[5,19] CHAPITRE XIX. 1 Εἰσὶ δὲ γένη τῶν μελιττῶν, ἡ μὲν ἀρίστη μικρὰ καὶ
στρογγύλη καὶ ποικίλη, ἄλλη δὲ μακρά, ὁμοία τῇ ἀνθρήνῃ, τρίτος δ´ ὁ φὼρ
καλούμενος (οὗτος δ´ ἐστὶ μέλας καὶ πλατυγάστωρ), τέταρτος δ´ ὁ κηφήν,
μεγέθει μὲν μέγιστος ἁπάντων, ἄκεντρος δὲ καὶ νωθρός· διὸ καὶ πλέκουσί
τινες περὶ τὰ σμήνη ὥστε τὰς μὲν μελίττας εἰσδύεσθαι, τοὺς δὲ κηφῆνας μὴ
διὰ τὸ εἶναι αὐτοὺς μείζους. 2 Ἡγεμόνων δὲ γένη δύο ἐστίν, ὥσπερ εἴρηται
καὶ πρότερον. Εἰσὶ δὲ πλείους ἐν ἑκάστῳ σμήνει ἡγεμόνες, καὶ οὐχ εἷς
μόνος· ἀπόλλυται δὲ τὸ σμῆνος, ἄν τε ἡγεμόνες μὴ ἱκανοὶ ἐνῶσιν (οὐχ
οὕτω διὰ τὸ ἄναρχοι εἶναι, ἀλλ´ ὡς φασίν, ὅτι συμβάλλονται εἰς τὴν γένεσιν
τὴν τῶν μελιττῶν) ἄν τε πολλοὶ ὦσιν οἱ ἡγεμόνες· διασπῶσι γάρ. 3 Ὅταν
μὲν οὖν ἔαρ ὄψιον γένηται, καὶ ὅταν αὐχμοὶ καὶ ἐρυσίβη, ἐλάττων γίνεται ὁ
γόνος· ἀλλ´ αὐχμοῦ μὲν ὄντος μέλι ἐργάζονται μᾶλλον, ἐπομβρίας δὲ
γόνον, διὸ καὶ ἅμα συμβαίνει ἐλαιῶν φορὰ καὶ ἐσμῶν. 4 Ἐργάζονται δὲ
πρῶτον μὲν τὸ κηρίον, εἶτα τὸν γόνον ἐναφιᾶσιν, ὡς μὲν ἔνιοι λέγουσιν, ἐκ
τοῦ στόματος, ὅσοι φέρειν φασὶν ἄλλοθεν, εἶθ´ οὕτω τὸ μέλι τροφὴν τὴν
μὲν τοῦ θέρους τὴν δὲ τοῦ μετοπώρου· ἄμεινον δ´ ἐστὶ τὸ μετοπωρινὸν
μέλι. Γίνεται δὲ κηρίον μὲν ἐξ ἀνθέων, κήρωσιν δὲ φέρουσιν ἀπὸ τοῦ
δακρύου τῶν δένδρων, μέλι δὲ τὸ πῖπτον ἐκ τοῦ ἀέρος, καὶ μάλιστα ἐν ταῖς
τῶν ἄστρων ἐπιτολαῖς, καὶ ὅταν κατασκήψῃ ἡ ἶρις· 5 ὅλως δ´ οὐ γίνεται μέλι
πρὸ Πλειάδος ἐπιτολῆς. Τὸ μὲν οὖν κηρίον ποιεῖ, ὥσπερ εἴρηται, ἐκ τῶν
ἀνθέων· τὸ δὲ μέλι ὅτι οὐ ποιεῖ, ἀλλὰ φέρει τὸ πῖπτον, σημεῖον· {554b} ἐν
μιᾷ γὰρ ἢ δυσὶν ἡμέραις πλήρη εὑρίσκουσι τὰ σμήνη οἱ μελιττουργοὶ
μέλιτος. Ἔτι δὲ τοῦ μετοπώρου ἄνθη μὲν γίνεται, μέλι δ´ οὔ, ὅταν ἀφαιρεθῇ.
Ἀφῃρημένου οὖν ἤδη τοῦ γενομένου μέλιτος, καὶ τροφῆς ἢ οὐκ ἐνούσης ἔτι
ἢ σπανίας, ἐνεγίνετο ἄν, εἴπερ ἐποίουν ἐκ τῶν ἀνθέων.
