[3,32] Λβ'.
Οὐθείς ἐστιν, ὃς οὐχ ὁμολογήσειεν, εἰ μόνον ἔχοι μετρίαν αἴσθησιν περὶ λόγους, καὶ
μήτε βάσκανος ᾖ, μήτε δύσερίς τις, οὕτῳ διαφέρειν τὴν ἀρτίως παρατεθεῖσαν λέξιν τῆς
προτέρας, ὅσῳ διαλλάττει πολεμιστήρια μὲν ὅπλα πομπευτηρίων, ἀληθιναὶ δὲ ὄψεις
εἰδώλων, ἐν ἡλίῳ δὲ καὶ πόνοις τεθραμμένα σώματα τῶν σκιὰς καὶ ῥᾳστώνας διωκόντων.
Ἣ μὲν γὰρ, οὐδὲν ἔξω τῆς εὐμορφίας ἐπιτηδεύει, καὶ παρὰ τοῦτ´ ἔστιν αὐτοῖς τὸ κακὸν ἐν
ἀναληθέσιν· ἣ δὲ, οὐδέν, ὅ τι οὐκ ἐπὶ τὸ χρήσιμον καὶ ἀληθινὸν ἄγει. Καί μοι δοκεῖ τις οὐκ
ἂν ἁμαρτεῖν τὴν μὲν Πλάτωνος λέξιν εἰκάσας ἀνθηρῷ χωρίῳ καταγωγὰς ἡδείας ἔχοντι καὶ
τέρψεις ἐφημέρους, τὴν δὲ Δημοσθένους διάλεκτον, εὐκάρπῳ καὶ παμφόρῳ γῇ, καὶ οὔτε
τῶν ἀναγκαίων εἰς βίον, οὔτε τῶν περιττῶν εἰς τέρψιν σπανιζούσῃ. Δυνάμενος δ´ ἄν, εἰ
βουλοίμην, καὶ τὰ κατὰ μέρος ἑκάτερα κατορθώματα ἐξετάζειν, καὶ δεικνύειν ὅσῳ
κρείττων ἐστὶν ἡ Δημοσθένους λέξις τῆς Πλατωνικῆς, οὐ μόνον κατὰ τὸ ἀληθινὸν καὶ πρὸς
ἀγῶνας ἐπιτήδειον· τοῦτο γὰρ, ὡς πρὸς εἰδότας ὁμοίως ἅπαντας, οὐδὲ λόγου δεῖν οἶμαι·
ἀλλὰ καὶ κατὰ τὸ τροπικόν, περὶ ὃ μάλιστα δεινὸς ὁ Πλάτων εἶναι δοκεῖ. Καὶ πολλὰς ἔχων
ἀφορμὰς λόγων, ταύτην μὲν εἰς ἕτερον καιρὸν ἀναβάλλομαι τὴν θεωρίαν, εἴπερ περιέσται
μοι χρόνος· ἰδίαν γὰρ οὐκ ὀκνήσω περὶ αὐτῆς ἐξενέγκαι πραγματείαν· νυνὶ δέ, ὅσα ἐν τῷ
παρόντι ἥρμοττεν, εἴρηται. Ἐπειδὴ δὲ παρελθεῖν ἡμῖν οὐκ ἐνῆν Πλάτωνα, ᾧ τὰ πρωτεῖά
τινες ἀπονέμουσι, κατατρῖψαι δὲ τὸν χρόνον περὶ μίαν ταύτην θεωρίαν ἐπιλελησμένου τῆς
ὑποθέσεως, ἦν, τῇδέ μοι περιγεγράφθω. Βούλομαι δὲ δὴ καὶ συλλογίσασθαι τὰ εἰρημένα ἐξ
ἀρχῆς, καὶ δεῖξαι πάνθ´ ὅσα ὑπεσχόμην ἀρχόμενος τῆς θεωρίας τοῦ λεκτικοῦ τόπου,
πεποιηκότα ἐμαυτόν.
| [3,32] XXXII. Il n'est personne, sans doute, qui, avec la plus légère connaissance de l'art
oratoire et un esprit exempt de jalousie et de prévention, ne sente que ce style diffère du
style de Platon, autant que des armes destinées au combat diffèrent de celles qui sont faites
pour une vaine parade; autant que la réalité diffère d'une image trompeuse, et un corps
endurci aux ardeurs du soleil et aux fatigues, de celui qui est accoutumé à une douce
fraîcheur ou à la mollesse. La diction de Platon, qui ne vise qu'à l'élégance, est défectueuse
dans les véritables discussions ; celle de Démosthène, au contraire, tend toujours à l'utile et
au vrai. Il me semble qu'on pourrait, avec assez de justesse, comparer la première à une
prairie émaillée de fleurs et toujours brillante d'une parure riche, mais qui ne dure qu'un
jour, et la seconde à un champ couvert de moissons abondantes, et dont la fécondité ne
laisse à désirer aucune production nécessaire à la vie, ou propre à la rendre agréable. Je
pourrais, si je le voulais, examiner en détail toutes les qualités de ces deux écrivains, et faire
voir combien Démosthène l'emporte sur Platon, non seulement parce que son style est plus
naturel et plus convenable à l'éloquence du barreau (car tout le monde est d'accord sur ce
point, et je n'ai pas besoin d'en donner de nouvelles preuves ); mais aussi par l'emploi des
figures, quoique Platon passe pour le meilleur modèle sous ce rapport. Comme j'ai encore
plusieurs questions à traiter, je m'occuperai de cet examen dans une autre occasion, si le
temps me le permet. Je ne craindrai point de consacrer un traité particulier à cet objet : ce
que je viens de dire suffira sans doute pour le moment. Je ne pouvais passer sous silence
Platon, cet écrivain à qui plusieurs critiques décernent la palme; mais, en m'arrêtant trop
longtemps sur un seul objet, je paraîtrais perdre de vue le but principal de cet écrit : je
réserverai donc pour un nouveau traité les observations que j'ai encore à faire sur ce
philosophe. Je vais résumer, en peu de mots, celles que j'ai présentées jusqu'ici, afin de
montrer que je me suis acquitté de l'engagement que j'avais contracté, en mettant la main à
ce traité sur le style.
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