[17,114] {LXXIII} Ἀπολύσας δὲ τὰς πρεσβείας περὶ τὴν ταφὴν ἐγίνετο
τοῦ ῾Ηφαιστίωνος. Τοσαύτην δὲ σπουδὴν ἐποιήσατο
πρὸς τὴν τῆς ἐκφορᾶς ἐπιμέλειαν ὥστε μὴ μόνον τὰς
προγεγενημένας παρ' ἀνθρώποις ταφὰς ὑπερβαλέσθαι,
ἀλλὰ καὶ τοῖς ἐσομένοις μηδεμίαν ὑπέρθεσιν
καταλιπεῖν. Καὶ γὰρ ἠγάπησεν αὐτὸν μάλιστα τῶν ἐν
στοργῇ φίλων δοξαζομένων καὶ μετὰ τὴν τελευτὴν
ἐτίμησεν αὐτὸν ἀνυπερβλήτως. Ζῶντα μὲν γὰρ
προετίμησε πάντων τῶν φίλων, καίπερ Κρατεροῦ φιλίαν
ἔχοντος ἐνάμιλλον. (2) Ἐπεὶ γάρ τις τῶν ἑταίρων εἶπεν
μηδὲν καταδεέστερον ῾Ηφαιστίωνος τὸν Κρατερὸν
στέργεσθαι, ἐπεφθέγξατο Κρατερὸν μὲν γὰρ εἶναι
φιλοβασιλέα, ῾Ηφαιστίωνα δὲ φιλαλέξανδρον. Τῆς δὲ
Δαρείου μητρὸς κατὰ τὴν πρώτην ἔντευξιν διὰ τὴν
ἄγνοιαν προσκυνούσης τὸν ῾Ηφαιστίωνα ὡς ὄντα
βασιλέα καὶ μετὰ τὴν ἐπίγνωσιν διατρεπομένης εἶπεν,
μηδὲν φροντίσῃς, ὦ μῆτερ· καὶ γὰρ <καὶ> οὗτος
᾿Αλέξανδρος. (3) Καθόλου γὰρ ὁ ῾Ηφαιστίων τοσαύτης
ἐξουσίας καὶ φιλικῆς ἐκοινώνει παρρησίας ὡς τῆς
᾿Ολυμπιάδος ἀλλοτρίως ἐχούσης πρὸς αὐτὸν διὰ τὸν
φθόνον καὶ κατὰ τὰς ἐπιστολὰς ἐπιτιμώσης αὐτῷ
σκληρότερον καὶ ἀπειλούσης τά τε ἄλλα γράψαι πρὸς
αὐτὴν ἐπιπληκτικῶς καὶ κατὰ τὴν ἐπιστολὴν ἐπὶ
τελευτῆς θεῖναι ταῦτα. "Καὶ πρὸς ἡμᾶς παύου
διαβαλλομένη καὶ μὴ χαλέπαινε μηδὲ ἀπείλει· εἰ δὲ μή,
μετρίως ἡμῖν μελήσει· οἶδας γὰρ ὅτι ᾿Αλέξανδρος
κρείττων ἁπάντων." (4) Ὁ δ' οὖν βασιλεὺς τὰ πρὸς τὴν
ἐκφορὰν παρασκευαζόμενος ταῖς μὲν πλησίον πόλεσι
προσέταξε κατὰ δύναμιν συμβάλλεσθαι πρὸς τὸν τῆς
ἐκφορᾶς κόσμον, πᾶσι δὲ τοῖς κατὰ τὴν ᾿Ασίαν οἰκοῦσι
προσέταξεν τὸ παρὰ τοῖς Πέρσαις ἱερὸν πῦρ καλούμενον
ἐπιμελῶς σβέσαι, μέχρι ἂν τελέσῃ τὴν ἐκφοράν· τοῦτο δὲ
εἰώθασιν οἱ Πέρσαι ποιεῖν κατὰ τὰς τῶν βασιλέων
τελευτάς. (5) Τὸ δὲ πλῆθος χαλεπὸν οἰωνὸν ἐτίθετο τὸ
πρόσταγμα καὶ τὸ θεῖον ὑπελάμβανον προσημαίνειν
τὸν τοῦ βασιλέως θάνατον. Ἐγένετο δὲ καὶ ἄλλα σημεῖα
παράδοξα προδηλοῦντα τὴν ᾿Αλεξάνδρου τελευτήν,
περὶ ὧν μικρὸν ὕστερον ἐροῦμεν, ὅταν τὸν περὶ τῆς
ἐκφορᾶς λόγον ἀποδῶμεν.
| [17,114] Alexandre après avoir donné congé à tous ces ambassadeurs, ne
s'occupa plus que des funérailles d'Hephestion. Il en prépara la cérémonie
de telle sorte que non seulement elles surpassassent en magnificence tout
ce qu'on avait vu jusqu'alors dans ce genre là ; mais qu'elles ne
laissassent à aucun roi futur l'espérance ou le pouvoir d'aller plus loin. Il
avait aimé ce favori au-delà de tout ce que l'histoire nous a conservé
d'exemples fameux d'amitié réelle et sincère , et il conserva les mêmes
sentiments après sa mort. Il n'est pas douteux que pendant sa vie, il ne
l'eût préféré à Craterus même qui semblait partager cet avantage avec
Hephestion. (2) Car un de ses courtisans lui ayant dit que l'un et l’autre
paraissait avoir un attachement égal pour sa personne, il répondit que
Craterus aimait le roi, mais qu'Hephestion aimait Alexandre: et lorsque le
lendemain de la bataille d'Issus, la mère de Darius se jeta aux pieds
d'Hephestion qu'elle prenait pour le roi vainqueur de son fils, et que
confuse de sa méprise elle lui en demandait pardon, le roi lui dit : Ma
mère, n'ayez aucun regret de ce que vous venez de faire, car celui-ci est
aussi Alexandre. (3) Enfin Hephestion se tenait si sûr du pouvoir qu'il
s'était acquis sur l'esprit du roi, et de l'autorité que lui donnait la sincérité
de son zèle, qu'Olympiade mère d'Alexandre en ayant conçu de la jalousie,
et ayant écrit à Hephestion des lettres pleines d'invectives et de menaces,
Hephestion lui répondit d'un ton qui marquait beaucoup de sécurité de sa
part, lui disant à la fin de sa lettre. Madame, je vous conseille de mettre fin
à vos accusations, à vos reproches et surtout à vos menaces, qui ne
produisent pas même l'effet de me donner de l'inquiétude, parce que le roi
est votre maître comme le mien.
(4) Alexandre préparant donc les funérailles de cet ami, envoya des ordres
à toutes les villes des environs de contribuer à leur magnificence, et fit
publier avant toutes choses dans les provinces de l'Asie, un édit par lequel
il était enjoint d'éteindre dans tous les temples ce que les Perses appellent
le feu sacré, jusqu'à ce qu'Hephestion fut enseveli, comme on le pratiquait
à la mort des rois. (5) Les devins tirèrent dès ce temps-là un très mauvais
augure de cette circonstance à l'égard du roi même. Et en effet, cet augure
fut accompagné de beaucoup d'autres qui donnèrent la même indication,
comme nous le dirons bientôt en rapportant la mort d'Alexandre :
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