[1,408a] § 3. Ἔτι δὲ τὸ κινεῖν οὐκ ἔστιν ἁρμονίας, ψυχῇ δὲ (408a) πάντες ἀπονέμουσι τοῦτο μάλισθ'
ὡς εἰπεῖν.
§ 4. Ἁρμόζει δὲ μᾶλλον καθ' ὑγιείας λέγειν ἁρμονίαν, καὶ ὅλως τῶν σωματικῶν ἀρετῶν, ἢ κατὰ
ψυχῆς. Φανερώτατον δ' εἴ τις ἀποδιδόναι πειραθείη τὰ πάθη καὶ τὰ ἔργα τῆς ψυχῆς ἁρμονίᾳ
τινί· χαλεπὸν γὰρ ἐφαρμόζειν.
§ 5. Ἔτι δ' εἰ λέγομεν τὴν ἁρμονίαν εἰς δύο ἀποβλέποντες, κυριώτατα μέν, τῶν μεγεθῶν ἐν τοῖς
ἔχουσι κίνησιν καὶ θέσιν, τὴν σύνθεσιν αὐτῶν, ἐπειδὰν οὕτω συναρμόζωσιν ὥστε μηδὲν
συγγενὲς παραδέχεσθαι, ἐντεῦθεν δὲ καὶ τὸν τῶν μεμιγμένων λόγον-οὐδετέρως μὲν οὖν
εὔλογον, ἡ δὲ σύνθεσις τῶν τοῦ σώματος μερῶν λίαν εὐεξέταστος. Πολλαί τε γὰρ αἱ συνθέσεις
τῶν μερῶν καὶ πολλαχῶς· τίνος οὖν ἢ πῶς ὑπολαβεῖν τὸν νοῦν χρὴ σύνθεσιν εἶναι, ἢ καὶ τὸ
αἰσθητικὸν ἢ ὀρεκτικόν;
§ 6. Ὁμοίως δὲ ἄτοπον καὶ τὸ τὸν λόγον τῆς μίξεως εἶναι τὴν ψυχήν· οὐ γὰρ τὸν αὐτὸν ἔχει
λόγον ἡ μίξις τῶν στοιχείων καθ' ἣν σὰρξ καὶ καθ' ἣν ὀστοῦν. Συμβήσεται οὖν πολλάς τε ψυχὰς
ἔχειν καὶ κατὰ πᾶν τὸ σῶμα, εἴπερ πάντα μὲν ἐκ τῶν στοιχείων μεμιγμένων, ὁ δὲ τῆς μίξεως
λόγος ἁρμονία καὶ ψυχή.
§ 7. Ἀπαιτήσειε δ' ἄν τις τοῦτό γε καὶ παρ' Ἐμπεδοκλέους· ἕκαστον γὰρ αὐτῶν λόγῳ τινί φησιν
εἶναι· πότερον οὖν ὁ λόγος ἐστὶν ἡ ψυχή, ἢ μᾶλλον ἕτερόν τι οὖσα ἐγγίνεται τοῖς μέρεσιν; Ἔτι δὲ
πότερον ἡ φιλία τῆς τυχούσης αἰτία μίξεως ἢ τῆς κατὰ τὸν λόγον, καὶ αὕτη πότερον ὁ λόγος
ἐστὶν ἢ παρὰ τὸν λόγον ἕτερόν τι;
§ 8. Ταῦτα μὲν οὖν ἔχει τοιαύτας ἀπορίας. Εἰ δ' ἐστὶν ἕτερον ἡ ψυχὴ τῆς μίξεως, τί δή ποτε ἅμα
τῷ σαρκὶ εἶναι ἀναιρεῖται καὶ τὸ τοῖς ἄλλοις μορίοις τοῦ ζῴου; Πρὸς δὲ τούτοις εἴπερ μὴ ἕκαστον
τῶν μορίων ψυχὴν ἔχει, εἰ μὴ ἔστιν ἡ ψυχὴ ὁ λόγος τῆς μίξεως, τί ἐστιν ὃ φθείρεται τῆς ψυχῆς
ἀπολιπούσης;
§ 9. Ὅτι μὲν οὖν οὔθ' ἁρμονίαν οἷόν τ' εἶναι τὴν ψυχὴν οὔτε κύκλῳ περιφέρεσθαι, δῆλον ἐκ τῶν
εἰρημένων. Κατὰ συμβεβηκὸς δὲ κινεῖσθαι, καθάπερ εἴπομεν, ἔστι, καὶ κι- νεῖν ἑαυτήν, οἷον
κινεῖσθαι μὲν ἐν ᾧ ἐστι, τοῦτο δὲ κινεῖσθαι ὑπὸ τῆς ψυχῆς· ἄλλως δ' οὐχ οἷόν τε κινεῖσθαι κατὰ
τόπον αὐτήν.
