[4,4,10] ἐδόκει δὴ τοῖς στρατηγοῖς οὐκ ἀσφαλὲς εἶναι διασκηνοῦν, ἀλλὰ συναγαγεῖν
τὸ στράτευμα πάλιν. ἐντεῦθεν συνῆλθον· καὶ γὰρ ἐδόκει διαιθριάζειν. (4.4.11)
νυκτερευόντων δ᾽ αὐτῶν ἐνταῦθα ἐπιπίπτει χιὼν ἄπλετος, ὥστε ἀπέκρυψε καὶ
τὰ ὅπλα καὶ τοὺς ἀνθρώπους κατακειμένους· καὶ τὰ ὑποζύγια συνεπόδισεν ἡ
χιών· καὶ πολὺς ὄκνος ἦν ἀνίστασθαι· κατακειμένων γὰρ ἀλεεινὸν ἦν ἡ χιὼν
ἐπιπεπτωκυῖα ὅτῳ μὴ παραρρυείη. (4.4.12) ἐπεὶ δὲ Ξενοφῶν ἐτόλμησε γυμνὸς
ἀναστὰς σχίζειν ξύλα, τάχ᾽ ἀναστάς τις καὶ ἄλλος ἐκείνου ἀφελόμενος ἔσχιζεν.
ἐκ δὲ τούτου καὶ ἄλλοι ἀναστάντες πῦρ ἔκαιον καὶ ἐχρίοντο· (4.4.13) πολὺ γὰρ
ἐνταῦθα ηὑρίσκετο χρῖμα, ᾧ ἐχρῶντο ἀντ᾽ ἐλαίου, σύειον καὶ σησάμινον καὶ
ἀμυγδάλινον ἐκ τῶν πικρῶν καὶ τερμίνθινον. ἐκ δὲ τῶν αὐτῶν τούτων καὶ μύρον
ηὑρίσκετο. (4.4.14) μετὰ ταῦτα ἐδόκει πάλιν διασκηνητέον εἶναι (τὰς κώμας) εἰς
στέγας. ἔνθα δὴ οἱ στρατιῶται σὺν πολλῇ κραυγῇ καὶ ἡδονῇ ᾖσαν ἐπὶ τὰς στέγας
καὶ τὰ ἐπιτήδεια· ὅσοι δὲ ὅτε τὸ πρότερον ἀπῇσαν τὰς οἰκίας ἐνέπρησαν ὑπὸ
ἀτασθαλίας, δίκην ἐδίδοσαν κακῶς σκηνοῦντες. (4.4.15) ἐντεῦθεν ἔπεμψαν
νυκτὸς Δημοκράτην Τημνίτην ἄνδρας δόντες ἐπὶ τὰ ὄρη ἔνθα ἔφασαν οἱ
ἀποσκεδαννύμενοι καθορᾶν τὰ πυρά· οὗτος γὰρ ἐδόκει καὶ πρότερον πολλὰ ἤδη
ἀληθεῦσαι τοιαῦτα, τὰ ὄντα τε ὡς ὄντα καὶ τὰ μὴ ὄντα ὡς οὐκ ὄντα. (4.4.16)
πορευθεὶς δὲ τὰ μὲν πυρὰ οὐκ ἔφη ἰδεῖν, ἄνδρα δὲ συλλαβὼν ἧκεν ἄγων ἔχοντα
τόξον Περσικὸν καὶ φαρέτραν καὶ σάγαριν οἵανπερ καὶ <αἱ> Ἀμαζόνες ἔχουσιν.
