HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

Chapitre 35

  Chapitre 35

[3,35] Λε'. Φέρε δὴ τούτων εἰρημένων ἡμῖν, λέγωμεν ἤδη καὶ τῶν ὀνομάτων κέχρηται ἀνήρ. Ὅτι μὲν οὖν περιττή τίς ἐστιν τῆς λέξεως τῆς Δημοσθένους ἁρμονία, καὶ μακρῷ δή τινι διαλλάττουσα τὰς τῶν ἄλλων ῥητόρων, οὐκ ἐμὸς μῦθος. Ἅπαντες γὰρ εὖ οἶδ´ ὅτι ταύτην αὐτῷ τὴν ἀρετὴν μαρτυρήσειαν, ὅσοι μὴ παντάπασι πολιτικῶν εἰσιν ἄπειροι λόγων· ὅπου γε καὶ οἱ κατὰ τὴν αὐτὴν ἡλικίαν ἀκμάσαντες ἐκείνῳ, θαυμάζοντές δὲ, δῆλοί εἰσιν αὐτὸν καὶ καλοῦντες ταύτην μάλιστα τῆς εὐτεχνίας; καί τοι τινὲς οὐδ´ οἰκείως διακείμενοι πρὸς αὐτόν, ὥστε κολακείας ἐξενέγκασθαι δόξαν, ἀλλ´ ἔνιοί γε καὶ σφόδρα ἀπεχθεῖς καὶ ἀδιαλλάκτους ἐπανῃρημένοι πολέμους· ὧν ἦν Αἰσχίνης ῥήτωρ, ἀνὴρ λαμπροτάτῃ φύσει περὶ λόγους χρησάμενος· ὃς οὐ πολὺ ἂν ἀπέχειν δοκεῖ τῶν ἄλλων ῥητόρων, καὶ μετὰ Δημοσθένην μηδενὸς δεύτερος ἀριθμεῖσθαι. Οὗτος μὲν δὴ τῆς ἄλλης δεινότητος, περὶ τὸν ἄνδρα τοῦτον ἐγένετο, κατὰ τὸ λεκτικόν ἔτι διακνίζει καὶ συκοφαντεῖ, πρᾶγμα ἐχθροῦ ποιῶν. Καὶ γὰρ καινότητα ὀνομάτων, καὶ ἀηδίαν καὶ περιεργίαν, καὶ τὸ σκοτεινὸν δὴ τοῦτο καὶ πικρὸν, καὶ ἄλλα πολλὰ τοιαῦτα προστρίβεται αὐτῷ, βασκαίνων μέν, ὥσπερ ἔφην, καὶ ταῦτα, ὅμως δ´ οὖν ἀφορμάς γέ τινας τοῦ συκοφαντεῖν εὐλόγους λαμβάνων· περὶ δὲ τῆς συνθέσεως τῶν ὀνομάτων οὐδὲν οὔτε μεῖζον ἤκα γέλωτα φέρων. οὐχὶ τοῦτό πω θαυμάζειν, ἀλλ´ ὅτι καὶ μαρτυρῶν πολλαχῇ τὴν ἀρετὴν τῷ ῥήτορι κατάδηλός ἐστι καὶ ζηλῶν. Φανερὸν δὲ τοῦτο γένοιτ´ ἂν ἐξ ὧν αὐτὸς εἴρηκε, τότε μὲν οὕτω πως γράφων· « Ὅταν δὲ ἄνθρωπος ἐξ ὀνομάτων συγκείμενος, καὶ τούτων πικρῶν καὶ περιέργων . » Ἐν γὰρ δὴ τούτοις οὐ τὴν ἐκλογὴν ἐπαινεῖ τῶν ὀνομάτων αὐτοῦ, μὰ Δία. Τίς γὰρ ἂν γένοιτο πικρᾶς καὶ περιέργου ζῆλος ὀνομασίας ἐν ἀηδίᾳ; Ἑτέρῳ δὲ λόγῳ οὑτωσὶ λέγων· « Ὡς ὑμᾶς ὀρρωδῶ κακῶς πάσχοντας, τὴν σύνθεσιν τῶν Δημοσθένους ὀνομάτων ἀγαπήσαντας. » Καὶ γὰρ ἐνταῦθα πάλιν οὐ δέδοικε μὴ τὸ κάλλος καὶ τὴν μεγαλοπρέπειαν αὐτοῦ τῶν ὀνομάτων ἀγαπήσωσιν Ἀθηναῖοι, ἀλλὰ μὴ λάθωσιν ὑπὸ τῆς συνθέσεως γοητευθέντες· ὥστε καὶ τῶν φανερῶν αὐτὸν ἀδικημάτων ἀφεῖναι διὰ τὰς σειρῆνας τὰς ἐπὶ τῆς ἁρμονίας. Ἐκ δὲ τούτων οὐ χαλεπὸν ἰδεῖν ὅτι δεινότητα μὲν αὐτῷ, ὅσην οὐχ ἑτέρῳ, μαρτυρῶν, καὶ ταῖς σειρῆσιν ἀπεικάζων αὐτοῦ τὴν μουσικήν, ἀγάμενος δὲ οὐ τῆς ἐκλογῆς τῶν ὀνομάτων αὐτόν, ἀλλὰ τῆς συνθέσεως, ἀναμφιλόγως αὐτῷ ταύτην παρακεχώρηκε τὴν ἀρετήν. [3,35] XXXV. Après ces réflexions, je vais faire connaître l'arrangement de mots dont Démosthène a fait usage. Dire