[1,408b] § 10. Εὐλογώτερον δ' ἀπορήσειεν ἄν τις περὶ αὐτῆς ὡς (408b) κινουμένης, εἰς τὰ τοιαῦτα
ἀποβλέψας· φαμὲν γὰρ τὴν ψυχὴν λυπεῖσθαι χαίρειν, θαρρεῖν φοβεῖσθαι, ἔτι δὲ ὀργίζεσθαί τε
καὶ αἰσθάνεσθαι καὶ διανοεῖσθαι· ταῦτα δὲ πάντα κινήσεις εἶναι δοκοῦσιν. Ὅθεν οἰηθείη τις ἂν
αὐτὴν κινεῖσθαι·
§ 11. Τὸ δ' οὐκ ἔστιν ἀναγκαῖον. Εἰ γὰρ καὶ ὅτι μάλιστα τὸ λυπεῖσθαι ἢ χαίρειν ἢ διανοεῖσθαι
κινήσεις εἰσί, καὶ ἕκαστον κινεῖσθαί τι τούτων, τὸ δὲ κινεῖσθαί ἐστιν ὑπὸ τῆς ψυχῆς, οἷον τὸ
ὀργίζεσθαι ἢ φοβεῖσθαι τὸ τὴν καρδίαν ὡδὶ κινεῖσθαι, τὸ δὲ διανοεῖσθαι ἤ τι τοιοῦτον ἴσως ἢ
ἕτερόν τι, τούτων δὲ συμβαίνει τὰ μὲν κατὰ φοράν τινων κινουμένων, τὰ δὲ κατ' ἀλλοίωσιν
(ποῖα δὲ καὶ πῶς, ἕτερός ἐστι λόγος),
§ 12. Τὸ δὴ λέγειν ὀργίζεσθαι τὴν ψυχὴν ὅμοιον κἂν εἴ τις λέγοι τὴν ψυχὴν ὑφαίνειν ἢ
οἰκοδομεῖν· βέλτιον γὰρ ἴσως μὴ λέγειν τὴν ψυχὴν ἐλεεῖν ἢ μανθάνειν ἢ διανοεῖσθαι, ἀλλὰ τὸν
ἄνθρωπον τῇ ψυχῇ· τοῦτο δὲ μὴ ὡς ἐν ἐκείνῃ τῆς κινήσεως οὔσης, ἀλλ' ὁτὲ μὲν μέχρι ἐκείνης,
ὁτὲ δ' ἀπ' ἐκείνης, οἷον ἡ μὲν αἴσθησις ἀπὸ τωνδί, ἡ δ' ἀνάμνησις ἀπ' ἐκείνης ἐπὶ τὰς ἐν τοῖς
αἰσθητηρίοις κινήσεις ἢ μονάς.
§ 13. Ὁ δὲ νοῦς ἔοικεν ἐγγίνεσθαι οὐσία τις οὖσα, καὶ οὐ φθείρεσθαι. Μάλιστα γὰρ ἐφθείρετ' ἂν
ὑπὸ τῆς ἐν τῷ γήρᾳ ἀμαυρώσεως, νῦν δ' ὥσπερ ἐπὶ τῶν αἰσθητηρίων συμβαίνει· εἰ γὰρ λάβοι ὁ
πρεσβύτης ὄμμα τοιονδί, βλέποι ἂν ὥσπερ καὶ ὁ νέος. Ὥστε τὸ γῆρας οὐ τῷ τὴν ψυχήν τι
πεπονθέναι, ἀλλ' ἐν ᾧ, καθάπερ ἐν μέθαις καὶ νόσοις.
§ 14. Καὶ τὸ νοεῖν δὴ καὶ τὸ θεωρεῖν μαραίνεται ἄλλου τινὸς ἔσω φθειρομένου, αὐτὸ δὲ ἀπαθές
ἐστιν. Τὸ δὲ διανοεῖσθαι καὶ φιλεῖν ἢ μισεῖν οὐκ ἔστιν ἐκείνου πάθη, ἀλλὰ τουδὶ τοῦ ἔχοντος
ἐκεῖνο, ᾗ ἐκεῖνο ἔχει. Διὸ καὶ τούτου φθειρομένου οὔτε μνημονεύει οὔτε φιλεῖ· οὐ γὰρ ἐκείνου
ἦν, ἀλλὰ τοῦ κοινοῦ, ὃ ἀπόλωλεν· ὁ δὲ νοῦς ἴσως θειότερόν τι καὶ ἀπαθές ἐστιν.
