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[8,89] Οἱ δ' ἐκ τῆς Σάμου ἀπὸ τῶν τετρακοσίων πεμφθέντες πρέσβεις ἐπειδὴ ἀφικόμενοι
ἐς τὰς Ἀθήνας ἀπήγγειλαν τὰ παρὰ τοῦ Ἀλκιβιάδου, ὡς κελεύει τε ἀντέχειν καὶ
μηδὲν ἐνδιδόναι τοῖς πολεμίοις, ἐλπίδας τε ὅτι πολλὰς ἔχει κἀκείνοις τὸ
στράτευμα διαλλάξειν καὶ Πελοποννησίων περιέσεσθαι, ἀχθομένους καὶ
πρότερον τοὺς πολλοὺς τῶν μετεχόντων τῆς ὀλιγαρχίας καὶ ἡδέως ἂν
ἀπαλλαγέντας πῃ ἀσφαλῶς τοῦ πράγματος πολλῷ δὴ μᾶλλον ἐπέρρωσαν.
(8.89.2) καὶ ξυνίσταντό τε ἤδη καὶ τὰ πράγματα διεμέμφοντο, ἔχοντες ἡγεμόνας
τῶν πάνυ (στρατηγῶν) τῶν ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ καὶ ἐν ἀρχαῖς ὄντων, οἷον Θηραμένη
τε τὸν Ἅγνωνος καὶ Ἀριστοκράτη τὸν Σκελίου καὶ ἄλλους, οἳ μετέσχον μὲν ἐν
τοῖς πρῶτοι τῶν πραγμάτων, φοβούμενοι δέ, ὡς ἔφασαν, τό τε ἐν τῇ Σάμῳ
στράτευμα καὶ τὸν Ἀλκιβιάδην σπουδῇ πάνυ, τούς τε ἐς τὴν Λακεδαίμονα
πρεσβευομένους (ἔπεμπον), μή τι ἄνευ τῶν πλεόνων κακὸν δράσωσι τὴν πόλιν,
οὐ τὸ ἀπαλλαξείειν τοῦ ἄγαν ἐς ὀλίγους ἐλθεῖν, ἀλλὰ τοὺς πεντακισχιλίους
ἔργῳ καὶ μὴ ὀνόματι χρῆναι ἀποδεικνύναι (8.89.3) καὶ τὴν πολιτείαν ἰσαιτέραν
καθιστάναι. ἦν δὲ τοῦτο μὲν σχῆμα πολιτικὸν τοῦ λόγου αὐτοῖς, κατ' ἰδίας δὲ
φιλοτιμίας οἱ πολλοὶ αὐτῶν τῷ τοιούτῳ προσέκειντο, ἐν ᾧπερ καὶ μάλιστα
ὀλιγαρχία ἐκ δημοκρατίας γενομένη ἀπόλλυται· πάντες γὰρ αὐθημερὸν
ἀξιοῦσιν οὐχ ὅπως ἴσοι, ἀλλὰ καὶ πολὺ πρῶτος αὐτὸς ἕκαστος εἶναι· ἐκ δὲ
δημοκρατίας αἱρέσεως γιγνομένης ῥᾷον τὰ ἀποβαίνοντα ὡς οὐκ (8.89.4) ἀπὸ τῶν
ὁμοίων ἐλασσούμενός τις φέρει. σαφέστατα δ' αὐτοὺς ἐπῆρε τὰ ἐν τῇ Σάμῳ τοῦ
Ἀλκιβιάδου ἰσχυρὰ ὄντα καὶ ὅτι αὐτοῖς οὐκ ἐδόκει μόνιμον τὸ τῆς ὀλιγαρχίας
ἔσεσθαι· ἠγωνίζετο οὖν εἷς ἕκαστος αὐτὸς πρῶτος προστάτης τοῦ δήμου
γενέσθαι.