que, sous ce rapport, il est parfait et bien au-dessus de tous les orateurs, ce n'est pas exprimer une opinion personnelle : tous ceux qui ont quelque teinture de l'éloquence lui accordent cette supériorité. Ses contemporains mêmes regardèrent cet arrangement comme ce qui mérite le plus d'être imité dans ses compositions. Et qu'on ne dise pas qu'ils furent zélés pour sa gloire, au point d'être suspects de flatterie. Bien loin de là ; plusieurs, au contraire, étaient jaloux de sa célébrité et lui suscitèrent des luttes périlleuses. Dans ce nombre, il faut placer Eschine, qui, doué des plus heureuses dispositions pour l'éloquence, ne le cédait à aucun orateur et mérita le premier rang après Démosthène. Il attaquait avec un acharnement voisin de la haine, cette véhémence qui domine dans Démosthène ; il reprochait à sa diction de la nouveauté, de l'enflure, de la recherche, de l'obscurité, de la dureté, et d'autres défauts semblables. Mais, je le répète, si sa critique est souvent dictée par l'envie, elle ne manque pas toujours de fondement. Il ne lui adresse pas le moindre reproche sur l'arrangement des mots, et ce n'est pas étonnant : ce qui doit surprendre, c'est qu'en plusieurs endroits il le loue même sous ce rapport, et s'efforce de l'imiter. On peut s'en convaincre par ses propres paroles : « Lorsque Démosthène, dit-il, emploie une diction austère et recherchée. » Certes, il n'a pas eu en vue de louer le choix des mots. Quel mérite aurait-il pu trouver dans des expressions austères et recherchées » Dans un autre discours, il dit : « Je crains que vous ne rendiez une décision peu équitable, si vous vous laissez séduire par l'arrangement que Démosthène sait donner à ses paroles.» Ici, Eschine n'appréhende pas que les Athéniens n'aiment trop la pompe et la grandeur du style de son rival ; mais plutôt que l'artifice de sa composition ne leur fasse illusion, à leur insu; et qu'entraînés par l'harmonie enchanteresse de son éloquence, ils n'aillent jusqu'à l'absoudre des fautes les plus manifestes. Ainsi, Eschine reconnaît dans Démosthène une énergie, qui ne se trouve au même degré dans aucun orateur ; et il n'hésite pas à comparer son style à la voix des sirènes. Cette admiration lui était inspirée moins par le choix que par l'arrangement des mots, dont il le regardait comme le meilleur modèle.


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Dernière mise à jour : 4/09/2009