[2,1270b] § 13. Βουλόμενος γὰρ ὁ νομοθέτης ὡς πλείστους εἶναι τοὺς
Σπαρτιάτας, προάγεται τοὺς πολίτας ὅτι πλείστους ποιεῖσθαι παῖδας·
ἔστι γὰρ αὐτοῖς νόμος τὸν μὲν γεννήσαντα τρεῖς υἱοὺς ἄφρουρον εἶναι,
τὸν δὲ τέτταρας ἀτελῆ πάντων. Καίτοι φανερὸν ὅτι πολλῶν γινομένων,
τῆς δὲ χώρας οὕτω διῃρημένης, ἀναγκαῖον πολλοὺς γίνεσθαι πένητας.
§ 14. Ἀλλὰ μὴν καὶ τὰ περὶ τὴν ἐφορείαν ἔχει φαύλως. Ἡ γὰρ ἀρχὴ
κυρία μὲν αὐτὴ τῶν μεγίστων αὐτοῖς ἐστιν, γίνονται δ' ἐκ τοῦ δήμου
παντός, ὥστε πολλάκις ἐμπίπτουσιν ἄνθρωποι σφόδρα πένητες εἰς τὸ
ἀρχεῖον, οἳ διὰ τὴν ἀπορίαν ὤνιοι ἦσαν. Ἐδήλωσαν δὲ πολλάκις μὲν καὶ
πρότερον, καὶ νῦν δὲ ἐν τοῖς Ἀνδρίοις· διαφθαρέντες γὰρ ἀργυρίῳ τινές,
ὅσον ἐφ' ἑαυτοῖς, ὅλην τὴν πόλιν ἀπώλεσαν, καὶ διὰ τὸ τὴν ἀρχὴν εἶναι
λίαν μεγάλην καὶ ἰσοτύραννον δημαγωγεῖν αὐτοὺς ἠναγκάζοντο καὶ οἱ
βασιλεῖς, ὥστε καὶ ταύτῃ συνεπιβλάπτεσθαι τὴν πολιτείαν· δημοκρατία
γὰρ ἐξ ἀριστοκρατίας συνέβαινεν.
§ 15. Συνέχει μὲν οὖν τὴν πολιτείαν τὸ ἀρχεῖον τοῦτοἡσυχάζει γὰρ ὁ
δῆμος διὰ τὸ μετέχειν τῆς μεγίστης ἀρχῆς, ὥστ' εἴτε διὰ τὸν νομοθέτην
εἴτε διὰ τύχην τοῦτο συμπέπτωκεν, συμφερόντως ἔχει τοῖς πράγμασιν·
δεῖ γὰρ τὴν πολιτείαν τὴν μέλλουσαν σῴζεσθαι πάντα βούλεσθαι τὰ
μέρη τῆς πόλεως εἶναι καὶ διαμένειν κατὰ ταὐτά· οἱ μὲν οὖν βασιλεῖς διὰ
τὴν αὑτῶν τιμὴν οὕτως ἔχουσιν, οἱ δὲ καλοὶ κἀγαθοὶ διὰ τὴν γερουσίαν
(ἆθλον γὰρ ἡ ἀρχὴ αὕτη τῆς ἀρετῆς ἐστιν), ὁ δὲ δῆμος διὰ τὴν ἐφορείαν
(καθίσταται γὰρ ἐξ ἁπάντων).
§ 16. Ἀλλ' αἱρετὴν ἔδει τὴν ἀρχὴν εἶναι ταύτην ἐξ ἁπάντων μέν, μὴ τὸν
τρόπον δὲ τοῦτον ὃν νῦν νπαιδαριώδης γάρ ἐστι λίανν. Ἔτι δὲ καὶ
κρίσεών εἰσι μεγάλων κύριοι, ὄντες οἱ τυχόντες, διόπερ οὐκ
αὐτογνώμονας βέλτιον κρίνειν ἀλλὰ κατὰ γράμματα καὶ τοὺς νόμους.
Ἔστι δὲ καὶ ἡ δίαιτα τῶν ἐφόρων οὐχ ὁμολογουμένη τῷ βουλήματι τῆς
πόλεως· αὐτὴ μὲν γὰρ ἀνειμένη λίαν ἐστίν, ἐν δὲ τοῖς ἄλλοις μᾶλλον
ὑπερβάλλει ἐπὶ τὸ σκληρόν, ὥστε μὴ δύνασθαι καρτερεῖν ἀλλὰ λάθρᾳ
τὸν νόμον ἀποδιδράσκοντας ἀπολαύειν τῶν σωματικῶν ἡδονῶν.
