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[2,133] Σιωπήν τε κατακηρύξας αὖθις ἔλεγεν· « Ἐγὼ περὶ μὲν τῶν
ἁμαρτόντων πολιτῶν, ὦ ἄνδρες ὁμότιμοι, σκεπτομένοις ὑμῖν οὐδὲν
ἐπεφθεγγόμην· περὶ δὲ Καίσαρος ἀντ' ἐκείνων ψῆφον αἰτοῦσιν ἓν
ἐκ τῶν Καίσαρος ἔργων προύθηκα μέχρι νῦν, καὶ τοσούτους ἡμῖν τὸ
ἓν ἀγῶνας ἤγειρεν, οὐκ ἀλόγως· εἰ γὰρ ἀποθησόμεθα τὰς ἀρχάς,
ὁμολογήσομεν ἄνδρες τοσοίδε καὶ τοιοίδε ἀναξίως αὐτῶν
τετυχηκέναι. Ὅσα δ' οὖν μηδὲ ἐπακούσεται ῥᾳδίως, ἐπισκέψασθε
νῦν αὐτὰ καὶ συναριθμεῖτε κατά τε πόλεις καὶ κατὰ ἔθνη καὶ
βασιλέας καὶ δυνάστας. Πάντα γὰρ δὴ σχεδὸν εἰπεῖν, ὅσα ἐξ ἠοῦς
ἐπὶ δύσιν ὁ Καῖσαρ ἡμῖν ἐχειρώσατο δυνάμει καὶ κράτει,
συνεστήσατο, νόμοις καὶ χάρισι καὶ φιλανθρωπίαις
βεβαιωσάμενος· ὧν τίνας ὑποστήσεσθαι δοκεῖτε ἀφαιρουμένους, ἃ
ἔλαβον, εἰ μὴ πάντα ἐμπλῆσαι πολέμων ἐθέλετε, οἳ τῇ πατρίδι ὡς
ἀσθενεστάτῃ μάλιστα οὔσῃ τοὺς ἐναγεῖς περισῴζειν ἀξιοῦτε;
Καὶ τὰ μὲν πορρωτέρω τοῖς τε δεινοῖς ἔτι καὶ τοῖς φόβοις
ἀφεστηκότα ἐάσω· ἃ δὲ οὐκ ἀγχοῦ μόνον ἐστὶν ἡμῖν, ἀλλὰ σύνοικα
ἀνὰ τὴν Ἰταλίαν αὐτήν, τοὺς τὰ νικητήρια λαβόντας καὶ κατὰ
πλῆθος ἅμα τοῖς ὅπλοις, ὡς ἐστρατεύοντο, ὑπὸ τῇ αὐτῇ συντάξει
συνῳκισμένους ὑπὸ Καίσαρος, ὧν ἔτι πολλαὶ μυριάδες εἰσὶν ἐν τῇ
πόλει, τί νομίζετε πράξειν ἀφαιρουμένους, ὧν εἰλήφασιν ἢ
προσδοκῶσι λήψεσθαι πόλεών τε καὶ χωρίων; Καὶ τοῦδε μὲν ὑμῖν
καὶ ἡ παρελθοῦσα νὺξ τὴν εἰκόνα ἔδειξε.
| [2,133] Il fit demander le silence par les hérauts et reprit la
parole : « Personnellement, s'agissant de nos
compatriotes coupables, mes chers confrères, je vous ai
laissés débattre sans rien ajouter ; s'agissant de César,
quand vous avez demandé un vote à son sujet, et non
plus à propos des précédents, je n'ai mis en avant
jusqu'à présent qu'un seul aspect de son activité, et
quels affrontements ce seul point n'a-t-il pas provoqués
parmi nous — non sans raison ! Car si nous déposons
nos charges, nous admettrons qu'en dépit de notre
nombre et de notre prestige nous n'avions pas mérité de
les obtenir. Or venons-en donc maintenant à des réalités
qui sont moins aisément à notre portée, et réfléchissez-y
en songeant au nombre de cités, de provinces, de rois et
de princes concernés : car effectivement tous les pays,
pour ainsi dire, de l'Occident à l'Orient, César nous les a
conquis par les armes, associés par la force, puis a assis
leur allégeance par des lois, des faveurs et des actes
d'humanité. Lequel de ces pays, à votre avis, acceptera
d'être privé des avantages qu'il a reçus ? À moins que
vous n'envisagiez de semer la guerre partout, vous qui
prétendez, pour épargner la patrie dans un état
d'extrême affaiblissement, sauver la vie d'individus sous
le coup d'une exécration ? Je laisserai de côté les
problèmes qui comportent des dangers et des menaces
qui sont encore trop loin : mais il y en a d'autres, non
seulement près de nous, mais jusque dans nos murs :
ces hommes qui, après avoir reçu les récompenses de
leurs victoires, se trouvent à la fois en nombre et en
armes, comme pendant leur service, que César, laissant
groupés comme à l'armée, a dotés de colonies, et dont
des dizaines de milliers se trouvent encore dans la Ville,
que pensez-vous qu'ils feront, si on les prive de ce qu'ils
ont déjà reçu et de ce qu'ils s'attendaient à recevoir
comme villes et comme terres ? La nuit passée vous en
a sans doute donné une idée.
