[12,7] ῾Ο δὲ παρὰ τῷ ῾Ομήρῳ ᾽Οδυσσεὺς ἡγεμὼν δοκεῖ γεγενῆσθαι ᾽Επικούρῳ
τῆς πολυθρυλήτου ἡδονῆς, ὅσπερ φησίν·
(513b) Οὐ γὰρ ἔγωγέ τι φημὶ τέλος χαριέστερον εἶναι
ἢ ὅταν εὐφροσύνη μὲν ἔχη κάτα' δῆμον ἅπαντα,
δαιτυμόνες δ' ἀνὰ δώματ' ἀκουάζωνται ἀοιδοῦ
ἥμενοι ἑξείης, παρὰ δὲ πλήθωσι τράπεζαι
σίτου καὶ κρειῶν, μέθυ δ' ἐκ κρητῆρος ἀφύσσων
οἰνοχόος παρέχῃσι καὶ ἐγχείῃ δεπάεσσιν.
τοῦτό τί μοι κάλλιστον ἐνὶ φρεσὶν εἴδεται εἷναι.
Ὁ δὲ Μεγακλείδης φησὶ τὸν ᾽Οδυσσέα καθομιλοῦντα τοὺς καιρους ὑπὲρ τοῦ
δοκεῖν ὁμοήθη τοῖς Φαίαξιν εἷναι τὸ ἁβροδίαιτον αὐτῶν ἀσπάζεσθαι, (513c)
προπυθόμενον τοῦ ᾽Αλκίνου·
Αἰεὶ δ' ἡμῖν δαίς τε, φίλη κίθαρίς τε χοροί τε
εἵματα τ' ἐξημοιβὰ λοετρά τε θερμὰ καὶ εὐναί.
Μόνως γὰρ οὕτως ᾠήθη ὧν ἤλπιζεν μὴ διαμαρτεῖν.
Τοιοῦτός ἐστιν καὶ ὁ παραινῶν ᾽Αμφιλόχῳ τῷ παιδί·
Ὦ τέκνον,
ποντίου θηρὸς πετραίου χρωτὶ μάλιστα νόον
προσφέρων πάσαις πολίεσσιν ὁμίλει·
τῷ παρεόντι δ' ἐπαινήσαις ἑκὼν
(513d) ἄλλοτ' αλλοῖα φρόνει.
Ὁμοίως φησὶν καὶ Σοφοκλῆς ἐν ᾽Ιφιγενείᾳ·
Νόει πρὸς ἀνδρί, σῶμα πουλύπους ὅπως
πέτρᾳ τραπέσθαι γνησίου φρονήματος.
Καὶ ὁ Θέογνις·
Πουλύπου ὀργὴν ἴσχε πολυπλόκου.
Εἰσὶ δ' οἵ φασι ταύτης εἷναι τῆς γνώμης τὸν ῞Ομηρον, προτάττοντα τοῦ
σπουδαίου βίου πολλάκις τὸν καθ' ἡδονήν, λέγοντα·
Οἱ δὲ θεοὶ πὰρ Ζηνὶ καθήμενοι ἠγορόωντο
(513e) χρυσέῳ ἐν δαπέδῳ, μετὰ δέ σφισι πότνια ῞Ηβη
νέκταρ ἐῳνοχόει, τοὶ δὲ χρυσέοις δεπάεσσι
δειδέχατ' ἀλλήλους.
Καὶ ὁ Μενέλαος δὲ παρ' αὐτῷ φησιν·
Οὐδέ κεν ἡμέας
ἄλλο διέκρινεν φιλέοντέ τε τερπομένω τε.
Καί·
Ἣμεθα δαινύμενοι κρέα τ' ἄσπετα καὶ μέθυ ἡδύ.
Διόπερ καὶ ᾽Οδυσσεὺς τρυφὴν καὶ λαγνείαν τέλος τοῦ βίου παρὰ τῷ
᾽Αλκινόῳ τίθεται.
| [12,7] Chez Homère, Ulysse semble s'être jeté sur la voie du plaisir, selon la
définition d'Épicure : c'est tout au moins ce qui transparaît dans ces vers :
« Nul n'est plus suave, à mon goût ! La joie étreint tout ce peuple, et les convives, assis
en rang dans ton palais, écoutent les chants de l'aède. Les tables débordent de pains et
de viandes ; l'échanson, faisant couler le vin du cratère, verse ce nectar dans les
coupes et le distribue. Quel insigne plaisir pour l'âme que de goûter pareille vision ! »
Toutefois, Mégacléidès ajoute qu'Ulysse se pliait tout simplement aux
circonstances et qu'il feignait de faire siennes les coutumes des
Phéaciens et de partager leur mode de vie luxurieux, parce qu'il avait eu
vent de la phrase d'Alcinoos :
« Les repas sont notre joie, de même que la cithare, les danses, les mises toujours
renouvelées, les bains chauds et les lits moelleux. »
C'est en vivant comme eux seulement qu'il espérait ainsi se les concilier.
C'est un tel type d'homme qui loue le garçon répondant au nom d'Amphilochos :
« Enfant, toi dont l'esprit est semblable à la peau de la créature vivant dans les récifs, tu
t'ébats à travers toutes les villes ; tu es volontiers complaisant à l'égard de celui que tu
rencontres, et tes pensées se modifient en fonction de l'endroit où tu te trouves. »
De même, Sophocle dit dans son Iphigénie :
« Tel le polype qui prend la couleur de la roche où il se pose, tu te ranges à l'avis de
l'homme dont la pensée sonne vraie. »
Et Théognis : « Il a les manières du polype aux replis multiples.«
Selon certains, Homère partagerait cette opinion, les vers qui suivent
montrant la supériorité d'une vie de plaisir sur une vie austère.
« Les Dieux entourant Zeus étaient tous assemblés sur le pavage d'or, la vénérable
Hèbè versait le nectar, et ils buvaient dans des coupes d'or. »
Ménélas a également ces mots dans Homère :
« Rien ne pourrait nous défaire de notre amour, de notre bonheur réciproque. »
Il dit encore :
« Nous avons pris quelques repos dans un festin de viandes abondantes et de vin doux.»
Pour toutes ces raisons, Ulysse envisage, qu'à la cour d'Alcinoos, le luxe
et la volupté sont la seule finalité de l'existence.
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