[3,33] Λγ'.
Ἡ πρόθεσις ἦν μοι καὶ τὸ ἐπάγγελμα τοῦτο, τῇ κρατίστῃ λέξει καὶ πρὸς ἅπασαν
ἀνθρώπου φύσιν ἡρμοσμένῃ, μετριώτατα Δημοσθένη κεχρημένον ἐπιδεῖξαι, καὶ τοῦτό γε
συνάγειν ἐπειρώμην οὐκ ἐξ αὐτῆς ἐκείνης μόνης τὰς πίστεις διδούς· ᾔδειν γὰρ ὅτι οὐδὲν
αὔταρκές ἐστιν ἐφ´ ἑαυτοῦ θεωρούμενον οἷόν ἐστιν ὀφθῆναι καὶ καθαρῶς· ἀλλ´
ἀντιπαρατιθεὶς αὐτῇ τὰς τῶν ἄλλων ῥητόρων τε καὶ φιλοσόφων λέξεις τὰς κράτιστα
δοκούσας ἔχειν, καὶ τῇ δι´ ἀλλήλων βασάνῳ φανερὰν ποιῶν τὴν ἀμείνω· ἵνα τὴν φυσικὴν
ὁδὸν ὁ λόγος μοι λάβῃ, τοὺς χαρακτῆρας τῶν διαλέκτων τοὺς ἀξιολογωτάτους
κατηριθμησάμην, καὶ τοὺς πρώτους ὄντας ἐν αὐτοῖς ἄνδρας ἐπῆλθον· ἔπειτα, δείξας
ἀτελεῖς ἅπαντας ἐκείνους, καὶ καθ´ ὃ μάλιστα ἀδέκαστον ὑπελάμβανον τοῦ τέλους
ἐκλογισάμενος διὰ βραχέων, ἦλθον ἐπὶ τὸν Δημοσθένη. Τοῦτον δὲ ἑνὸς μὲν οὐδενὸς
ἀποφηνάμενος οὔτε χαρακτῆρος οὔτ´ ἀνδρὸς ζηλωτὴν γενέσθαι, ἐξ ἁπάντων δὲ τὰ
κράτιστα ἐκλεξάμενον, κοινὴν καὶ φιλάνθρωπον τὴν ἑρμηνείαν κατεσκευακέναι, κατὰ
τοῦτο μάλιστα διαφέρειν τῶν ἄλλων, πίστεις ὑπὲρ τοῦδε παρειχόμην· διελόμενος μὲν τὴν
λέξιν εἰς τρεῖς χαρακτῆρας τοὺς γενικωτάτους, τόν τε ἰσχνὸν, καὶ τὸν ὑψηλὸν, καὶ τὸν
μεταξὺ τούτων· ἀποδεικνὺς δ´ αὐτὸν ἐν τοῖς τρισὶ γένεσι κατορθοῦντα τῶν ἄλλων μάλιστα,
λέξεις τινὰς αὐτοῦ λαμβάνων, αἷς ἀντιπαρεξήταζον ἑτέρας ὁμοειδεῖς, λόγου μὲν ἀξίας, οὐ
μὴν ἀνεπιλήπτους γε τελέως, οὐδ´, ὥσπερ ἐκείνη πάσας τὰς ἀρετὰς ἐχούσας. Καὶ γὰρ ἥ τε
Ἰσοκράτους καὶ Πλάτωνος καὶ τῶν θαυμασιωτάτων ἀνδρῶν μνήμη καὶ σύγκρισις, οὐκ ἔξω
τοῦ εἰκότος ἐγίγνετό μοι· ἀλλ´ ἐπὶ τοῦ μέσου καὶ κρατίστου χαρακτῆρος οὗτοι ζηλωταὶ
γενόμενοι, μεγίστης δόξης ἔτυχον· ἵνα δείξαιμι κἂν εἰ τῶν ἄλλων ἀμείνους εἰσί, Δημοσθένει
γε οὐκ ἀξίους ὄντας ἁμιλλᾶσθαι περὶ τῶν ἀριστείων· ὀλίγα τούτοις ἔτι προσθεὶς περὶ τῆς
λέξεως, ἐπὶ τὸ καταλειπόμενον τῆς θεωρίας μέρος μεταβήσομαι.
| [3,33] XXXIII. Mon but, comme je l'ai d'abord annoncé, était de prouver que Démosthène,
par un sage tempérament, a su employer le meilleur style; celui qui s'adapte le mieux à la
nature de l'homme. J'ai tâché de le démontrer. Je ne me suis point borné à des exemples
tirés de ses discours, parce que je suis persuadé que pour connaître une chose à fond, il ne
suffit pas de l'examiner isolément. J'ai comparé au style de Démosthène celui des
philosophes et des orateurs les plus estimés; et après un examen impartial, j'ai déclaré à qui
je donnais le premier rang. Afin de suivre la marche tracée par la nature, j'ai parlé des divers
genres de style et des écrivains qui se sont le plus distingués dans chaque genre. J'ai prouvé
ensuite qu'ils étaient imparfaits ; et après avoir indiqué, en peu de mots, pourquoi ils me
paraissaient tous laisser quelque chose à désirer, je suis arrivé à Démosthène. J'ai fait voir
qu'il ne s'attacha exclusivement à aucun genre, ni à aucun écrivain ; mais qu'il prit partout ce
qu'il trouvait de parfait et se fit une diction à la portée de tout le monde, riche, élégante, et
qui l'a placé au-dessus de tous les écrivains : j'ai confirmé toutes mes assertions par des
exemples, J'ai établi trois genres de style, qui sont les plus usités : le simple, le sublime, et le
moyen. J'ai montré que Démosthène a réussi dans ces trois genres beaucoup mieux que tout
autre : j'ai rapporté plusieurs morceaux de ses discours, et je les ai mis en parallèle avec des
passages analogues de plusieurs écrivains recommandables sans doute, mais chez lesquels
on chercherait en vain la perfection et cette heureuse alliance de toutes les qualités qui se
trouvent dans Démosthène. J'ai cité Isocrate, Platon et d'autres auteurs célèbres ; je les ai
comparés avec Démosthène, et ce n'est pas sans raison. J'ai dit qu'ils cultivèrent le genre
moyen, qui me paraît préférable à tous les autres; qu'ils acquirent par là une brillante
renommée, et que s'ils éclipsèrent ceux qui les avaient précédés, ils ne sauraient disputer la
palme à Démosthène. Je vais ajouter quelques nouvelles observations sur le style : je
passerai ensuite à ce qui doit compléter ce traité.
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