| [1,408a] § 3. De plus, produire le mouvement n'appartient pas à une harmonie;
mais c'est à l'âme (408a) que tout le monde, pour ainsi dire, attribue cette fonction.
§ 4. Ce mot d'harmonie s'appliquerait à la santé, et en général aux vertus corporelles
bien plutôt qu'à l'âme. C'est ce qui deviendrait de toute évidence, si l'on essayait
d'attribuer à quelque harmonie les modifications et les actes de l'âme. On verrait
alors combien il est difficile de les mettre d'accord.
§ 5. Si le mot harmonie a deux sens principaux qu'il ne faut pas perdre de vue, dans
son sens le plus spécial il s'applique aux grandeurs, considérées dans les choses qui
ont mouvement et proportion, pour exprimer la combinaison de ces grandeurs,
quand elles s'harmonisent de manière à ne pouvoir plus admettre entre elles rien
d'homogène. De plus, il signifie encore la proportion de choses mélangées; mais l'on
voit que ce mot n'est applicable ici ni dans un sens ni dans l'autre. Quant à supposer
que l'âme est la combinaison des parties du corps, il est très facile de réfuter cette
hypothèse. Les combinaisons de ces parties sont aussi nombreuses que diverses. Or,
de quels éléments peut-on supposer que l'intelligence soit la combinaison? et
comment cette combinaison se fait-elle? Comment la sensibilité ou la passion serait-
elle une combinaison de ce genre?
§ 6. Il est également absurde de croire que l'âme soit la proportion du mélange; car le
mélange des éléments qui forment la chair n'a pas le même rapport que celui qui
forme les os. Il faudra donc soutenir qu'il y a autant d'âmes aussi qu'il y a de corps,
s'il est vrai que tous les corps viennent d'éléments mêlés, et que le rapport du
mélange soit l'harmonie et l'âme.
§ 7. C'est ce qu'on pourrait encore aller demander à Empédocle, qui prétend que
chaque chose n'existe qu'en vertu d'un certain rapport. L'âme est-elle donc le
rapport? Ou plutôt n'est-ce pas parce qu'elle est tout autre chose qu'elle entre dans
les membres du corps? L'amour, de plus, est-il la cause d'un mélange fortuit, ou bien
d'un mélange soumis à un juste rapport? Est-il lui-même le rapport? ou est-il une
autre chose en dehors de ce rapport?
§ 8. Telles sont les questions qu'on peut soulever ici. Mais si l'âme est autre chose que
le mélange, pourquoi la vie lui est-elle ôtée en même temps qu'à la chair et aux autres
parties de l'être animé? De plus, puisque chacune des parties du corps n'a pas une
âme, si l'âme n'est pas le rapport du mélange, qu'est-ce donc qui est détruit quand
l'âme vient à faire défaut?
Nous pouvons conclure évidemment, d'après ce qui précède, que l'âme ne saurait ni
être une harmonie, ni avoir un mouvement circulaire.
§ 9. Mais quand on soutient que l'âme est mue par accident, comme nous l'avons dit,
c'est soutenir aussi qu'elle se meut elle-même; par exemple qu'elle est mue avec la
chose dans laquelle elle est, cette chose étant mue aussi par l'âme. Autrement il n'est
pas possible qu'elle se meuve dans l'espace.
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