[1,407b] § 18. Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ μακάριόν γε τὸ μὴ (407b) ῥᾴδιον ἀλλὰ βίαιον· εἰ δ' ἐστὶν ἡ κίνησις
αὐτῆς ᾗ οὐσία, παρὰ φύσιν ἂν κινοῖτο.
§ 19. Ἐπίπονον δὲ καὶ τὸ μεμῖχθαι τῷ σώματι μὴ δυνάμενον ἀπολυθῆναι, καὶ προσέτι φευκτόν,
εἴπερ βέλτιον τῷ νῷ μὴ μετὰ σώματος εἶναι, καθάπερ εἴωθέ τε λέγεσθαι καὶ πολλοῖς συνδοκεῖ.
§ 20. Ἄδηλος δὲ καὶ τοῦ κύκλῳ φέρεσθαι τὸν οὐρανὸν ἡ αἰτία· οὔτε γὰρ τῆς ψυχῆς ἡ οὐσία αἰτία
τοῦ κύκλῳ φέρεσθαι, ἀλλὰ κατὰ συμβεβηκὸς οὕτω κινεῖται, οὔτε τὸ σῶμα αἴτιον, ἀλλ' ἡ ψυχὴ
μᾶλλον ἐκείνῳ.
§ 21. Ἀλλὰ μὴν οὐδ' ὅτι βέλτιον λέγεται· καίτοι γ' ἐχρῆν διὰ τοῦτο τὸν θεὸν κύκλῳ ποιεῖν
φέρεσθαι τὴν ψυχήν, ὅτι βέλτιον αὐτῇ τὸ κινεῖσθαι τοῦ μένειν, κινεῖσθαι δ' οὕτως ἢ ἄλλως.
§ 22. Ἐπεὶ δ' ἐστὶν ἡ τοιαύτη σκέψις ἑτέρων λόγων οἰκειοτέρα, ταύτην μὲν ἀφῶμεν τὸ νῦν.
Ἐκεῖνο δὲ ἄτοπον συμβαίνει καὶ τούτῳ τῷ λόγῳ καὶ τοῖς πλείστοις τῶν περὶ ψυχῆς· συνάπτουσι
γὰρ καὶ τιθέασιν εἰς σῶμα τὴν ψυχήν, οὐθὲν προσδιορίσαντες διὰ τίν' αἰτίαν καὶ πῶς ἔχοντος
τοῦ σώματος. Καίτοι δόξειεν ἂν τοῦτ' ἀναγκαῖον εἶναι· διὰ γὰρ τὴν κοινωνίαν τὸ μὲν ποιεῖ τὸ δὲ
πάσχει καὶ τὸ μὲν κινεῖται τὸ δὲ κινεῖ, τούτων δ' οὐθὲν ὑπάρχει πρὸς ἄλληλα τοῖς τυχοῦσιν.
§ 23. Οἱ δὲ μόνον ἐπιχειροῦσι λέγειν ποῖόν τι ἡ ψυχή, περὶ δὲ τοῦ δεξομένου σώματος οὐθὲν ἔτι
προσδιορίζουσιν, ὥσπερ ἐνδεχόμενον κατὰ τοὺς Πυθαγορικοὺς μύθους τὴν τυχοῦσαν ψυχὴν εἰς
τὸ τυχὸν ἐνδύεσθαι σῶμα. Δοκεῖ γὰρ ἕκαστον ἴδιον ἔχειν εἶδος καὶ μορφήν, παραπλήσιον δὲ
λέγουσιν ὥσπερ εἴ τις φαίη τὴν τεκτονικὴν εἰς αὐλοὺς ἐνδύεσθαι· δεῖ γὰρ τὴν μὲν τέχνην
χρῆσθαι τοῖς ὀργάνοις, τὴν δὲ ψυχὴν τῷ σώματι.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'. § 1. Καὶ ἄλλη δέ τις δόξα παραδέδοται περὶ ψυχῆς, πιθανὴ μὲν πολλοῖς οὐδεμιᾶς
ἧττον τῶν λεγομένων, λόγον δ' ὥσπερ εὐθύνοις δεδωκυῖα κἀν τοῖς ἐν κοινῷ γεγενημένοις λόγοις.