§ 17. Ἔχει δὲ καὶ τὰ περὶ τὴν τῶν γερόντων ἀρχὴν οὐ καλῶς αὐτοῖς.
Ἐπιεικῶν μὲν γὰρ ὄντων καὶ πεπαιδευμένων ἱκανῶς πρὸς ἀνδραγαθίαν
τάχ' ἂν εἴπειέ τις συμφέρειν τῇ πόλει, καίτοι τό γε διὰ βίου κυρίους εἶναι
κρίσεων μεγάλων ἀμφισβητήσιμον (ἔστι γάρ, ὥσπερ καὶ σώματος, καὶ
διανοίας γῆρας)·
| [2,1270b] § 13. Mais la loi même relative au nombre des enfants est contraire à cette
amélioration. Le législateur, en vue d'accroître le nombre des Spartiates, a
tout fait pour pousser les citoyens à procréer autant qu'ils le pourraient. Par la
loi, le père de trois fils est exempt de monter la garde ; le citoyen qui en a
quatre est affranchi de tout impôt. On pouvait cependant prévoir sans peine
que, le nombre des citoyens s'accroissant, tandis que la division du sol
resterait la même, on ne ferait qu'augmenter le nombre des malheureux.
§ 14. L'institution des Éphores est tout aussi défectueuse. Bien qu'ils forment
la première et la plus puissante des magistratures ; tous sont pris dans les
rangs inférieurs des Spartiates. Aussi est-il arrivé que ces éminentes fonctions
sont échues à des gens tout à fait pauvres, qui se sont vendus par misère. On
en pourrait citer bien des exemples ; mais ce qui s'est passé de nos jours à
l'occasion des Andries le prouve assez. Quelques hommes gagnés par argent
ont, autant du moins qu'il fut en leur pouvoir, ruiné l'État. La puissance
illimitée, et l'on peut dire tyrannique, des Éphores a contraint les rois eux-
mêmes à se faire démagogues. La constitution reçut ainsi une double atteinte
; et l'aristocratie dut faire place à la démocratie.
§ 15. On doit avouer cependant que cette magistrature peut donner au
gouvernement de la stabilité. Le peuple reste calme, quand il a part à la
magistrature suprême ; et ce résultat, que ce soit le législateur qui l'établisse,
ou le hasard qui l'amène, n'en est pas moins avantageux pour la cité. L'État ne
peut trouver de salut que dans l'accord des citoyens à vouloir son existence et
sa durée., Or, c'est ce qu'on rencontre à Sparte ; la royauté est satisfaite par les
attributions qui lui sont accordées ; la classe élevée, par les places au sénat,
dont l'entrée est le prix de la vertu ; enfin le reste des Spartiates, par l'Éphorie,
qui repose sur l'élection générale.
§ 16. Mais, s'il convenait de remettre au suffrage universel le choix des
Éphores, il aurait fallu aussi trouver un mode d'élection moins puéril que le
mode actuel. D'autre part, comme les Éphores, bien que sortis des rangs les
plus obscurs, décident souverainement les procès importants, il eût été bon
de ne point s'en remettre à leur arbitraire, et d'imposer à leurs jugements des
règles écrites et des lois positives. Enfin, les moeurs mêmes des Éphores ne
sont pas en harmonie avec l'esprit de la constitution, parce qu'elles sont fort
relâchées, et que le reste de la cité est soumis à un régime qu'on pourrait taxer
plutôt d'une excessive sévérité ; aussi les Éphores n'ont-ils pas le courage de
s'y soumettre, et éludent-ils la loi en se livrant secrètement à tous les plaisirs.
§ 17. L'institution du sénat est fort loin aussi d'être parfaite. Composée
d'hommes d'un âge mûr et dont l'éducation semble assurer le mérite et la
vertu, on pourrait croire que cette assemblée offre toute garantie à l'État. Mais
laisser à des hommes la décision de causes importantes, durant leur vie
entière, est une institution dont l'utilité est contestable ; car l'intelligence,
comme le corps, a sa vieillesse ;
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