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[39,10] Καῖσαρ δὲ καὶ Κράσσος ἄλλως μὲν ἤχθοντο τῷ Κικέρωνι, σπουδὴν δ' οὖν
τινα αὐτοῦ ἔσχον, ἐπειδὴ πάντως καθήξοντα αὐτὸν ᾖσθοντο· (καὶ γὰρ ὁ
Καῖσαρ καὶ ἀπὼν εὔνοιάν τινα αὐτῷ ἐνεδείξατο·) οὐ μέντοι καὶ χάριν οὐδεμίαν
ἀντέλαβον. Ἐκεῖνος γὰρ τοῦτό τε οὐκ ἀπὸ γνώμης σφᾶς πεποιηκότας εἰδώς,
καὶ τῆς φυγῆς αἰτιωτάτους γεγονέναι νομίζων, ἐκ μὲν τοῦ προφανοῦς οὐ πάνυ
πρὸς αὐτοὺς ἐθρασύνετο, ἅτε καὶ τῶν τῆς ἀκράτου παρρησίας ἐπικαρπιῶν
νεωστὶ πεπειραμένος· βιβλίον μέντοι τι ἀπόρρητον συνέθηκε· καὶ ἐπεί
ἐπέγραψεν αὐτῷ, ὡς καὶ περὶ τῶν ἑαυτοῦ βουλευμάτων ἀπολογισμόν τινα
ἔχοντι· πολλὰ δὲ δὴ καὶ δεινὰ ἐς αὐτὸ καὶ περὶ ἐκείνων καὶ περὶ ἄλλων τινῶν
συνένησε, καὶ διὰ τοῦτο φοβηθεὶς μὴ καὶ ζῶντος αὐτοῦ ἐκφοιτήσῃ,
κατεσημήνατό τε αὐτὸ καὶ παρέδωκε τῷ παιδί, προστάξας οἱ μήτ' ἀναγνῶναι
μήτε δημοσιεῦσαι τὰ γεγραμμένα, πρὶν ἂν μεταλλάξῃ.
| [39,10] César et Crassus haïssaient Cicéron : cependant ils se montrèrent bien
disposés pour lui, dès qu'ils virent que son retour était certain. César lui avait
témoigné quelque bienveillance, même pendant son absence ; mais Cicéron ne
leur en sut aucun gré. Il n'ignorait pas qu'ils n'obéissaient point à une inspiration
du coeur, et il les regardait comme les principaux auteurs de son bannissement. II
n'osa pourtant rien dire ouvertement contre eux, parce qu'il avait recueilli
récemment le fruit d'une trop grande liberté de langage ; mais il composa en
secret un livre dont le titre semblait annoncer l'apologie de son système politique
et dans lequel il entassa des attaques amères contre César, Crassus et d'autres
citoyens. Dans la crainte que ce livre ne vit le jour pendant sa vie, il le scella et le
remit à son affranchi avec ordre de ne point le lire et de ne pas le publier avant sa
mort.
| [39,11] Κικέρων μὲν οὖν αὖθις ἀνεβλάστανε, καὶ τήν τε ἄλλην οὐσίαν, καὶ τὸ
ἔδαφος τῆς οἰκίας, καίτοι τῇ Ἐλευθερίᾳ ἀνειμένον, καὶ τοῦ Κλωδίου καὶ
ἐπιθειάζοντος, καὶ ἐς ἐνθυμίαν αὐτῷ προβάλλοντος, ἐκομίσατο· τὴν γὰρ
ἐσφορὰν τοῦ φρατριατικοῦ νόμου, παρ' ἣν ἐκ τῶν εὐπατριδῶν ἐς τὸ πλῆθος
ἐπεποίητο, διαβάλλων ὡς οὐκ ἐν τοῖς ὡρισμένοις ἐκ τῶν πατρίων χρόνοις
ἐκτεθέντος αὐτοῦ, τήν τε δημαρχίαν τοῦ Κλωδίου πᾶσαν, ἐν ᾗ καὶ τὰ κατὰ τὴν
οἰκίαν ἐδέδοκτο, κατέλυε· λέγων οὐχ οἷόν τ' εἶναι, τῆς μεταστάσεως αὐτοῦ τῆς
ἐς τὸν ὅμιλον παρανόμως γεγενημένης, ὑγιές τι τῶν ἐν αὐτῇ πραχθέντων
νομίζεσθαι, καὶ ἔπεισε διὰ τούτου τοὺς ποντίφικας τὸ ἔδαφός οἱ, ὡς καὶ ὅσιον
καὶ βέβηλον ὂν, ἀποδοῦναι. Καὶ οὕτω καὶ ἐκεῖνο, καὶ χρήματα ἔς τε τὴν τῆς
οἰκίας κατασκευήν, καὶ εἰ δή τι ἄλλο τῆς οὐσίας αὐτοῦ ἐλελύμαντο, ἔλαβε.
| [39,11] Cicéron vit renaître son ancienne prospérité : il recouvra tous ses biens et
même la place qu'occupait sa maison, quoiqu'elle eût été dédiée à la Liberté et
que Clodius, invoquant la vengeance des dieux, s'efforçât de lui inspirer des
scrupules. Cicéron attaqua la loi Curiate, en vertu de laquelle Clodius avait quitté
l'ordre de la noblesse pour celui des plébéiens : il reprochait à cette loi de n'avoir
pas été faite dans le temps fixé par la coutume des ancêtres et s'élevait contre
tous les actes de son tribunat, pendant lequel avait été porté aussi le décret sur sa
maison. Il soutenait que, Clodius ayant été admis parmi les plébéiens en violation
des lois, on ne pouvait tenir pour légal rien de ce qui s'était fait pendant ce tribunat
: par là il persuada aux pontifes de lui rendre la place de sa maison, qui, en réalité,
n'était pas consacrée aux dieux. Cicéron obtint, en outre, l'argent nécessaire pour
la rebâtir et pour réparer les dommages que sa fortune pouvait avoir éprouvés.
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