίαν μοι συγγνώμην ἔχειν, ἀλλὰ καταγελᾶν καὶ καταφρονεῖν· οὐδὲν γὰρ τι τῶν τοιούτων οὐκ ἄξιός εἰμι πάσχειν, εἴπερ μηδὲν διαφέρων οὕτω μεγάλας ποιοῦμαι τὰς ὑποσχέσεις. Περὶ μὲν οὖν τῶν ἰδίων ταῦτά μοι προειρήσθω. [14] Pour moi, j’ose le dire, si je ne m’exprime d’une manière digne de mon sujet, digne de la réputation que je me suis acquise, digne de mon âge, de mon expérience, du temps que j’ai consacré à ce discours, je ne demande aucune grâce; je me livre aux traits de la censure la plus amère; et, certes, je ne mériterai que du mépris, si, après de si magnifiques promesses, je ne dis rien de mieux que les autres. Mais c’est assez parler de moi, passons aux affaires publiques.
[15] Περὶ δὲ τῶν κοινῶν, ὅσοι μὲν εὐθὺς ἐπελθόντες διδάσκουσιν ὡς χρὴ διαλυσαμένους τὰς πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς ἔχθρας ἐπὶ τὸν βάρβαρον τραπέσθαι, καὶ διεξέρχονται τάς τε συμφορὰς τὰς ἐκ τοῦ πολέμου τοῦ πρὸς ἀλλήλους ἡμῖν γεγενημένας καὶ τὰς ὠφελείας τὰς ἐκ τῆς στρατείας τῆς ἐπ' ἐκεῖνον ἐσομένας, ἀληθῆ μὲν λέγουσιν, οὐ μὴν ἐντεῦθεν ποιοῦνται τὴν ἀρχὴν ὅθεν ἂν μάλιστα συστῆσαι ταῦτα δυνηθεῖεν. [15] Les orateurs qui débutent par demander que les Grecs, renonçant à leurs inimitiés mutuelles, réunissent leurs efforts contre le roi de Perse, ces orateurs qui aiment à décrire les maux sans nombre causés par nos guerres intestines, et les avantages que procurerait une expédition contre l’ennemi commun, disent bien ce qui devrait être; mais, faute de remonter au principe, ils ne verront jamais l’heureux effet de leurs conseils.
[16] Τῶν γὰρ Ἑλλήνων οἱ μὲν ὑφ' ἡμῖν, οἱ δ' ὑπὸ Λακεδαιμονίοις εἰσίν· αἱ γὰρ πολιτεῖαι, δι' ὧν οἰκοῦσι τὰς πόλεις, οὕτω τοὺς πλείστους αὐτῶν διειλήφασιν. Ὅστις οὖν οἴεται τοὺς ἄλλους κοινῇ τι πράξειν ἀγαθὸν πρὶν ἂν τοὺς προεστῶτας αὐτῶν διαλλάξῃ, λίαν ἁπλῶς ἔχει καὶ πόρρω τῶν πραγμάτων ἐστίν. [16] Tous les peuples de la Grèce se rangent sous les enseignes d’Athènes ou de Lacédémone; la plupart d’entre eux se décident par la nature du gouvernement qu’ils ont adopté. Or, s’imaginer que les autres Grecs se réuniront pour le bien général, avant qu’on ait réconcilié entre eux les chefs de la nation, c’est être dans l’erreur, et manquer absolument le vrai point des affaires.
[17] Ἀλλὰ δεῖ τὸν μὴ μόνον ἐπίδειξιν ποιούμενον, ἀλλὰ καὶ διαπράξασθαί τι βουλόμενον ἐκείνους τοὺς λόγους ζητεῖν, οἵτινες τὼ πόλεε τούτω πείσουσιν ἰσομοιρῆσαι πρὸς ἀλλήλας καὶ τάς θ' ἡγεμονίας διελέσθαι, καὶ τὰς πλεονεξίας, ἃς νῦν παρὰ τῶν Ἑλλήνων ἐπιθυμοῦσιν αὑταῖς γίγνεσθαι, ταύτας παρὰ τῶν βαρβάρων ποιήσασθαι. [17] L’orateur sage, qui, peu touché d’une vaine réputation d’éloquence, s’occupe d’un succès solide, doit mettre son étude à persuader aux deux républiques rivales de n’affecter aucune supériorité, de partager entre elles l’empire de la Grèce, et, au lieu de chercher à s’assujettir les peuples de leur nation, de tourner toutes leurs forces contre les Barbares.
[18] Τὴν μὲν οὖν ἡμετέραν πόλιν ῥᾴδιον ἐπὶ ταῦτα προαγαγεῖν, Λακεδαιμόνιοι δὲ νῦν μὲν ἔτι δυσπείστως ἔχουσι· παρειλήφασι γὰρ ψευδῆ λόγον, ὡς ἔστιν αὐτοῖς ἡγεῖσθαι πάτριον· ἢν δ' ἐπιδείξῃ τις αὐτοῖς ταύτην τὴν τιμὴν ἡμετέραν οὖσαν μᾶλλον 'κείνων, τάχ' ἂν ἐάσαντες τὸ διακριβοῦσθαι περὶ τούτων ἐπὶ τὸ συμφέρον ἔλθοιεν. [18] Il est aussi facile d’amener à ce parti la république d’Athènes, qu’il l’est peu d’y déterminer les Lacédémoniens. Ils se sont persuadés à tort qu’ils ont un ancien droit à la primauté; mais, si on leur prouve que la prééminence leur est moins due qu’à nous, ils renonceront peut-être à leurs prétentions particulières, et se porteront à ce que demande l’intérêt public.
[19] Ἐχρῆν μὲν οὖν καὶ τοὺς ἄλλους ἐντεῦθεν ἄρχεσθαι καὶ μὴ πρότερον περὶ τῶν ὁμολογουμένων συμβουλεύειν, πρὶν περὶ τῶν ἀμφισβητουμένων ἡμᾶς ἐδίδαξαν· ἐμοὶ δ' οὖν ἀμφοτέρων ἕνεκα προσήκει περὶ ταῦτα ποιήσασθαι τὴν πλείστην διατριβὴν, μάλιστα μὲν ἵνα προὔργου τι γένηται καὶ παυσάμενοι τῆς πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς φιλονικίας κοινῇ τοῖς βαρβάροις πολεμήσωμεν, [19] C’est là ce que les orateurs qui m’ont précédé devaient examiner d’abord, sans nous donner des conseils sur les points convenus, avant que de lever les obstacles sur les objets contestés. Le point essentiel qu’ils ont omis, je dois m’attacher à l’éclaircir; et deux raisons m’y engagent. La première et la principale est d’opérer quelque effet utile, et de porter les Grecs à terminer leurs querelles pour attaquer en commun les Barbares;


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Dernière mise à jour : 1/03/2007