| [2,134] « Δεομένοις γὰρ ὑμῖν ὑπὲρ τῶν ἁμαρτόντων ἀντιπαρέθεον
ἐκεῖνοι μετὰ ἀπειλῆς· τὸ δὲ σῶμα τοῦ Καίσαρος συρόμενον καὶ
αἰκιζόμενον καὶ ἄταφον ῥιπτούμενον νκαὶ γὰρ ταῦτα ἐκ τῶν νόμων
τοῖς τυράννοις ἐπιτέτακταἰ περιόψεσθαι νομίζετε τοὺς
ἐστρατευμένους αὐτῷ; Καὶ τὰ Κελτῶν καὶ Βρεττανῶν νομιεῖν, ἃ
εἰλήφασιν, ἕξειν βέβαια τοῦ δόντος ὑβριζομένου; Τί δὲ τὸν δῆμον
αὐτὸν ἐργάσεσθαι; Τί δὲ τοὺς Ἰταλιώτας; Πόσον δὲ ὑμῖν ἔσεσθαι
φθόνον παρά τε ἀνδρῶν καὶ θεῶν, ἐνυβρίζουσιν ἐς τὸν ὑμῖν τὴν
ἡγεμονίαν μέχρις ὠκεανοῦ, ἐπὶ τὴν ἄγνωστον προαγαγόντα; Καὶ
οὐκ ἐν αἰτίᾳ καὶ καταγνώσει μᾶλλον ἔσεσθαι τὴν τοσήνδε ἡμῶν
ἀνωμαλίαν, εἰ τοὺς μὲν ὕπατον ἐν βουλευτηρίῳ καὶ ἱερὸν ἄνδρα ἐν
ἱερῷ χωρίῳ, βουλῆς ἀγηγερμένης, ὑπὸ ὄψεσι θεῶν κατακανόντας
τιμᾶν ἀξιώσομεν, ἀτιμοῦν δὲ τὸν καὶ τοῖς πολεμίοις δι' ἀρετὴν
τίμιον; Τούτων μὲν οὖν ὡς οὔτε ὁσίων οὔτε ἐφ' ἡμῖν ὄντων προλέγω
πάμπαν ἀπέχεσθαι· γνώμην δὲ ἐσφέρω τὰ μὲν πεπραγμένα καὶ
βεβουλευμένα τῷ Καίσαρι πάντα κυροῦν, τοὺς δὲ ἁμαρτόντας
ἐπαινεῖν μὲν οὐδενὶ τρόπῳ ῳοὐ γὰρ ὅσιον οὐδὲ δίκαιον, οὐδὲ
σύμφωνον ἔτι τῷ κυροῦν τὰ Καίσαρι πεπραγμένἀ, περισῴζειν δὲ ἐξ
ἐλέου μόνον, εἰ ἐθέλοιτε, διὰ τοὺς οἰκείους αὐτῶν καὶ φίλους, εἰ δὴ
καὶ τόδε αὐτὸ οἵδε λαμβάνειν ὑπὲρ ἐκείνων ὁμολογοῖεν ἐν χάριτος
μέρει. »
| [2,134] « Tandis que vous étiez en train de supplier en
faveur des coupables, ils effectuaient une tournée
contraire, en proférant des menaces : si le corps de
César est traîné, outragé et jeté sans sépulture, comme
les lois le prescrivent pour les tyrans, pensez-vous que
ses compagnons de combat en supporteront la vue ?
Croiront-ils garanti ce qu'ils ont gagné en Gaule et en
Bretagne, si l'on outrage celui qui le leur a donné ? Et la
plèbe, que va-t-elle faire ? Et les Italiens ? Comme vous
serez détestés des hommes et des dieux, si vous
outragez l'homme qui a étendu votre empire jusqu'à
l'océan, en pénétrant sur des terres inconnues ! Et ne
verrons-nous pas l'immense extravagance qui est la
nôtre encore plus mise en cause et condamnée si, d'un
côté, nous honorons ceux qui ont tué un consul au
sénat, un homme sacré dans un lieu sacré, devant le
Sénat réuni, sous les regards des dieux, et si, de l'autre,
nous déshonorons un homme dont même nos ennemis
honorent la valeur ? De telles décisions seraient
sacrilèges et outrepasseraient nos compétences, et je
dis bien haut que nous devons absolument les rejeter. Je
propose en revanche de ratifier les actes et les projets
de César, et, pour les coupables, de ne pas leur
décerner le moindre éloge — ce qui ne serait ni pieux, ni
juste, ni en accord avec la ratification des actes de César
— mais de leur laisser la vie sauve, par pitié seulement,
si vous y consentez, par égard pour leurs proches et
leurs amis, si toutefois eux aussi conviennent d'admettre
qu'il s'agit, en faveur de ces hommes, d'une mesure d'indulgence. »
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