6 Συνίσταται δὲ τὸ μέλι πεττόμενον· ἐξ ἀρχῆς γὰρ οἷον ὕδωρ γίνεται,
καὶ ἐφ´ ἡμέρας μέν τινας ὑγρόν ἐστι (διὸ κἂν ἀφαιρεθῇ ἐν ταύταις ταῖς
ἡμέραις, οὐκ ἔχει πάχος), ἐν εἴκοσι δὲ μάλιστα συνίσταται. 7 Δῆλον δ´ ἐστὶν
εὐθέως τὸ ἀπὸ τοῦ χυμοῦ· διαφέρει γὰρ τῇ γλυκύτητι καὶ τῷ πάχει. Φέρει
δ´ ἀπὸ πάντων ἡ μέλιττα ὅσα ἐν κάλυκι ἀνθεῖ, καὶ ἀπὸ τῶν ἄλλων δ´ ὅσα
ἂν γλυκύτητα ἔχῃ, οὐδένα βλάπτουσα καρπόν· τοὺς δὲ χυμοὺς τούτων τῷ
ὁμοίῳ τῇ γλώττῃ ἀναλαμβάνουσα κομίζει. Βλίττεται δὲ τὰ σμήνη, ὅταν
ἐρινεὸν σῦκον φανῇ· σχάδονας δ´ ἀρίστας ποιοῦσιν, ὅταν μέλι ἐργάζωνται.
Φέρει δὲ κηρὸν μὲν καὶ ἐριθάκην περὶ τοῖς σκέλεσι, τὸ δὲ μέλι ἐμεῖ εἰς τὸν
κύτταρον. Τὸν δὲ γόνον ὅταν ἀφῇ, ἐπῳάζει ὥσπερ ὄρνις.
8 Ἐν δὲ τῷ κηρίῳ τὸ σκωλήκιον μικρὸν μὲν ὂν κεῖται πλάγιον, ὕστερον
δ´ ἀνίσταται αὐτὸ ὑφ´ ἑαυτοῦ καὶ τρέφεται, πρὸς δὲ τῷ κηρίῳ ἔχεται ὥστε
καὶ ἀντειλῆφθαι. Ὁ δὲ γόνος ἐστὶ τῶν μελιττῶν καὶ τῶν κηφήνων λευκός, ἐξ
οὗ τὰ σκωλήκια γίνεται· αὐξανόμενα δὲ γίνονται μέλιτται καὶ κηφῆνες. 9 Ὁ
δὲ τῶν βασιλέων γόνος τὴν χρόαν γίνεται ὑπόπυρρος, τὴν δὲ λεπτότητά
ἐστιν οἷον μέλι παχύ· τὸν δ´ ὄγκον εὐθέως ἔχει παραπλήσιον τῷ γινομένῳ
ἐξ αὐτοῦ. Σκώληξ δ´ οὐ γίνεται πρότερον ἐκ τούτου, ἀλλ´ εὐθέως ἡ μέλιττα,
ὡς φασίν. Ὅταν δὲ τέκῃ ἐν τῷ κηρίῳ, μέλι ἐκ τοῦ ἀπαντικρὺ γίνεται. Φύει δ´
ἡ σχάδων πόδας καὶ πτερά, ὅταν καταλειφθῇ· ὅταν δὲ λάβῃ τέλος, τὸν
ὑμένα περιρρήξας´ ἐκπέταται. {555a} 10 Κόπρον δὲ προΐεται, ἕως ἂν ᾖ
σκωλήκιον, ὕστερον δ´ οὐκέτι, πλὴν ἐὰν μὴ ἐξέλθῃ, ὥσπερ ἐλέχθη
πρότερον. Ἐὰν δέ τις ἀφέλῃ τὰς κεφαλὰς τῆς σχάδονος πρὶν πτερὰ ἔχειν,
ἐξεσθίουσιν αὐταὶ αἱ μέλιτται· καὶ κηφῆνος πτερὸν ἂν ἀποκνίσας ἀφῇ τις,
τῶν λοιπῶν αὐταὶ τὰ πτερὰ ἀπεσθίουσιν.
11 Βίος δὲ τῶν μελιττῶν ἔτη ἕξ· ἔνιαι δ´ ἑπτὰ ζῶσιν. Σμῆνος δ´ ἂν
διαμείνῃ ἔτη ἐννέα ἢ δέκα, εὖ δοκεῖ διαγεγενῆσθαι.