§ 15. Ὅτι μὲν οὖν οὐχ οἷόν τε κινεῖσθαι τὴν ψυχήν, φανερὸν ἐκ τούτων· εἰ δ' ὅλως μὴ κινεῖται,
δῆλον ὡς οὐδ' ὑφ' ἑαυτῆς.
§ 16. Πολὺ δὲ τῶν εἰρημένων ἀλογώτατον τὸ λέγειν ἀριθμὸν εἶναι τὴν ψυχὴν κινοῦνθ' ἑαυτόν·
ὑπάρχει γὰρ αὐτοῖς ἀδύνατα πρῶτα μὲν τὰ ἐκ τοῦ κινεῖσθαι συμβαίνοντα,
| [1,408b] § 10. On pourrait douter avec plus de raison qu'elle (408b) se meuve, en se
fondant sur les considérations suivantes : l'âme s'attriste et se réjouit, elle est assurée ou
tremblante, elle s'indigne, elle sent, elle pense. Ce sont là, ce semble, autant de
mouvements; et de là, on pourrait croire que l'âme se meut.
§ 11. Mais cette condition n'est pas du tout nécessaire. En effet, s'attrister, ou se
réjouir, ou penser, ce sont là, dit-on, certainement des mouvements, s'il en fut ;
chacun de ces actes est un mouvement, et c'est l'âme qui les produit. Par exemple
s'indigner, craindre, auront lieu parce que le cœur sera mû de telle façon; et penser
n'est peut-être que cela ou quelque chose d'analogue. Or, ces phénomènes se
produisent par le déplacement de certains éléments mis en mouvement, ou par
l'altération de certains autres; déplacement et altération dont il convient d'expliquer
ailleurs la nature et les conditions.
§ 12. Mais soutenir que c'est l'âme qui s'indigne, revient à peu près à dire que c'est
l'âme qui tisse une toile, ou qui bâtit une maison. Il vaudrait peut-être mieux dire,
non pas que c'est l'âme qui a pitié, qui apprend ou qui pense, mais plutôt que c'est
l'homme qui fait tout cela par son âme. Encore faudrait-il comprendre ceci, non point
en ce sens que le mouvement serait dans l'âme seule, mais, au contraire, qu'il
viendrait quelquefois jusqu'à elle, comme quelquefois il en partirait. Ainsi la
sensation lui vient du dehors; mais la mémoire vient de l'âme, qui se reporte aux
mouvements ou aux impressions demeurées dans les organes des sens.
§ 13. Quant à l'intelligence, elle semble être dans l'âme comme une sorte de
substance, et ne pas pouvoir être détruite. Ce qui paraitrait devoir surtout la détruire,
c'est l'alanguissement qui flétrit l'homme dans la vieillesse. Mais ici, il arrive
précisément ce qui se passe pour les organes des sens. Si le vieillard avait encore la
vue dans un certain état , il verrait tout aussi bien que le jeune homme. De même la
vieillesse de l'intelligence vient non pas de quelque modification de l'âme, mais de la
modification du corps dans lequel elle est, comme il arrive d'ailleurs dans les ivresses
et les maladies.
§ 14. La pensée, la réflexion se flétrissent, parce que quelque autre chose vient à se
détruire à l'intérieur; mais le principe même est impassible. Penser, aimer ou haïr ne
sont pas des modifications qui soient à lui. Ce sont seulement des modifications de la
chose qui le possède, en tant qu'elle le possède. Aussi cette chose étant détruite, le
principe ne peut ni se souvenir ni aimer; car aimer, se souvenir n'était pas de lui,
c'était de cette chose commune qui a péri. Mais l'intelligence est peut-être quelque
chose de plus divin, quelque chose d'impassible.
§ 15. Tout ceci nous prouve donc clairement que l'âme ne saurait avoir de
mouvement; et si elle n'a pas de mouvement, il est évident qu'elle n'en a pas non plus
par elle-même.
§ 16. Au milieu de tant d'autres assertions, la plus déraisonnable de beaucoup, c'est
de prétendre que l'âme est un nombre qui se meut lui-même. Il y a ici bien des
impossibilités: celles d'abord qui résultent de l'idée de mouvement, et de plus les
impossibilités particulières
|