[3,15] Τῇ δὲ ὑστεραίᾳ πρὸς τὴν διάβασιν παρεσκευάζετο καὶ ἐπεχείρει
τὴν διώρυχα χῶσαι, ἥτις ἦν ἐμποδών. καὶ γὰρ ἑωρῶμεν τοὺς
λῃστὰς μετὰ πλείστης δυνάμεως ἐπὶ θάτερα τῆς διώρυχος ἑστῶτας
ἐν τοῖς ὅπλοις. βωμὸς δέ τις αὐτοῖς αὐτοσχέδιος ἦν πηλοῦ πεποιημένος
καὶ σορὸς τοῦ βωμοῦ πλησίον.
ἄγουσι δή τινες δύο τὴν κόρην ὀπίσω τὼ χεῖρε δεδεμένην· καὶ αὐτοὺς μὲν οἵτινες
ἦσαν οὐκ εἶδον, ἦσαν γὰρ ὡπλισμένοι, τὴν δὲ κόρην Λευκίππην οὖσαν ἐγνώρισα.
εἶτα κατὰ τῆς κεφαλῆς σπονδὴν περιχέαντες περιάγουσι τὸν
βωμὸν κύκλῳ, καὶ ἐπηύλει τις αὐτῇ, καὶ ὁ ἱερεὺς ᾖδεν, ὡς εἰκός,
ᾠδὴν Αἰγυπτίαν· τὸ γὰρ σχῆμα τοῦ στόματος καὶ τῶν προσώπων
τὸ διειλκυσμένον ὑπέφαινεν ᾠδήν.
εἶτα ἀπὸ συνθήματος πάντες ἀναχωροῦσι τοῦ βωμοῦ μακράν· τῶν δὲ νεανίσκων
ὁ ἕτερος ἀνακλίνας αὐτὴν ὑπτίαν ἔδησεν ἐκ παττάλων ἐπὶ τῆς γῆς ἐρηρεισμένων,
οἷον ποιοῦσιν οἱ κοροπλάθοι τὸν Μαρσύαν ἐκ τοῦ φυτοῦ δεδεμένον.
εἶτα λαβὼν ξίφος βάπτει κατὰ τῆς καρδίας καὶ διελκύσας τὸ ξίφος
εἰς τὴν κάτω γαστέρα ῥήγνυσι·
τὰ σπλάγχνα δὲ εὐθὺς ἐξεπήδησεν, ἃ ταῖς χερσὶν ἐξελκύσαντες ἐπιτιθέασι τῷ βωμῷ,
καὶ ἐπεὶ ὠπτήθη, κατατεμόντες ἅπαντες εἰς μοίρας ἔφαγον. ταῦτα δὲ ὁρῶντες
οἱ στρατιῶται καὶ ὁ στρατηγὸς καθ´ ἓν τῶν πραττομένων ἀνεβόων
καὶ τὰς ὄψεις ἀπέστρεφον τῆς θέας, ἐγὼ δὲ ἐκ παραλόγου καθήμενος ἐθεώμην.
τὸ δὲ ἦν ἔκπληξις· μέτρον γὰρ οὐκ ἔχον τὸ κακὸν
ἐνεβρόντησέ με. καὶ τάχα ὁ τῆς Νιόβης μῦθος οὐκ ἦν ψευδής, ἀλλὰ
κἀκείνη τοιοῦτόν τι παθοῦσα ἐπὶ τῇ τῶν παίδων ἀπωλείᾳ δόξαν
παρέσχεν ἐκ τῆς ἀκινησίας ὡσεὶ λίθος γενομένη. ἐπεὶ δὲ τέλος εἶχεν,
ὥς γε ᾤμην, τὸ ἔργον, τὸ σῶμα ἐνθέντες τῇ σορῷ καταλείπουσι,
πῶμα ἐπ´ αὐτῆς ἐπιθέντες, τὸν δὲ βωμὸν καταστρέψαντες φεύγουσιν
ἀμεταστρεπτί. οὕτω γὰρ αὐτοῖς ποιεῖν ἔτυχε μεμαντευμένος ὁ ἱερεύς.
| [3,15] Le lendemain, nous fîmes les préparatifs pour
continuer l'offensive et nous entreprîmes de traverser
un large fossé qui nous barrait la route. Et nous voyions
les brigands, en force, qui se tenaient, armés, de l'autre
côte du fossé; ils avaient fait, avec de la boue, un autel
improvisé et il y avait un cercueil près de l'autel. Deux
brigands, à un moment donné, amènent la jeune fille,
les deux mains attachées derrière le dos; les brigands
eux-mêmes, je ne vis pas qui ils étaient, car ils portaient
une armure complète, mais dans la jeune fille je reconnus
Leucippé. Ensuite, ils répandirent des libations
sur sa tête et la promenèrent autour de l'autel, au
son de la flûte, et le prêtre, à ce qu'il me sembla,
chanta un hymne égyptien, car les mouvements de ses
lèvres et la contraction de ses traits indiquaient qu'il
chantait. Ensuite, sur quelque signal, tout le monde
s'éloigna assez loin de l'autel; alors, l'un des deux jeunes
gens étendit la jeune fille sur le dos et l'attacha à l'aide
de chevilles enfoncées dans le sol, comme le font les
fabricants de statuettes lorsqu'ils représentent Marsyas
attaché à son arbre. Puis, il prit son épée et l'enfonça
dans le coeur de la jeune fille; et, l'ayant retirée, il la
plongea dans le bas-ventre et fit une longue ouverture.
Les entrailles jaillirent aussitôt; l'homme les tira à
pleines mains et les plaça sur l'autel, et, quand elles
furent cuites, ils les coupèrent en petits morceaux et
tous les brigands en mangèrent. Devant ce spectacle,
les soldats et le commandant poussaient des cris, à
chaque action nouvelle, et détournaient les yeux pour
ne pas voir. Et moi, contrairement à toute attente, je
restais assis, à regarder. J'étais absolument paralysé; ce
malheur sans mesure avait eu sur moi l'effet d'un coup
de foudre. Peut-être l'histoire de Niobé n'est-elle pas
une invention; peut-être a-t-elle, elle aussi, éprouvé la
même chose en perdant ses enfants et son immobilité
a-t-elle fait croire qu'elle avait été changée en pierre.
Lorsque le sacrifice, à ce que je croyais, arriva à sa fin,
ils mirent le cadavre dans le cercueil et l'abandonnèrent,
après avoir placé le couvercle, puis, ayant démoli
l'autel, ils s'enfuirent sans se retourner : telles avaient
etc les instruaions données par le prêtre, au nom des dieux.
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