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[10,46] « Καὶ μὴν καὶ τύποι ὁμοιοσχήμονες τοῖς στερεμνίοις εἰσί, λεπτότησιν
ἀπέχοντες μακρὰν τῶν φαινομένων. Οὔτε γὰρ ἀποστάσεις ἀδυνατοῦσιν ἐν τῷ
περιέχοντι γίνεσθαι τοιαῦται οὔτ' ἐπιτηδειότητες τῆς κατεργασίας τῶν
κοιλωμάτων καὶ λεπτοτήτων γίνεσθαι, οὔτε ἀπόρροιαι τὴν ἑξῆς θέσιν καὶ
βάσιν διατηροῦσαι ἥνπερ καὶ ἐν τοῖς στερεμνίοις εἶχον· τούτους δὲ τοὺς
τύπους εἴδωλα προσαγορεύομεν. Καὶ μὴν καὶ ἡ διὰ τοῦ κενοῦ φορὰ κατὰ
μηδεμίαν ἀπάντησιν τῶν ἀντικοψόντων γινομένη πᾶν μῆκος περιληπτὸν ἐν
ἀπερινοήτῳ χρόνῳ συντελεῖ. Βράδους γὰρ καὶ τάχους ἀντικοπὴ καὶ οὐκ
ἀντικοπὴ ὁμοίωμα λαμβάνει.
| [10,46] « Il y a encore des formes qui, par la figure, ressemblent aux corps
solides, et surpassent de beaucoup par leur ténuité les choses sensibles.
Car rien n'empêche qu'il ne se forme dans l'air de ces sortes de
séparations, ou qu'il y ait des propriétés formées par le moyen de cavités
et de ténuités, ou qu'il se fasse des émanations de parties qui conservent
la même position et le même ordre qu'elles avaient dans les solides. Ces
formes sont ce que nous appelons des images, dont le mouvement qui se fait
dans le vide, ne rencontrant rien qui l'arrête, a une telle vélocité,
qu'il parcourt le plus grand espace imaginable en moins de temps qu'il
soit possible, parce qu'il ne reçoit ni plus ni moins de vitesse ou de
lenteur par la répulsion et la non-répulsion.
| [10,47] « Οὐ μὴν οὐδ' ἅμα κατὰ τοὺς διὰ λόγου θεωρητοὺς χρόνους αὐτὸ τὸ
φερόμενον σῶμα ἐπὶ τοὺς πλείους τόπους ἀφικνεῖταιἀδιανόητον γάρ-καὶ τοῦτο
συναφικνούμενον ἐν αἰσθητῷ χρόνῳ ὅθεν δήποθεν τοῦ ἀπείρου οὐκ ἐξ οὗ ἂν
περιλάβωμεν τὴν φορὰν τόπου ἔσται ἀφιστάμενον· ἀντικοπῇ γὰρ ὅμοιον ἔσται,
κἂν μέχρι τοσούτου τὸ τάχος τῆς φορᾶς μὴ ἀντικοπὲν καταλίπωμεν. Χρήσιμον
δὴ καὶ τοῦτο κατασχεῖν τὸ στοιχεῖον. Εἶθ' ὅτι τὰ εἴδωλα ταῖς λεπτότησιν
ἀνυπερβλήτοις κέχρηται οὐθὲν ἀντιμαρτυρεῖ τῶν φαινομένων· ὅθεν καὶ τάχη
ἀνυπέρβλητα ἔχει, πάντα πόρον σύμμετρον ἔχοντα πρὸς τῷ <τῷ> ἀπείρῳ αὐτῶν
μηθὲν ἀντικόπτειν ἢ ὀλίγα ἀντικόπτειν, πολλαῖς δὲ καὶ ἀπείροις εὐθὺς
ἀντικόπτειν τι.
| [10,47] « Il ne faut pourtant pas croire qu'un corps qui est porté en bas
dans un temps mesurable parvienne en plusieurs endroits à la fois, car
c'est de quoi on ne peut se former d'idée ; et pouvant venir également de
quelque endroit du vide que ce soit dans un temps sensible, il ne sera
point parti de l'endroit que nous croyons, parce que, sans supposer même
que la vitesse de son mouvement ne rencontre point de répulsion, celle-ci
ne le retarde pas. Il est important de retenir ce principe, parce que les
images que nous voyons tirent leur usage de celles qui sont de cette
ténuité. Elle sait aussi que ces images ne peuvent être sujettes à des
difficultés prises des choses qu'on voit. C'est encore là ce qui produit
leur vitesse incomparable, qui les rend propres à toutes sortes de
mouvements, afin qu'elles ne causent que peu ou point de résistance dans
le vide ; au lieu qu'étant en grand nombre, ou plutôt innombrables, elles
en rencontrent d'abord quelqu'une.
| [10,48] « Πρός τε τούτοις, ὅτι ἡ γένεσις τῶν εἰδώλων ἅμα νοήματι συμβαίνει.
Καὶ γὰρ ῥεῦσις ἀπὸ τῶν σωμάτων τοῦ ἐπιπολῆς συνεχής, οὐκ ἐπίδηλος τῇ
μειώσει διὰ τὴν ἀνταναπλήρωσιν, σῴζουσα τὴν ἐπὶ τοῦ στερεμνίου θέσιν καὶ
τάξιν τῶν ἀτόμων ἐπὶ πολὺν χρόνον, εἰ καὶ ἐνίοτε συγχεομένη ὑπάρχει, καὶ
συστάσεις ἐν τῷ περιέχοντι ὀξεῖαι διὰ τὸ μὴ δεῖν κατὰ βάθος τὸ συμπλήρωμα
γίνεσθαι, καὶ ἄλλοι δὲ τρόποι τινὲς γεννητικοὶ τῶν τοιούτων φύσεών εἰσιν.
Οὐθὲν γὰρ τούτων ἀντιμαρτυρεῖ<ται> ταῖς αἰσθήσεσιν, ἂν βλέπῃ τίς τινα
τρόπον τὰς ἐναργείας ἵνα καὶ τὰς συμπαθείας ἀπὸ τῶν ἔξωθεν πρὸς ἡμᾶς
ἀνοίσει.
| [10,48] « Il faut encore remarquer que ces images se forment en même temps
que naît la pensée, parce qu'il se fait continuellement des écoulements de
la superficie des corps, lesquels ne sont pas sensibles aux sens, trop
grossiers pour s'en apercevoir. Ces écoulements conservent longtemps la
position et l'ordre des atomes dont ils sont formés, quoiqu'il y arrive
quelquefois de la confusion. D'ailleurs ces assemblages se font
promptement dans l'air, parce qu'il n'est pas nécessaire qu'ils aient de
profondeur. Outre ces manières, il y en a encore d'autres dont se forment
ces sortes de natures. Rien de tout cela ne contredit les sens, si on
considère la manière dont les images produisent leurs effets, et comment
elles nous donnent un sentiment des objets extérieurs.
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