(4.4.17) ἐρωτώμενος δὲ ποδαπὸς εἴη Πέρσης μὲν ἔφη εἶναι, πορεύεσθαι δ᾽ ἀπὸ τοῦ
Τιριβάζου στρατοπέδου, ὅπως ἐπιτήδεια λάβοι. οἱ δὲ ἠρώτων αὐτὸν τὸ στράτευμα
ὁπόσον τε εἴη καὶ ἐπὶ τίνι συνειλεγμένον. (4.4.18) ὁ δὲ εἶπεν ὅτι Τιρίβαζος εἴη
ἔχων τήν τε ἑαυτοῦ δύναμιν καὶ μισθοφόρους Χάλυβας καὶ Ταόχους·
παρεσκευάσθαι δὲ αὐτὸν ἔφη ὡς ἐπὶ τῇ ὑπερβολῇ τοῦ ὄρους ἐν τοῖς στενοῖς ᾗπερ
μοναχῇ εἴη πορεία, ἐνταῦθα ἐπιθησόμενον τοῖς Ἕλλησιν. (4.4.19) ἀκούσασι τοῖς
στρατηγοῖς ταῦτα ἔδοξε τὸ στράτευμα συναγαγεῖν· καὶ εὐθὺς φύλακας
καταλιπόντες καὶ στρατηγὸν ἐπὶ τοῖς μένουσι Σοφαίνετον Στυμφάλιον
ἐπορεύοντο ἔχοντες ἡγεμόνα τὸν ἁλόντα ἄνθρωπον.
| [4,4,10] Les généraux jugèrent qu'il n'était pas sûr de cantonner dans
des villages séparés, et qu'il fallait rassembler l'armée ; on la rassembla donc
encore une fois, et l'on résolut de la tenir au bivouac. Pendant la nuit qu'elle
y passa, il tomba une quantité excessive de neige ; elle couvrit les armes et
les hommes qui étaient couchés, et raidit même les jambes des chevaux de bât :
hommes, bêtes, tout était engourdi : rien ne se relevait ; c'était un spectacle
digne de compassion de voir tout couché et tout couvert de neige. Xénophon eut
le premier le courage de se lever nu et de fendre du bois ; un autre Grec
bientôt l'imita, lui prit des bûches et se mit à en fendre aussi. Alors tous les
soldats se relevèrent, firent du feu, et commencèrent à se frotter de matières
grasses qu'ils trouvèrent en abondance dans ce pays et qui leur tinrent lieu
d'huile d'olive, comme de saindoux d'huiles tirées du sésame, d'amandes amères
et des fruits du térébinthe. Or y trouva aussi des essences faites des mêmes
substances.
On résolut ensuite de renvoyer l'armée dans ses cantonnements pour qu'elle fût à
couvert. Les soldats coururent avec transport, et en jetant de grands cris de
joie, retrouver un abri et des vivres. Tous ceux qui, en quittant leurs
habitations, les avaient brûlées, en reçurent la peine, car ils furent mal logés
et presque au bivouac. On détacha pendant la nuit Démocrate de Teménium avec
quelques hommes sur les montagnes où les soldats, qui s'étaient écartés disaient
avoir vu des feux. Ce Grec passait pour avoir fait jusque-là des rapports très
fidèles à l'armée, avoir constaté la réalité des faits véritables, et démontré
chimériques ceux qui n'existaient pas. Il dit à son retour qu'il n'avait point
vu de feux ; mais il ramena un homme qu'il avait arrêté, qui portait un arc
semblable à ceux des Perses, un carquois et une hache telle qu'en ont les
Amazones. On demanda au prisonnier de quel pays il était : « Je suis Perse,
répondit-il, et envoyé de l'armée de Tiribaze pour y faire porter des vivres. »
On s'informa de lui quelle était la force de cette armée et pourquoi on l'avait
assemblée. Il dit que Tiribaze avait toutes les troupes de sa province, et de
plus des Chalybes et des Taoques mercenaires ; il ajouta que ce général avait
fait ces préparatifs pour attaquer les Grecs sur le sommet de la montagne à un
défilé qui était le seul chemin par où ils pussent passer.
D'après ce rapport, les généraux furent d'avis de rassembler l'armée, et
aussitôt, ayant laissé une garde commandée par Sophénète de Stymphale, ils
marchèrent et prirent le prisonnier pour guide.
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