[350] (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἐλθοῦς´ ἵν´ αὐτὸν ἐξέθηκ´ οὐχ ηὗρ´ ἔτι.
351 (ΙΩΝ) ἦν δὲ σταλαγμὸς ἐν στίβωι τις αἵματος;
352 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὔ φησι· καίτοι πόλλ´ ἐπεστράφη πέδον.
353 (ΙΩΝ) χρόνος δὲ τίς τῶι παιδὶ διαπεπραγμένωι;
354 (ΚΡΕΟΥΣΑ) σοὶ ταὐτὸν ἥβης, εἴπερ ἦν, εἶχ´ ἂν μέτρον.
357 (ΙΩΝ) τί δ´ εἰ λάθραι νιν Φοῖβος ἐκτρέφει λαβών;
358 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τὰ κοινὰ χαίρων οὐ δίκαια δρᾶι μόνος.
355 (ΙΩΝ) ἀδικεῖ νυν ὁ θεός, ἡ τεκοῦσα δ´ ἀθλία.
356 (ΚΡΕΟΥΣΑ) οὔκουν ἔτ´ ἄλλον γ´ ὕστερον τίκτει γόνον.
359 (ΙΩΝ) οἴμοι· προσωιδὸς ἡ τύχη τὠμῶι πάθει.
360 (ΚΡΕΟΥΣΑ) καὶ ς´, ὦ ξέν´, οἶμαι μητέρ´ ἀθλίαν ποθεῖν.
361 (ΙΩΝ) ἆ μή μ´ ἐπ´ οἶκτον ἔξαγ´ οὗ ´λελήσμεθα.
362 (ΚΡΕΟΥΣΑ) σιγῶ· πέραινε δ´ ὧν ς´ ἀνιστορῶ πέρι.
363 (ΙΩΝ) οἶσθ´ οὖν ὃ κάμνει τοῦ λόγου μάλιστά σοι;
364 (ΚΡΕΟΥΣΑ) τί δ´ οὐκ ἐκείνηι τῆι ταλαιπώρωι νοσεῖ;
365 (ΙΩΝ) πῶς ὁ θεὸς ὃ λαθεῖν βούλεται μαντεύσεται;
366 (ΚΡΕΟΥΣΑ) εἴπερ καθίζει τρίποδα κοινὸν Ἑλλάδος.
367 (ΙΩΝ) αἰσχύνεται τὸ πρᾶγμα· μὴ ´ξέλεγχέ νιν.
368 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ἀλγύνεται δέ γ´ ἡ παθοῦσα τῆι τύχηι.
369 (ΙΩΝ) οὐκ ἔστιν ὅστις σοι προφητεύσει τάδε.
370 ἐν τοῖς γὰρ αὑτοῦ δώμασιν κακὸς φανεὶς
371 Φοῖβος δικαίως τὸν θεμιστεύοντά σοι
372 δράσειεν ἄν τι πῆμ´. ἀπαλλάσσου, γύναι·
373 τῶι γὰρ θεῶι τἀναντί´ οὐ μαντευτέον.
374 {ἐς γὰρ τοσοῦτον ἀμαθίας ἔλθοιμεν ἄν,
375 εἰ τοὺς θεοὺς ἄκοντας ἐκπονήσομεν
376 φράζειν ἃ μὴ θέλουσιν, ἢ προβωμίοις
377 σφαγαῖσι μήλων ἢ δι´ οἰωνῶν πτεροῖς.}
378 ἃν γὰρ βίαι σπεύδωμεν ἀκόντων θεῶν,
379 ἀνόνητα κεκτήμεσθα τἀγάθ´, ὦ γύναι·
380 ἃ δ´ ἂν διδῶς´ ἑκόντες, ὠφελούμεθα.
381 (ΧΟΡΟΣ) πολλαί γε πολλοῖς εἰσι συμφοραὶ βροτῶν,
382 μορφαὶ δὲ διαφέρουσιν· ἕνα δ´ ἂν εὐτυχῆ
383 μόλις ποτ´ ἐξεύροι τις ἀνθρώπων βίον.
384 (ΚΡΕΟΥΣΑ) ὦ Φοῖβε, κἀκεῖ κἀνθάδ´ οὐ δίκαιος εἶ
385 ἐς τὴν ἀποῦσαν, ἧς πάρεισιν οἱ λόγοι·
386 ὅς γ´ οὔτ´ ἔσωσας τὸν σὸν ὃν σῶσαί ς´ ἐχρῆν
387 οὔθ´ ἱστορούσηι μητρὶ μάντις ὢν ἐρεῖς,
388 ὡς, εἰ μὲν οὐκέτ´ ἔστιν, ὀγκωθῆι τάφωι,
389 εἰ δ´ ἔστιν, ἔλθηι μητρὸς εἰς ὄψιν ποτέ.