Ἁρμονίαν γάρ τινα αὐτὴν λέγουσι· καὶ γὰρ τὴν ἁρμονίαν κρᾶσιν καὶ σύνθεσιν ἐναντίων εἶναι,
καὶ τὸ σῶμα συγκεῖσθαι ἐξ ἐναντίων.
§ 2. Καίτοι γε ἡ μὲν ἁρμονία λόγος τίς ἐστι τῶν μιχθέντων ἢ σύνθεσις, τὴν δὲ ψυχὴν οὐδέτερον
οἷόν τ' εἶναι τούτων.
| [1,407b] § 18. D'autre part une chose ne donne pas le bonheur quand elle n'est pas (407b)
facile et qu'elle s'accomplit par force; et si le mouvement n'est pas l'essence de l'intelligence,
l'âme serait donc mue contre sa nature.
§ 19. C'est encore une condition bien pénible pour elle que d'être unie au corps, de
manière à ne pouvoir s'en délivrer. Bien plus, c'est un sort qu'elle doit fuir, s'il vaut
mieux pour l'intelligence de n'être point unie au corps, comme ou a coutume de le
dire, et comme on le croit vulgairement.
§ 20. Timée laisse ignorer aussi la cause qui fait que le ciel a un mouvement
circulaire; car ce n'est pas l'essence de l'âme qui est cause qu'elle est mue de cette
façon; c'est par pur accident qu'elle reçoit cette espèce de mouvement. Ce n'est certes
pas davantage le corps qui en est cause, et ce serait bien plutôt l'âme qui en serait
cause pour lui.
§ 21. Mais Timée ne dit pas non plus que le mouvement soit un état meilleur pour
l'âme; et pourtant il a bien fallu, puisque Dieu a voulu que l'âme se mût
circulairement, qu'il fût meilleur pour elle de se mouvoir que de rester en repos, et de
se mouvoir ainsi plutôt que tout autrement. Mais comme ces considérations
appartiennent plus spécialement à une autre étude, nous les laissons de côté pour le
moment.
§ 22. Du reste, cette théorie de Timée est erronée aussi bien que la plupart de celles
qu'on a données sur l'âme, en ce qu'on unit l'âme au corps dans lequel on la place,
sans avoir eu outre déterminé comment est le corps et pour quelle cause il est ainsi
fait. C'est là cependant un point très nécessaire; car cette association est cause que
l'un agit et l'autre souffre, que l'un est mû et que l'autre meut, rapports de réciprocité
qui ne se trouvent point du tout entre les premiers êtres venus.
§ 23. D'autres aussi bornent leurs efforts à dire ce qu'est l'âme, sans dire un mot du
corps qui la doit recevoir, comme s'il était possible , ainsi que le veulent les fables
pythagoriciennes, que la première âme venue entrât au hasard dans le premier corps
venu. Chaque chose, au contraire, paraît avoir une espèce et une forme qui lui sont
propres ; et c'est absolument comme si l'on prétendait que l'architecture peut se
mêler de fabriquer des instruments de musique; loin de là, il faut que l'art se serve de
ses instruments propres, et que l'âme se serve du corps.
CHAPITRE IV.
§ 1. Il existe encore sur l'âme une autre opinion qui, pour bien des gens, ne paraît pas
moins certaine que toutes celles qu'on vient de rappeler, et dont nous avons déjà fait
justice par la discussion dans nos Études faites en commun. On dit que l'âme est une
harmonie; l'harmonie, ajoute-t-on, est un mélange et un composé de contraires, et le
corps se compose aussi de contraires.
§ 2. Mais l'harmonie est un rapport ou une combinaison de choses mêlées ensemble,
et il n'est pas possible que l'âme soit ni l'un ni l'autre.
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