[1,17] διὸ οὐδὲν θαυμαστὸν τοὺς
οὕτω τεθραμμένους ἀφλεγμάντους εἶναι τὰ σώματα
καὶ τὰς ψυχάς. ἐνδεικνύμενος οὖν καὶ τὴν εὐταξίαν
ὡς ὑγιεινόν ἐστι καὶ εὔχρηστον καὶ κοινὸν τὸν σοφώτατον
Νέστορα πεποίηκε Μαχάονι τῷ ἰατρῷ
τετρωμένῳ τὸν δεξιὸν ὦμον προσφέροντα οἶνον, ταῖς
φλεγμοναῖς ἐναντιώτατον ὄντα, καὶ τοῦτον Πράμνειον,
ὃν ἴδμεν παχὺν καὶ πολύτροφον (οὐ δίψης ἄκος,
ἀλλ´ ἐμφορήσεως ἕνεκα· πεπωκότι γοῦν παρακελεύεται
συνεχῶς τοῦτο ποιεῖν· ‘σὺ μέν, φησί, πῖνε
καθήμενος’), καὶ ἐπιξύοντα τυρὸν αἴγειον, ἐπὶ δὲ κρόμυον
ποτοῦ ὄψον, ἵνα πλεῖον πίνῃ, καίτοι
ἀλλαχοῦ λέγων τὸν οἶνον ἐκλύειν τὴν ἰσχὺν
καὶ ἀπογυιοῦν. περὶ δὲ τοῦ Ἕκτορος Ἑκάβη
οἰομένη μενεῖν αὐτὸν τὸ καταλειπόμενον τῆς ἡμέρας
παρακαλεῖ πιεῖν σπείσαντα, προτρεπομένη εἰς θυμηδίαν·
ὃ δ´ ὑπερτίθεται πρὸς πρᾶξιν ἐξιών. καὶ ἣ
μὲν ἀπερισπάστως ἐπαινεῖ τὸν οἶνον, ὃ δὲ μετὰ
ἄσθματος ἥκων ἀπωθεῖται· καὶ ἣ μὲν ἀξιοῖ σπείσαντα
πιεῖν, ὃ δὲ καθῃμαγμένος ἀσεβὲς ἡγεῖται. οἶδε δὲ ὁ
Ὅμηρος καὶ τὸ ὠφέλιμον καὶ τὸ σύμμετρον τοῦ οἴνου
ἐν οἷς τὸν χανδὸν ἕλκοντα αὐτὸν βλάπτεσθαι φησί.
καὶ κράσεων δὲ γένη διάφορα ἐπίσταται· οὐκ
ἂν γὰρ Ἀχιλλεὺς τὸ ζωρότερον κεραίρειν διέστειλε,
μὴ οὔσης τινὸς καθημερινῆς κράσεως. ἴσως
οὖν οὐκ ἐγίνωσκεν αὐτὸν εὐδιαφόρητον ἄνευ στερεμνίου
σιτίου μίγματος, ὃ τοῖς ἰατροῖς διὰ τὴν τέχνην
ἐστὶ δῆλον· τοῖς γοῦν καρδιακοῖς μετὰ οἴνου σιτῶδες
ἀναμίσγουσί τι πρὸς κατοχὴν τῆς δυνάμεως. ἀλλ´
ἐκεῖνος τῷ μὲν Μαχάονι μετ´ ἀλφίτου καὶ τυροῦ δέδωκε
τὸν οἶνον, τὸν δ´ Ὀδυσσέα ποιεῖ συνάπτοντα
τὴν ἀπὸ τῶν σιτίων καὶ οἴνου ὠφέλειαν·
ὃς δέ κ´ ἀνὴρ οἴνοιο κορεσσάμενος καὶ ἐδωδῆς.
τῷ δὲ κωθωνιζομένῳ δίδωσι τὸν ἡδύποτον, οὕτω καλέσας αὐτόν·
ἐν δὲ πίθοι οἴνοιο παλαιοῦ ἡδυπότοιο.
| [1,17] Il n'est pas étonnant que des hommes élevés de cette manière,
eussent toujours le corps et l'esprit libres des effets de l'humeur.
Mais pour montrer combien une vie régulière est salubre, utile, et
combien elle fournit de ressources, Homère fait venir Nestor au secours de
Machaon, médecin des Grecs, blessé à l'épaule droite : et que lui fait-il
donner ? Du vin, substance la plus contraire aux amas d'humeurs ; que
dis-je, du vin de Pramne, que nous savons être épais, et capable de bien
soutenir les forces : (10b) ce n'est pas pour le désaltérer, mais pour lui servir
comme d'aliment ; aussi lui recommande-t-il d'en continuer l'usage.
"Assieds-toi, bois, gratte du fromage de chèvre dans ce vin ; et après avoir bu,
mange de l'oignon, afin de t'exciter encore à boire." Homère dit
néanmoins ailleurs que le vin détruit les forces et abat totalement.
Hécube, dans le même poète, s'imaginant qu'Hector va demeurer toute
la journée à Troie, lui conseille de boire après qu'il aura fait des libations
l'exhortant ainsi à se réjouir. Mais Hector remet la partie à un autre temps, et
sort pour aller combattre. (10c) Hécube ne continue pas moins de faire l'éloge
du vin. Hector, qui revient tout hors d'haleine, rejette son conseil. Elle insiste
encore sur ce qu'il boive après les libations d'usage; mais lui, tout souillé de
sang, il croit qu'il y aurait de l'impiété à le faire dans l'état où il se trouve alors.
Homère ne connaît pas seulement les avantages du vin, il sait aussi qu’il
faut en prendre avec mesure, et dit qu'il fait du mal à ceux qui en boivent à
grands coups. Il n'ignorait pas non plus les diverses manières de le mêler
avec l'eau. En effet, Achille n'aurait pas dit en certaine circonstance, qu'il
fallait le boire plus spiritueux, s'il n'y avait pas eu certaine règle pour le
mélange ordinaire de chaque jour. Peut-être ignorait-il que le vin transpire
aisément lorsqu'on n'y joint pas une dose d'aliments solides ; mais les
médecins en ont été instruits par leur art. (10d) Voilà pourquoi ils donnent à
ceux qui éprouvent quelque douleur à l'orifice supérieur de l'estomac, du
pain trempé dans du vin, pour soutenir et fortifier ces sujets. Quant à
Homère, il donne à Machaon du pain, du vin et du fromage. Dans un autre
endroit de ce poète, Ulysse réunit les avantages du boire et du manger:
« Celui qui a pris assez de boire et de manger, etc. »
Mais quand il s'agit de quelque partie de plaisir, où l'on boit plus qu'à
l'ordinaire, Homère donne au vin l'épithète de mœlleux :
« Il y avait des tonneaux de vin vieux mœlleux. »
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