| [8,89] LXXXIX. - Les députés des Quatre Cents, une fois
revenus de Samos à Athènes, y firent connaître la
réponse d'Alcibiade : il recommandait la résistance
sans aucune concession à l'ennemi ; exprimait sa
ferme espérance de réconcilier Athènes avec
l'armée et de réduire les Péloponnésiens. La
plupart de ceux qui avaient participé au
rétablissement de l'oligarchie et qui ne
demandaient qu'à se tirer sans danger de ces
embarras, sentirent aux paroles d'Alcibiade
s'affermir leur coeur. Ils tinrent des réunions et
blâmèrent la manière dont l'État était conduit. Ils
avaient à leur tête quelques gens connus soit des
oligarques, soit des citoyens en charge comme
Théraménès fils d'Hagnôn et Aristokratès fils de
Skèlias et plusieurs autres. Tout en occupant dans
le régime les premières places, ils craignaient à
l'extrême, disaient-ils, l'armée de Samos et
Alcibiade. Ils redoutaient aussi que les députés
envoyés à Lacédémone ne prissent, sans l'aveu de
la majorité des citoyens, quelque décision funeste à
l'Etat. Sans vouloir, ajoutaient-ils, renoncer au
gouvernement oligarchique, ils demandaient que le
pouvoir des Cinq Mille cessât d'être un vain mot
pour devenir une réalité et que les droits des
citoyens fussent plus également répartis. Ce
n'étaient là que faux-semblants et paroles pour le
peuple ; en fait la plupart d'entre eux n'obéissaient
qu'à des ambitions personnelles et prenaient les
meilleurs moyens pour détruire une oligarchie née
d'un gouvernement démocratique ; car chacun y
aspire à devenir sur-le-champ, non pas l'égal des
autres, mais le premier de tous. Au contraire, dans
une démocratie chacun supporte plus volontiers
les résultats des élections, parce qu'on ne se juge
pas rabaissé par le choix de ses égaux. Ce qui les
enhardit le plus nettement, ce fut l'autorité acquise
à Samos par Alcibiade et le peu de stabilité dont
disposait à leurs yeux l'oligarchie. Aussi chacun
d'eux déployait-il tous ses efforts pour se mettre à
la tête du parti populaire.
| [8,90] οἱ δὲ τῶν τετρακοσίων μάλιστα ἐναντίοι ὄντες τῷ τοιούτῳ εἴδει
καὶ προεστῶτες Φρύνιχός τε, ὃς καὶ στρατηγήσας ἐν τῇ Σάμῳ (ποτὲ) τῷ
Ἀλκιβιάδῃ τότε διηνέχθη, καὶ Ἀρίσταρχος, ἀνὴρ ἐν τοῖς μάλιστα καὶ ἐκ πλείστου
ἐναντίος τῷ δήμῳ, καὶ Πείσανδρος καὶ Ἀντιφῶν καὶ ἄλλοι οἱ δυνατώτατοι,
πρότερόν τε, ἐπεὶ τάχιστα κατέστησαν καὶ ἐπειδὴ τὰ ἐν τῇ Σάμῳ σφῶν ἐς
δημοκρατίαν ἀπέστη, πρέσβεις τε ἀπέστελλον σφῶν ἐς τὴν Λακεδαίμονα καὶ
τὴν ὁμολογίαν προυθυμοῦντο καὶ τὸ ἐν τῇ Ἠετιωνείᾳ καλουμένῃ τεῖχος
ἐποιοῦντο, πολλῷ τε μᾶλλον ἔτι, ἐπειδὴ καὶ οἱ ἐκ τῆς Σάμου πρέσβεις σφῶν
ἦλθον, ὁρῶντες τούς τε πολλοὺς καὶ σφῶν τοὺς δοκοῦντας πρότερον πιστοὺς
(8.90.2) εἶναι μεταβαλλομένους. καὶ ἀπέστειλαν μὲν Ἀντιφῶντα καὶ Φρύνιχον
καὶ ἄλλους δέκα κατὰ τάχος, φοβούμενοι καὶ τὰ αὐτοῦ καὶ τὰ ἐκ τῆς Σάμου,
ἐπιστείλαντες παντὶ τρόπῳ ὅστις καὶ ὁπωσοῦν ἀνεκτὸς ξυναλλαγῆναι πρὸς
τοὺς Λακεδαιμονίους, (8.90.3) ᾠκοδόμουν δὲ ἔτι προθυμότερον τὸ ἐν τῇ
Ἠετιωνείᾳ τεῖχος. ἦν δὲ τοῦ τείχους ἡ γνώμη αὕτη, ὡς ἔφη Θηραμένης καὶ οἱ μετ'
