HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Thucydide, Histoire de la Guerre du Péloponnèse, livre VI

Chapitre 79-80

  Chapitre 79-80

[6,79] ‘Δειλίᾳ δὲ ἴσως τὸ δίκαιον πρός τε ἡμᾶς καὶ πρὸς τοὺς ἐπιόντας θεραπεύσετε, λέγοντες ξυμμαχίαν εἶναι ὑμῖν πρὸς Ἀθηναίους· ἥν γε οὐκ ἐπὶ τοῖς φίλοις ἐποιήσασθε, τῶν δὲ ἐχθρῶν ἤν τις ἐφ' ὑμᾶς ἴῃ, καὶ τοῖς γε Ἀθηναίοις βοηθεῖν, ὅταν (6.79.2) ὑπ' ἄλλων καὶ μὴ αὐτοὶ ὥσπερ νῦν τοὺς πέλας ἀδικῶσιν, ἐπεὶ οὐδ' οἱ Ῥηγῖνοι ὄντες Χαλκιδῆς Χαλκιδέας ὄντας Λεοντίνους ἐθέλουσι ξυγκατοικίζειν. καὶ δεινὸν εἰ ἐκεῖνοι μὲν τὸ ἔργον τοῦ καλοῦ δικαιώματος ὑποπτεύοντες ἀλόγως σωφρονοῦσιν, ὑμεῖς δ' εὐλόγῳ προφάσει τοὺς μὲν φύσει πολεμίους βούλεσθε ὠφελεῖν, τοὺς δὲ ἔτι μᾶλλον φύσει ξυγγενεῖς μετὰ τῶν (6.79.3) ἐχθίστων διαφθεῖραι. ἀλλ' οὐ δίκαιον, ἀμύνειν δὲ καὶ μὴ φοβεῖσθαι τὴν παρασκευὴν αὐτῶν· οὐ γὰρ ἢν ἡμεῖς ξυστῶμεν πάντες δεινή ἐστιν, ἀλλ' ἤν, ὅπερ οὗτοι σπεύδουσι, τἀναντία διαστῶμεν, ἐπεὶ οὐδὲ πρὸς ἡμᾶς μόνους ἐλθόντες καὶ μάχῃ περιγενόμενοι ἔπραξαν ἐβούλοντο, ἀπῆλθον δὲ διὰ τάχους. [6,79] LXXIX. – « Peut-être par une lâche prudence, voudrez-vous avoir égard à la justice, tant envers nous qu'envers nos agresseurs, en prétextant l'alliance qui vous unit aux Athéniens ; cette alliance pourtant vous ne l'avez pas contractée contre des amis, mais pour le cas où vous seriez attaqués. Du moins, votre concours n'était-il acquis aux Athéniens qu'au cas où ils seraient les victimes et non comme maintenant les agresseurs. Voyez les gens de Rhégion : tout Khalkidiens qu'ils sont, ils ne veulent pas contribuer avec Athènes au rétablissement des Léontins, qui sont pourtant des Khalkidiens. Il serait étrange que ceux-ci, qui sont en défiance à l'égard des beaux semblants de justice des Athéniens, soient sages sans motif, tandis que vous, sans un prétexte spécieux, vous voudriez aider ceux qui sont vos ennemis naturels et anéantir ceux qui vous touchent encore de plus près, en vous associant à leurs plus grands ennemis ! C'est la pire injustice. Au contraire, il faut les repousser et ne pas vous laisser effrayer par le déploiement de leurs forces. Si nous nous tenons les coudes, elles ne sont pas redoutables. Elles ne le sont, au contraire, que si nous sommes divisés, et ils nous y poussent. La preuve en est que, après avoir marché contre nous, après avoir remporté l'avantage dans un combat, ils n'ont pas atteint leurs buts et ont dû se retirer précipitamment.
[6,80] ὥστε οὐχ ἁθρόους γε ὄντας εἰκὸς ἀθυμεῖν, ἰέναι δὲ ἐς τὴν ξυμμαχίαν προθυμότερον, ἄλλως τε καὶ ἀπὸ Πελοποννήσου παρεσομένης ὠφελίας, οἳ τῶνδε κρείσσους εἰσὶ τὸ παράπαν τὰ πολέμια· καὶ μὴ ἐκείνην τὴν προμηθίαν δοκεῖν τῳ ἡμῖν μὲν ἴσην εἶναι, ὑμῖν δὲ ἀσφαλῆ, τὸ μηδετέροις δὴ ὡς καὶ (6.80.2) ἀμφοτέρων ὄντας ξυμμάχους βοηθεῖν. οὐ γὰρ ἔργῳ ἴσον ὥσπερ τῷ δικαιώματί ἐστιν. εἰ γὰρ δι' ὑμᾶς μὴ ξυμμαχήσαντας τε παθὼν σφαλήσεται καὶ κρατῶν περιέσται, τί ἄλλο τῇ αὐτῇ ἀπουσίᾳ τοῖς μὲν οὐκ ἠμύνατε σωθῆναι, τοὺς δὲ οὐκ ἐκωλύσατε κακοὺς γενέσθαι; καίτοι