[161] Κολοιὸς καὶ κόρακες.
Κολοιὸς τῷ μεγέθει τῶν ἄλλων κολοιῶν διαφέρων, ὑπερφρονήσας
τοὺς ὁμοφύλους, παρεγένετο πρὸς τοὺς κόρακας καὶ τούτοις ἠξίου
συνδιαιτᾶσθαι. Οἱ δὲ ἀμφιγνοοῦντες αὐτοῦ τό τε εἶδος καὶ τὴν φωνὴν
παίοντες αὐτὸν ἐξέβαλον. Καὶ ὃς ἀπελαθεὶς ὑπ' αὐτῶν ἧκε πάλιν
πρὸς τοὺς κολοιούς. Οἱ δὲ ἀγανακτοῦντες ἐπὶ τῇ ὕβρει οὐ
προσεδέξαντο αὐτόν. Οὕτω τε συνέβη αὐτῷ τῆς ἐξ ἀμφοτέρων
διαίτης στερηθῆναι.
Οὕτω καὶ τῶν ἀνθρώπων οἱ τὰς πατρίδας ἀπολιπόντες καὶ τὰς
ἀλλοδαπὰς προκρίνοντες οὔτε ἐν ἐκείναις εὐδοκιμοῦσι διὰ τὸ ξένοι
εἶναι καὶ ὑπὸ τῶν πολιτῶν δυσχεραίνονται διὰ τὸ ὐπερπεφρονηκέναι
αὐτούς.
| [161] LE CHOUCAS ET LES CORBEAUX
Un choucas, qui dépassait en grosseur les autres choucas, prit en mépris ceux de
sa tribu, se rendit chez les corbeaux et demanda à partager leur vie. Mais les
corbeaux, à qui sa forme et sa voix étaient inconnues, le battirent et le
chassèrent. Et lui, repoussé par eux, s'en revint chez les choucas ; mais les
choucas, sensibles à l'outrage, refusèrent de le recevoir. Il arriva ainsi qu'il
fut exclu de la société et des uns et des autres.
Il en est ainsi chez les hommes. Ceux qui abandonnent leur patrie et lui
préfèrent un autre pays, sont mal vus dans ce pays, parce qu'ils sont étrangers,
et ils sont odieux à leurs propres concitoyens, parce qu'ils les ont méprisés.
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