390 ἀλλ´ ἐᾶν χρὴ τάδ´, εἰ πρὸς τοῦ θεοῦ
391 κωλυόμεσθα μὴ μαθεῖν ἃ βούλομαι.
392 ἀλλ´, ὦ ξέν´, εἰσορῶ γὰρ εὐγενῆ πόσιν
393 Ξοῦθον πέλας δὴ τόνδε, τὰς Τροφωνίου
394 λιπόντα θαλάμας, τοὺς λελεγμένους λόγους
395 σίγα πρὸς ἄνδρα, μή τιν´ αἰσχύνην λάβω
396 διακονοῦσα κρυπτά, καὶ προβῆι λόγος
397 οὐχ ἧιπερ ἡμεῖς αὐτὸν ἐξειλίσσομεν.
398 τὰ γὰρ γυναικῶν δυσχερῆ πρὸς ἄρσενας,
399 κἀν ταῖς κακαῖσιν ἁγαθαὶ μεμειγμέναι
| [350] CRÉUSE.
En revenant à la place où elle l'avait exposé, elle ne le trouva plus.
ION.
Y avait-il quelques traces de sang sur la route ?
CRÉUSE.
Elle assure n'en avoir pas vu, malgré tous ses soins à explorer les lieux d'alentour.
ION.
Quel temps s'est écoulé depuis la mort de l'enfant?
CRÉUSE.
Il aurait, s'il vivait, à peu près le même âge que toi.
ION.
Le dieu est injuste envers elle ; je plains cette malheureuse mère.
CRÉUSE.
Elle n'a eu depuis aucun autre enfant.
ION.
Mais si Phébus l'avait enlevé secrètement pour l'élever lui-même ?
CRÉUSE.
En se réservant à lui seul un bonheur commun, il n'agit pas avec justice.
ION.
Hélas ! que sa destinée a de rapports avec mon infortune!
CRÉUSE.
360 Toi aussi, étranger, tu causes sans doute les regrets d'une malheureuse mère.
ION.
Ah ! ne réveille pas en mon cœur des douleurs assoupies.
CRÉUSE.
Je me tais ; mais achève de répondre à mes questions.
ION.
Sais-tu quel est le point le plus fâcheux dans ton récit?
CRÉUSE.
Et en quoi cette infortunée n'a-t-elle pas à gémir !
ION.
Comment le dieu révélera-t-il dans ses oracles ce qu'il veut tenir caché ?
CRÉUSE.
Il le fera, si sur le trépied sacré il répond à toute la Grèce.
ION.
Cette action est une honte pour. lui ; ne le pousse pas à bout.
CRÉUSE.
Et c'est une souffrance pour la triste victime de sa passion.
ION.
369 Non, nul ministre du dieu n'osera répondre à tes questions. Apollon, accusé d'un crime dans son propre temple, punirait justement celui qui ferait parler l'oracle pour toi. Retire-toi donc, femme ; on ne peut demander au dieu de se condamner lui-même. Ce serait le comble de la démence, quand les dieux ne veulent pas parler, de prétendre les y contraindre par des sacrifices de victimes ou par le vol des oiseaux. Les biens que nous poursuivons violemment malgré les dieux, cessent d'être des biens quand nous les possédons ; ceux qu'ils nous accordent de leur plein gré sont les seuls qui nous profitent.
LE CHOEUR.
Que de calamités diverses fondent sur la foule des mortels! les formes sont différentes. Il est bien difficile de trouver dans la vie humaine un bonheur continu.
CRÉUSE.
384 O Apollon, aujourd'hui, comme autrefois, tu te montres bien injuste envers la femme absente pour laquelle je parle ici. Tu as laissé périr ton fils, sur lequel tu aurais dû veiller; et quoique prophète, tu ne réponds pas à sa mère, pour que du moins, s'il n'est plus, elle lui érige un tombeau, et que, s'il vit encore, il paraisse enfin aux yeux de sa mère. Eh bien ! il faut se résigner, si le dieu refuse de m'apprendre ce que je veux savoir. Mais, ô étranger, je vois Xuthus, mon noble époux, qui s'avance ; il sort de l'antre de Trophonius ; ne lui révèle pas nos entretiens, de peur de m'attirer quelque reproche pour ce secret divulgué, et que mes paroles ne soient mal interprétées ;
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