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[10,73] Καὶ γὰρ τοῦτο οὐκ ἀποδείξεως προσδεῖται ἀλλ'
ἐπιλογισμοῦ, ὅτι ταῖς ἡμέραις καὶ ταῖς νυξὶ συμπλέκομεν καὶ τοῖς τούτων
μέρεσιν, ὡσαύτως δὲ καὶ τοῖς πάθεσι καὶ ταῖς ἀπαθείαις, καὶ κινήσεσι καὶ
στάσεσιν, ἴδιόν τι σύμπτωμα περὶ ταῦτα πάλιν αὐτὸ τοῦτο ἐννοοῦντες, καθ' ὃ
χρόνον ὀνομάζομεν. Φησὶ δὲ τοῦτο καὶ ἐν τῇ δευτέρᾳ Περὶ φύσεως καὶ ἐν τῇ
Μεγάλῃ ἐπιτομῇ.
« Ἐπί τε τοῖς προειρημένοις τοὺς κόσμους δεῖ καὶ πᾶσαν σύγκρισιν
πεπερασμένην τὸ ὁμοειδὲς τοῖς θεωρουμένοις πυκνῶς ἔχουσαν νομίζειν
γεγονέναι ἀπὸ τοῦ ἀπείρου, πάντων τούτων ἐκ συστροφῶν ἰδίων ἀποκεκριμένων
καὶ μειζόνων καὶ ἐλαττόνων· καὶ πάλιν διαλύεσθαι πάντα, τὰ μὲν θᾶττον, τὰ
δὲ βραδύτερον, καὶ τὰ μὲν ὑπὸ τῶν τοιῶνδε, τὰ δὲ ὑπὸ τῶν τοιῶνδε τοῦτο
πάσχοντα. Δῆλον οὖν ὡς καὶ φθαρτούς φησι τοὺς κόσμους, μεταβαλλόντων τῶν
μερῶν. Καὶ ἐν ἄλλοις τὴν γῆν τῷ ἀέρι ἐποχεῖσθαι.
| [10,73] En effet, ce n'est pas ici un sujet où il s'agisse de démonstration ; il
ne demande que de l'attention. Par les jours, les nuits et leurs parties, nous
joignons le temps ensemble. Et comme les passions, la tranquillité, le mouvement
et le repos que nous éprouvons nous font joindre quelque chose d'accidentel
avec ces sentiments, de même aussi, lorsque nous pensons de nouveau à ces
parties de la durée, nous leur donnons le nom de temps. Épicure enseigne
la même chose dans son second livre de la Nature et dans son grand Abrégé.
« Il ajoute à ce que nous avons dit ci-devant, qu'il faut croire que
les mondes ont été produits de tout temps, suivant toutes les sortes
de compositions, semblables à celles que nous voyons et différentes les
unes des autres par des changements qui leur sont propres, soit grands ou
moindres, et que pareillement toutes choses se dissolvent, les unes
promptement, les autres plus lentement, les unes et les autres par
diverses causes de différente manière. Il paraît de là qu'Épicure faisait
consister la corruptibilité des mondes dans le changement de leurs
parties. En d'autres endroits, il dit que la terre est portée par l'air
comme dans un char ;
| [10,74] « Ἔτι δὲ καὶ τοὺς κόσμους οὔτε ἐξ ἀνάγκης δεῖ νομίζειν ἕνα
σχηματισμὸν ἔχοντας - - - ἀλλὰ καὶ διαφόρους αὐτοὺς ἐν τῇ ιβʹ Περὶ <φύσεως>
αὐτός φησιν· οὓς μὲν γὰρ σφαιροειδεῖς, καὶ ᾠοειδεῖς ἄλλους, καὶ
ἀλλοιοσχήμονας ἑτέρους· οὐ μέντοι πᾶν σχῆμα ἔχειν. Οὐδὲ ζῷα εἶναι
ἀποκριθέντα ἀπὸ τοῦ ἀπείρου. Οὐδὲ γὰρ ἂν ἀποδείξειεν οὐδεὶς ὡς <ἐν> μὲν τῷ
τοιούτῳ καὶ οὐκ ἂν ἐμπεριελήφθη τὰ τοιαῦτα σπέρματα, ἐξ ὧν ζῷά τε καὶ φυτὰ
καὶ τὰ λοιπὰ πάντα <τὰ> θεωρούμενα συνίσταται, ἐν δὲ τῷ τοιούτῳ οὐκ ἂν
ἐδυνήθη. Ὡσαύτως δὲ καὶ ἐντραφῆναι. Τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ ἐπὶ γῆς νομιστέον.
| [10,74] il ajoute qu'on ne doit pas croire que les mondes aient
nécessairement la même configuration. Au contraire, dans son douzième
livre de la Nature, il affirme qu'ils sont différents, les uns étant
sphériques, les autres ovales, et d'autres autrement figurés, quoiqu'il ne
faille pas supposer qu'il y en ait de toutes sortes de formes. Épicure ne
croit pas que l'infini soit la cause des diverses espèces d'animaux, parce
qu'on ne saurait dire dans celle supposition pourquoi telles semences
d'animaux, de plantes et d'autres choses se trouvent dans tel autre,
puisqu'ils reçoivent tous la même nourriture. Il avance les mêmes
principes sur ce qui concerne la terre ;
| [10,75] « Ἀλλὰ μὴν ὑποληπτέον καὶ τὴν φύσιν πολλὰ καὶ παντοῖα ὑπὸ αὐτῶν τῶν
πραγμάτων διδαχθῆναί τε καὶ ἀναγκασθῆναι· τὸν δὲ λογισμὸν τὰ ὑπὸ ταύτης
παρεγγυηθέντα ὕστερον ἐπακριβοῦν καὶ προσεξευρίσκειν ἐν μὲν τισὶ θᾶττον,
ἐν δὲ τισὶ βραδύτερον καὶ ἐν μὲν τισὶ περιόδοις καὶ χρόνοις {ἀπὸ τῶν ἀπὸ
τοῦ ἀπείρου} <μείζους λαμβάνειν ἐπιδόσεις>, ἐν δὲ τισὶ καὶ ἐλάττους.
« Ὅθεν καὶ τὰ ὀνόματα ἐξ ἀρχῆς μὴ θέσει γενέσθαι, ἀλλ' αὐτὰς τὰς φύσεις
τῶν ἀνθρώπων καθ' ἕκαστα ἔθνη ἴδια πάσχουσας πάθη καὶ ἴδια λαμβανούσας
φαντάσματα ἰδίως τὸν ἀέρα ἐκπέμπειν στελλόμενον ὑφ' ἑκάστων τῶν παθῶν καὶ
τῶν φαντασμάτων, ὡς ἄν ποτε καὶ ἡ παρὰ τοὺς τόπους τῶν ἐθνῶν διαφορὰ ᾖ·
| [10,75] « il croit aussi que les hommes se sont beaucoup instruits par les
circonstances des choses qui les environnent et par la nécessité ; et que
le raisonnement, s'étant joint ensuite à cette instruction, a examiné les
choses plus soigneusement, faisant des découvertes plus promptes sur
certaines choses, et plus tardives sur d'autres; de sorte qu'il y en a
qu'il faut placer dans des temps fort éloignés de l'infini, et d'autres
dans des temps moins éloignés.
« De là vient, dit-il, que les noms ne furent pas d'abord imposés aux
choses à dessein, comme ils le sont, mais que les hommes, ayant dans
chaque pays leurs propres idées, les exprimèrent par un son articulé
convenablement à ces sentiments et à ces idées ; que cette articulation se
trouva même différente selon les lieux ;
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