κάλλιον τοῖς ἀδικουμένοις καὶ ἅμα ξυγγενέσι προσθεμένους τήν τε κοινὴν ὠφελίαν τῇ Σικελίᾳ φυλάξαι καὶ τοὺς Ἀθηναίους φίλους δὴ ὄντας μὴ ἐᾶσαι ἁμαρτεῖν. (6.80.3) ’Ξυνελόντες τε λέγομεν οἱ Συρακόσιοι ἐκδιδάσκειν μὲν οὐδὲν ἔργον εἶναι σαφῶς οὔτε ὑμᾶς οὔτε τοὺς ἄλλους περὶ ὧν αὐτοὶ οὐδὲν χεῖρον γιγνώσκετε· δεόμεθα δὲ καὶ μαρτυρόμεθα ἅμα, εἰ μὴ πείσομεν, ὅτι ἐπιβουλευόμεθα μὲν ὑπὸ Ἰώνων αἰεὶ (6.80.4) πολεμίων, προδιδόμεθα δὲ ὑπὸ ὑμῶν Δωριῆς Δωριῶν. καὶ εἰ καταστρέψονται ἡμᾶς Ἀθηναῖοι, ταῖς μὲν ὑμετέραις γνώμαις κρατήσουσι, τῷ δ' αὑτῶν ὀνόματι τιμηθήσονται, καὶ τῆς νίκης οὐκ ἄλλον τινὰ ἆθλον τὸν τὴν νίκην παρασχόντα λήψονται· καὶ εἰ αὖ ἡμεῖς περιεσόμεθα, τῆς αἰτίας (6.80.5) τῶν κινδύνων οἱ αὐτοὶ τὴν τιμωρίαν ὑφέξετε. σκοπεῖτε οὖν καὶ αἱρεῖσθε ἤδη τὴν αὐτίκα ἀκινδύνως δουλείαν κἂν περιγενόμενοι μεθ' ἡμῶν τούσδε τε μὴ αἰσχρῶς δεσπότας λαβεῖν καὶ τὴν πρὸς ἡμᾶς ἔχθραν μὴ ἂν βραχεῖαν γενομένην διαφυγεῖν.‘ [6,80] LXXX. – « Si nous restons groupés, nous n'avons aucune raison de perdre courage. Loin de là remplissons avec une ardeur redoublée notre devoir d'alliés, d'autant plus qu'on viendra à notre aide du Péloponnèse, qui compte des peuples bien supérieurs aux Athéniens dans l'art mititaire. Certes la prudence, qui consisterait à n'aller ni d'un côté ni de l'autre, sous prétexte que vous êtes les alliés des deux belligérants, ne serait ni équitable pour nous, ni sûre pour vous. Ce qui est vrai en droit, ne l'est pas en fait. Si par votre refus de combattre à nos côtés, vous assurez la ruine du vaincu et le triomphe du vainqueur, quel sera le résultat de votre abstention ? Vous n'aurez pas aidé au salut des uns, vous n'aurez pas empêché les crimes des autres. Certes le parti le plus noble est de vous joindre à ceux qu'on offense et qui de plus sont vos parents, de sauvegarder l'intérêt commun de la Sicile et d'empêcher les Athéniens, vos soi-disant amis, de se rendre coupables. « Pour nous résumer, les Syracusains savent qu'il est parfaitement superflu de vous apprendre, ainsi qu'aux autres peuples, ce que vous savez tout comme nous. Mais nous implorons votre concours. En cas de refus, nous protestons que nous sommes exposés aux attaques des Ioniens, nos ennemis de toujours et trahis, nous Doriens, par vous qui êtes également des Doriens. Si les Athéniens nous soumettent, c'est à votre conduite qu'ils devront la victoire, mais c'est à eux seuls qu'en reviendra l'honneur. Le seul résultat de la lutte sera de faire tomber entre leurs mains ceux qui leur auront procuré la victoire. Si c'est nous qui l'emportons, c'est vous encore qui supporterez la peine de nous avoir exposés aux périls. Examinez donc la situation et sans tarder choisissez entre un esclavage immédiat et sans périls et le triomphe à nos côtés qui vous évitera de vous donner honteusement les Athéniens pour maîtres et de vous exposer à notre haine, qui ne saurait s'effacer de sitôt. »


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Dernière mise à jour : 12/04/2007