αὐτοῦ, οὐχ ἵνα τοὺς ἐν Σάμῳ, ἢν βίᾳ ἐπιπλέωσι, μὴ δέξωνται ἐς τὸν Πειραιᾶ,
ἀλλ' ἵνα τοὺς πολεμίους μᾶλλον, ὅταν βούλωνται, καὶ ναυσὶ καὶ πεζῷ (8.90.4)
δέξωνται. χηλὴ γάρ ἐστι τοῦ Πειραιῶς ἡ Ἠετιωνεία, καὶ παρ' αὐτὴν εὐθὺς ὁ
ἔσπλους ἐστίν. ἐτειχίζετο οὖν οὕτω ξὺν τῷ πρότερον πρὸς ἤπειρον ὑπάρχοντι
τείχει, ὥστε καθεζομένων ἐς αὐτὸ ἀνθρώπων ὀλίγων ἄρχειν τοῦ ἔσπλου· ἐπ'
αὐτὸν γὰρ τὸν ἐπὶ τῷ στόματι τοῦ λιμένος στενοῦ ὄντος τὸν ἕτερον πύργον
ἐτελεύτα τό τε παλαιὸν τὸ πρὸς ἤπειρον καὶ τὸ ἐντὸς τὸ καινὸν τεῖχος
τειχιζόμενον πρὸς θάλασσαν. (8.90.5) διῳκοδόμησαν δὲ καὶ στοάν, ἥπερ ἦν
μεγίστη καὶ ἐγγύτατα τούτου εὐθὺς ἐχομένη ἐν τῷ Πειραιεῖ, καὶ ἦρχον αὐτοὶ
αὐτῆς, ἐς ἣν καὶ τὸν σῖτον ἠνάγκαζον πάντας τὸν ὑπάρχοντά τε καὶ τὸν
ἐσπλέοντα ἐξαιρεῖσθαι καὶ ἐντεῦθεν προαιροῦντας πωλεῖν.
| [8,90] XC. - Ceux des Quatre Cents qui étaient les plus
hostiles à cette forme de gouvernement et qui se
trouvaient à la tête des affaires étaient Phrynikhos,
qui au temps de son commandement à Samos avait
eu des démêlés avec Alcibiade, Aristarchos un des
adversaires les plus acharnés et les plus anciens
de la démocratie, Peisandros, Antiphôn et d'autres
du premier rang. Dès leur arrivée au pouvoir et à la
nouvelle de l'établissement à Samos de la
démocratie, ils avaient envoyé quelques-uns des
leurs en ambassade à Lacédémone pour y opérer
un rapprochement avec Athènes. On avait
commencé d'élever un retranchement à l'endroit
appelé Eétioneia. Ils redoublèrent d'activité, quand
leurs députés revinrent de Samos et qu’ils virent le
changement d'attitude de ceux des leurs en qui ils
avaient confiance jusqu'alors. Dans la crainte qu'ils
éprouvaient et à l'intérieur et du côté de Samos, ils
dépêchèrent Antiphôn, Phrynikhos et dix autres
avec mission de conclure avec les Lacédémoniens
un accord à des conditions à peu près acceptables.
Ils pressèrent la construction du rempart
d'Eétioneia. A entendre Théraménès et ses
partisans, le but de cette fortification n'était pas de
fermer le Pirée à la flotte de Samos, si elle cherchait
à en forcer l'entrée, mais bien d'y recevoir l'ennemi
à volonté par mer et par terre. L'Eétioneia est une
digue avancée du Pirée et, en la longeant, on
pénètre immédiatement dans le port. On ajouta
une autre muraille à celle qui existait déjà du côté
de la terre, si bien qu'une petite garnison suffisait à
commander l'entrée du port. L'ancienne muraille
qui faisait face à la terre et la nouvelle, que l'on
construisait à l'intérieur du côté de la mer,
aboutissaient également à l'une des deux tours
fermant l'étroite embouchure du port. On entoura
aussi d'une clôture le portique très vaste, qui tout
près de cette muraille touchait au Pirée. Ils s'en
assurèrent personnellement la possession et
forcèrent les citoyens à y déposer le blé qu'ils
pouvaient avoir et celui qui arrivait par mer. C'est à
cet entrepôt qu'on allait le chercher pour le mettre
en vente.
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