HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène)

Chapitre 1

  Chapitre 1

[3,0] ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΑΛΙΚΑΡΝΑΣΕΩΣ ΠΕΡΙ ΤΗΣ ΔΗΜΟΣΘΕΝΟΥΣ ΛΕΞΕΩΣ. [3,0] SUR L'EXCELLENCE DE L'ÉLOCUTION DE DÉMOSTHÈNE.
[3,1] Α'. « Ἐστασίαζέ τε οὖν τὰ τῶν πόλεων, καὶ τὰ ἀφυστερίζοντά που, πύστει τῶν προγενομένων πολὺ ἐπέφερε τὴν ὑπερβολὴν ἐς τὸ καινοῦσθαι τὰς διανοίας, τῶν τ´ ἐπιχειρήσεων περιτεχνήσει, καὶ τῇ τῶν τιμωριῶν ἀτοπίᾳ. Καὶ τὴν εἰωθυῖαν ἀξίωσιν τῶν ὀνομάτων, ἐς τὰ ἔργα ἀντήλλαξαν τῇ δικαιώσει· τόλμα μὲν γὰρ ἀλόγιστος, ἀνδρία φιλέταιρος ἐνομίσθη· μέλλησις δὲ προμηθὴς, δειλία εὐπρεπής· τὸ δὲ σῶφρον, τοῦ ἀνάνδρου πρόσχημα· καὶ τὸ πρὸς ἅπαν ξυνετὸν ἐπίπαν ἀργόν· τὸ δ´ ἐμπλήκτως ὀξὺ, ἀνδρὸς μοίρᾳ προσετέθη· ἀσφάλεια δὲ τὸ ἐπιβουλεύσασθαι, ἀποτροπῆς πρόφασις εὔλογος. Καὶ μὲν χαλεπαίνων πιστὸς ἀεί· δὲ ἀντιλέγων αὐτῷ, ὕποπτος. Ἐπιβουλεύσας δέ τις, τυχών τε, ξυνετὸς· καὶ ὑπονοήσας, ἔτι δεινότερος· προβουλεύσας δέ, ὅπως μηδὲν αὐτῷ δεήσει, τῆς τε ἑταιρίας διαλυτὴς, καὶ τοὺς ἐναντίους ἐκπεπληγμένος. Ἁπλῶς δὲ φθάσας τὸν μέλλοντα κακόν τι δρᾶν, ἐπῃνεῖτο, καὶ ἐπικελεύσας τὸν μὴ διανοούμενον. Καὶ μὴν καὶ τὸ ξυγγενὲς τοῦ ἑταιρικοῦ ἀλλοτριώτερον ἐγένετο, διὰ τὸ ἑτοιμότερον εἶναι ἀπροφασίστως τολμᾶν. Οὐ γὰρ μετὰ τῶν κειμένων νόμων ὠφελείας αἱ τοιαῦται ξύνοδοι, ἀλλὰ παρὰ τοὺς καθεστῶτας πλεονεξίᾳ. Καὶ τὰς ἐς σφᾶς αὐτοὺς πίστεις οὐ τῷ θείῳ καὶ νομίμῳ μᾶλλον ἐκρατύνοντο, τῷ κοινῇ τι παρανομῆσαι· τά τε ἀπὸ τῶν ἐναντίων καλῶς λεγόμενα, ἐνεδέχοντο ἔργων φυλακῇ, εἰ προὔχοιεν, καὶ οὐ γενναιότητι. Ἀντιτιμωρήσασθαί τέ τινα, περὶ πλείονος ἦν, αὐτὸν μὴ προπαθεῖν. Καὶ ὅρκοι εἴ που ἄρα γένοιντο ξυναλλαγῆς, ἐν τῷ αὐτίκα πρὸς τὸ ἄπορον ἑκατέρῳ διδόμενοι, ἴσχυον οὐκ ἐχόντων ἄλλοθεν δύναμιν. » μὲν οὖν ἐξηλλαγμένη καὶ περιττὴ καὶ ἐγκατάσκευος, καὶ τοῖς ἐπιθέτοις κόσμοις ἅπασι συμπεπληρωμένη λέξις, ἧς ὅρος καὶ κανὼν Θουκυδίδης, ὃν οὐθεὶς οὔθ´ ὑπερεβάλετο τῶν ἐπιγινομένων, οὔτε ἐμιμήσατο, τοιαύτη τις ἦν. [3,1] I. « Les villes étaient la proie à la sédition : celles qui s'y livraient les dernières, instruites des excès commis par les autres, mettaient toute leur industrie à se signaler par des attaques d'un nouveau genre, ou par l'atrocité des vengeances. Elles changeaient l'acception ordinaire des mots destinés à caractériser les actions, et les désignaient par d'autres. L'audace inconsidérée fut traitée de courage intrépide pour ses amis; la lenteur prévoyante, de lâcheté décorée d'un beau nom. La modestie fut regardée comme une pusillanimité; et une sage circonspection, comme une lenteur incapable de rien entreprendre : une aveugle témérité devint le trait caractéristique de l'homme de coeur. Délibérer mûrement pour ne rien entreprendre au hasard, c'était un prétexte honnête pour ne pas s'engager : l'homme violent fut un homme sûr; celui qui le contrariait, un homme suspect. Dresser des embûches et réussir, c'était avoir de l'esprit; les prévenir, c'était en avoir davantage ; prendre ses mesures d'avance, pour n'être jamais obligé de recourir à tous ces artifices, c'était trahir l'amitié et avoir peur des ennemis. Prévenir un adversaire prêt à nuire, ou pousser à mal faire un citoyen qui n'y pensait pas, c'était mériter des éloges. Les amitiés de parenté furent moins respectées que les amitiés de faction, parce que celles-ci sont disposées à tout oser, sans jamais alléguer d'excuse. Les associations ne se formaient plus pour le maintien de lois établies, mais dans des vues de cupidité contraires aux lois. Ceux qui entraient dans ces ligues fondaient leur confiance réciproque non pas sur le nom des dieux témoins de leurs serments, mais sur des crimes qui rendaient leurs intérêts communs. On adoptait quelquefois ce que disait de bien le parti opposé, mais c'était pour se tenir en garde contre lui, s'il arrivait qu'il prit le dessus, et non par générosité. Le plaisir de la vengeance paraissait plus désirable que l'avantage de n'avoir pas reçu le premier une offense. Si quelquefois on faisait des serments de réconciliation, ils n'étaient respectés que pour le moment, parce qu'on se trouvait dans une crise violente et qu'on n'avait pas d'autre ressource. » Voilà un exemple de cette diction extraordinaire, pompeuse, pleine d'art et surchargée d'ornements empruntés : Thucydide peut être regardé comme la règle et le modèle de ce genre de style; aucun écrivain après lui ne l'a porté aussi loin, aucun même ne s'en est rapproché.


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Dernière mise à jour : 4/09/2009