Ἐν δὲ τῷ Πόντῳ εἰσί τινες μέλιτται λευκαὶ σφόδρα, αἳ τὸ μέλι ποιοῦσι δὶς
τοῦ μηνός. Αἱ δ´ ἐν Θεμισκύρᾳ περὶ τὸν Θερμώδοντα ποταμὸν ἐν τῇ γῇ καὶ
ἐν τοῖς σμήνεσι ποιοῦσι κηρία οὐκ ἔχοντα κηρὸν πολὺν ἀλλὰ πάνυ
σμικρόν, μέλι δὲ παχύ· τὸ δὲ κηρίον λεῖον καὶ ὁμαλόν ἐστιν. Οὐκ ἀεὶ δὲ
τοῦτο ποιοῦσιν, ἀλλὰ τοῦ χειμῶνος· ὁ γὰρ κιττὸς πολὺς ἐν τῷ Πόντῳ ἐστίν,
ἀνθεῖ δὲ ταύτην τὴν ὥραν, ἀφ´ οὗ φέρουσι τὸ μέλι. 12 Κατάγεται δὲ καὶ εἰς
Ἀμισὸν μέλι ἄνωθεν λευκὸν καὶ παχὺ σφόδρα, ὃ ποιοῦσιν αἱ μέλιτται ἄνευ
κηρίων πρὸς τοῖς δένδρεσιν· γίνεται δὲ καὶ ἄλλοθι τοιοῦτον ἐν τῷ Πόντῳ.
Εἰσὶ δὲ καὶ μέλιτται αἳ ποιοῦσι κηρία τριπλᾶ ἐν τῇ γῇ· ταῦτα δὲ μέλι μὲν
ἴσχει, σκώληκας δ´ οὐκ ἴσχει. Ἔστι δ´ οὔτε τὰ κηρία πάντα τοιαῦτα, οὔτε
πᾶσαι αἱ μέλιτται τοιαῦτα ποιοῦσιν. | [5,19] CHAPITRE XIX. 1 Parmi les différentes espèces d'abeilles, la
meilleure est celle-qui est petite, arrondie et bariolée. Une autre espèce
est longue et se rapproche du frelon. Une troisième espèce qu'on appelle
du nom de Voleuse, est noire, et a le ventre très large. Enfin, une
quatrième espèce, c'est le bourdon, la plus grande de toutes les espèces,
dépourvue d'aiguillon, et ne travaillant pas. Aussi, en vue de leur
grosseur, on arrange l'entrée de la ruche, où sont les essaims, de façon
que les abeilles peuvent y entrer, et que les bourdons ne le peuvent pas,
parce qu'ils sont trop gros. 2 Il y a deux sortes de chefs, ainsi que nous
l'avons déjà dit. Il y a plusieurs chefs, et non point un seul dans chaque
ruche. Si les chefs ne sont pas en nombre suffisant, la ruche périt; ce
n'est pas parce qu'alors la ruche est sans chef qui la gouverne; mais c'est,
à ce qu'on dit, parce qu'ils concourent à la production des abeilles. La
ruche périt encore si les chefs sont trop nombreux, parce qu'alors ils se
divisent. 3 Si le printemps est tardif, si les chaleurs sont trop fortes et
l'aridité trop grande, la production est moindre; quand il fait sec, elles
donnent plus de miel; et plus de couvains, dans les temps pluvieux. C'est
pour cela que la production des oliviers et celle des essaims coïncident. 4
Les abeilles commencent par faire le gâteau de cire; ensuite, elles
répandent dessus la semence, en la tirant de leur bouche, comme le
disent ceux qui prétendent qu'elles apportent cette semence du dehors ;
et elles répandent enfin le miel, qui doit les nourrir, soit pendant l'été, soit
pendant l'automne. C'est le miel de l'automne qui est le meilleur. La cire
vient des fleurs; et les abeilles recueillent la matière cireuse des larmes
qui s'écoulent des arbres. Elles recueillent le miel qui tombe de l'air,
surtout au moment du lever des constellations, et quand l'arc-en-ciel
s'étend sur la terre. 5 En général, il ne se produit pas de miel avant le
lever de la Pléiade. L'abeille fait donc la cire, en la prenant sur les fleurs,
comme on vient de le dire; mais elle ne fait pas le miel; elle ne fait que
l'apporter, quand il tombe. La preuve, {554b} c'est que les cultivateurs
occupés de la récolte du miel trouvent les ruches pleines en un ou deux
jours. Une autre preuve encore, c'est que, bien qu'il y ait des fleurs en
automne, l'abeille ne fait plus de miel, après celui qu'on lui a retiré.
