[3,14] Ἦν δὲ περὶ δείλην ὁ καιρός· καὶ ὁ στρατηγὸς διαλαβὼν
ἡμῶν ἕκαστον ἐπυνθάνετο τίνες εἴημεν καὶ πῶς ληφθείημεν· διηγεῖτο
δὲ ἄλλος ἄλλο τι, κἀγὼ τὰ ἐμὰ εἶπον. ἐπεὶ οὖν ἅπαντα ἔμαθεν,
ἐκέλευσεν ἀκολουθεῖν, αὐτὸς δὲ ὅπλα δώσειν ὑπέσχετο. διεγνώκει
γὰρ ἀναμείνας στρατιὰν ἐπελθεῖν τῷ μεγάλῳ λῃστηρίῳ· ἐλέγοντο δὲ
ἀμφὶ τοὺς μυρίους εἶναι.
ἐγὼ δὲ ἵππον ᾔτουν, σφόδρα γὰρ ᾔδειν ἱππεύειν γεγυμνασμένος. ὡς δέ τις παρῆν,
περιάγων τὸν ἵππον ἐπεδεικνύμην ἐν ῥυθμῷ τὰ τῶν πολεμούντων σχήματα, ὥστε
καὶ τὸν στρατηγὸν σφόδρα ἐπαινέσαι. ποιεῖται δή με ἐκείνην τὴν ἡμέραν
ὁμοτράπεζον καὶ παρὰ τὸ δεῖπνον ἐπυνθάνετο τἀμὰ καὶ ἀκούων ἠλέει.
συμπαθὴς δέ πως εἰς ἔλεον ἄνθρωπος ἀκροατὴς ἀλλοτρίων
κακῶν, καὶ ὁ ἔλεος πολλάκις φιλίαν προξενεῖ· ἡ γὰρ ψυχὴ μαλαχθεῖσα
πρὸς τὴν ὧν ἤκουσε λύπην, συνδιατεθεῖσα κατὰ μικρὸν τῇ τοῦ
πάθους ἀκροάσει τὸν οἶκτον εἰς φιλίαν καὶ τὴν λύπην εἰς τὸν ἔλεον συλλέγει.
οὕτω γοῦν διέθηκα τὸν στρατηγὸν ἐκ τῆς ἀκροάσεως,
ὡς καὶ αὐτὸν δάκρυα προαγαγεῖν· πλέον δὲ ποιεῖν εἴχομεν οὐδέν,
τῆς Λευκίππης ὑπὸ τῶν λῃστῶν ἐχομένης. ἔδωκε δέ μοι καὶ θεράποντα
τὸν ἐπιμελησόμενον Αἰγύπτιον.
| [3,14] Il était tard dans l'après-midi; le commandant
prit chacun de nous à part et nous demanda qui nous
étions et comment nous avions été capturés; chacun
lui raconta son histoire et moi je lui dis la mienne.
Lorsqu'il eut tout appris, il nous dit de venir avec lui,
et il promit de nous donner des armes. Il avait l'intention
d'attendre le gros de son armée et d'attaquer le repaire
principal des brigands. Il disait qu'il y en avait dans les
dix mille en cet endroit. Moi, je lui demandai un cheval,
car j'avais été très exercé à l'équitation et savais
fort bien monter. On m'en amena un et, en décrivant
des voltes, je fis, selon l'ordre consacré, une démonstration
des différentes figures du combat de cavalerie,
si bien que le commandant lui-même m'adressa les plus
grands compliments. Ce jour-là, il me prit à sa table et,
pendant le dîner, s'enquit de mes aventures et, à leur
récit, fut ému de pitié. En entendant les malheurs d'autrui,
les hommes se laissent aller à éprouver de la pitié,
et la pitié, souvent, sert à introduire l'amitié; car, l'âme,
amollie par l'impression douloureuse que lui cause ce
qu'elle entend raconter, éprouve bientôt les sentiments
que lui inspire le récit de l'infortune, et change la commisération
en amitié, et le chagrin en pitié. J'émus si
profondément le commandant par mon récit qu'il alla
jusqu'à verser des larmes; et nous ne pouvions rien
faire de plus, puisque Leucippé était au pouvoir des
brigands. Et il me donna aussi un serviteur égyptien
pour prendre soin de moi.
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