| [3,16] Ἑσπέρας δὲ γενομένης ἡ διῶρυξ κέχωστο πᾶσα· οἱ δὲ στρατιῶται 
 διαβάντες αὐλίζονται μικρὸν ἄνω τῆς διώρυχος καὶ περὶ
 δεῖπνον ἦσαν. ὁ δὲ στρατηγὸς ἐπεχείρει με παρηγορεῖν ἀνιαρῶς ἔχοντα.
 περὶ δὲ πρώτην νυκτὸς φυλακὴν πάντας ἐπιτηρήσας καθεύδοντας πρόειμι 
 τὸ ξίφος ἔχων, ἐπικατασφάξων ἐμαυτὸν τῇ σορῷ.
 ἐπεὶ δὲ πλησίον ἐγενόμην, ἀνατείνω τὸ ξίφος, "Λευκίππη," λέγων,
 "ἀθλία καὶ πάντων ἀνθρώπων δυστυχεστάτη, οὐ τὸν θάνατον ὀδύρομαί 
 σου μόνον, οὐδ´ ὅτι τέθνηκας ἐπὶ ξένης, οὐδ´ ὅτι σοι γέγονεν 
 ἐκ βίας σφαγή, ἀλλ´ ὅτι ταῦτα τῶν σῶν ἀτυχημάτων παίγνια, ἀλλ´
 ὅτι καθάρσιον γέγονας ἀκαθάρτων σωμάτων καί σε ζῶσαν ἀνέτεμον,
 οἴμοι, καὶ βλέπουσαν ὅλην τὴν ἀνατομήν, ἀλλ´ ὅτι σου τῆς γαστρὸς
 τὰ μυστήρια ἐμέρισαν καὶ τὴν ταφὴν κακοδαίμονι βωμῷ καὶ σορῷ.
 καὶ τὸ μὲν σῶμα ταύτῃ κατατέθειται, τὰ δὲ σπλάγχνα ποῦ; εἰ
 μὲν δεδαπανήκει τὸ πῦρ, ἥττων ἡ συμφορά· νῦν δὲ ἡ τῶν σπλάγχνων
 σου ταφὴ λῃστῶν γέγονε τροφή. ὢ πονηρᾶς ἐπὶ βωμοῦ δᾳδουχίας·
 ὢ τροφῶν καινὰ μυστήρια.
 καὶ ἐπὶ τοιούτοις θύμασιν ἔβλεπον ἄνωθεν οἱ θεοὶ καὶ οὐκ ἐσβέσθη τὸ πῦρ, 
 ἀλλὰ μιαινόμενον ἠνείχετο καὶ ἀνέφερε τοῖς θεοῖς τὴν κνῖσαν. λαβὲ οὖν, Λευκίππη, 
 τὰς πρεπούσας σοι παρ´ ἐμοῦ χοάς."
 | [3,16] Le soir venu, le fossé fut entièrement rempli de 
terre; les soldats le franchirent, campèrent un peu au delà 
et se mirent en devoir de préparer leur dîner. Cependant, 
le commandant essayait de m'assister dans mon désespoir. 
Vers la première veille de la nuit, lorsque je vis 
que tout le monde dormait, je sortis du camp, l'épée à 
la main, avec l'intention de me tuer sur le cercueil, 
Arrivé près de l'endroit, je tire l'épée du fourreau en
disant : « Leucippé, malheureuse, toi, la plus infortunée 
de toutes les femmes, ce n'est pas seulement ta mort que 
je pleure, ni ta mort sur une terre étrangère, ni le fait 
que tu aies été ainsi égorgée, mais la dérision de tout 
ce que tu as souffert, que tu aies servi à purifier des êtres 
impurs, que l'on t'ait dépecée encore vivante, hélas 
et capable de voir ton supplice, que l'on ait divisé le 
plus intime de ton être, et que ton tombeau soit cet 
autel maudit et ce cercueil. Oui, ton corps est là, gisant 
mais tes entrailles, où sont-elles ? Si le feu les avait 
consumées, ton malheur serait moindre; mais, en réalité, 
tes entrailles ont été ensevelies dans le ventre des 
brigands! O, feu maudit de cet autel! O, horrible banquet 
sacré ! Et les dieux, là-haut, ont regardé ce sacrifice, 
et le feu ne s'est pas éteint, ils ont souffert qu'il soit 
ainsi souillé et il a apporté aux dieux le fumet de cette 
viande! Reçois donc, Leucippé, les libations que tu 
mérites, et reçois-les de moi ! »
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