Cependant, quand le miel leur a été une fois ôté, et qu'elles n'ont plus de
nourriture, ou qu'une nourriture très-rare, elles feraient encore du miel, si
elles le tiraient des fleurs réellement.
6 Le miel s'épaissit en se mûrissant; car tout d'abord, il a la liquidité
de l'eau ; et il demeure liquide pendant les premiers jours. Si dans ces
jours-là, on l'ôte de la ruche, il ne prend pas plus d'épaisseur; il faut vingt
jours au moins pour qu'il arrive à toute sa consistance. 7 C'est surtout au
goût qu'on peut en juger; car le miel offre alors de grandes différences de
douceur et de consistance. L'abeille l'apporte de toutes les fleurs à calice,
et de toutes les plantes dont le suc est doux, sans, d'ailleurs, nuire au fruit
en quoi que ce soit. C'est par un organe qui tient lieu de langue qu'elle
recueille et rapporte tous ces sucs. On récolte les ruches à l'époque de
l'année où paraît la figue sauvage. Les meilleurs essaims sont ceux qui se
forment quand les abeilles font leur miel. L'abeille apporte la cire et
l'Érithaque sur ses pattes, et elle répand le miel avec sa bouche sur les alvéoles. Quand elle a pondu sa semence, elle la couve, comme le fait un oiseau.
8 La larve de l'abeille, d'abord très petite, est couchée en travers
dans l'alvéole; ensuite, elle se relève toute seule sur elle-même ; elle
mange ; et elle s'attache à l'alvéole, avec laquelle elle ne fait qu'un. La
semence des abeilles et celle des bourdons d'où les larves doivent sortir,
est blanche ; et ces larves, en grossissant, deviennent abeilles et
bourdons. 9 La semence d'où sortent les rois est légèrement rousse ; et
sa consistance est à peu près celle du miel épaissi. Elle a immédiatement
la dimension de ce qui va en sortir. Ce n'est pas d'abord une simple larve
qui en provient; mais, comme on l'assure, c'est une abeille toute formée,
dès le premier moment. Quand l'abeille l'a déposée dans le gâteau de
cire, il y a du miel vis-à-vis. L'embryon pousse des pieds et des ailes
pendant qu'il est enfermé ; mais quand il est entièrement formé, il rompt la
membrane, et la quitte en s'en-volant. {555a} 10 Tant que l'abeille est à
l'état de larve, elle rejette des excréments; plus tard, elle n'en rend plus, si
ce n'est quand elle est sortie de l'enveloppe, comme on l'a déjà dit. Si l'on
enlève la tête d'un embryon, avant qu'il n'ait des ailes, les abeilles se
mettent à le manger; et si l'on jette dans la ruche un bourdon auquel on a
ôté les ailes, les abeilles dévorent les ailes des autres bourdons, de leur
propre mouvement.
11 L'abeille ne vit en général que six ans ; quelques-unes vont jusqu'à
sept. Quand une ruche peut durer neuf ou dix ans, on trouve que c'est un
heureux succès. Dans les pays du Pont-Euxin, il y a une espèce
d'abeilles toutes blanches, qui donnent du miel deux fois par mois. A
Thémiscyre sur les bords du Thermodon, les abeilles font les gâteaux de
cire dans la terre, tout comme dans les ruches ; le gâteau n'a pas
beaucoup de cire ; il y en a peu, et le miel est épais. Le gâteau est lisse et
toul uni. Ce n'est pas en toute saison que ces abeilles travaillent; c'est
seulement en hiver, parce qu'il y a beaucoup de lierre dans ces contrées;
il n'y fleurit qu'à cette époque de l'année ; et c'est du lierre que les abeilles
tirent leur miel. 12 A Amisos, on apporte, de la partie haute du pays, un
miel blanc et très compact, que les abeilles font, sans gâteau de cire, sur
les arbres. Il y en a aussi de pareil dans d'autres pays du Pont. Il y a
encore des abeilles qui font des gâteaux de cire triples dans le sol. Les
alvéoles ont du miel; mais elles n'ont jamais de larves. Du reste, tous les
gâteaux de cire de la contrée ne sont pas faits ainsi ; et toutes les abeilles
du pays n'en fabriquent pas de pareils.
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