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[6,77] ’Ἀλλ' οὐ γὰρ δὴ τὴν τῶν Ἀθηναίων εὐκατηγόρητον οὖσαν
πόλιν νῦν ἥκομεν ἀποφανοῦντες ἐν εἰδόσιν ὅσα ἀδικεῖ, πολὺ
δὲ μᾶλλον ἡμᾶς αὐτοὺς αἰτιασόμενοι ὅτι ἔχοντες παραδείγματα
τῶν τ' ἐκεῖ Ἑλλήνων ὡς ἐδουλώθησαν οὐκ ἀμύνοντες
σφίσιν αὐτοῖς, καὶ νῦν ἐφ' ἡμᾶς ταὐτὰ παρόντα σοφίσματα,
Λεοντίνων τε ξυγγενῶν κατοικίσεις καὶ Ἐγεσταίων ξυμμάχων
ἐπικουρίας, οὐ ξυστραφέντες βουλόμεθα προθυμότερον δεῖξαι
αὐτοῖς ὅτι οὐκ Ἴωνες τάδε εἰσὶν οὐδ' Ἑλλησπόντιοι καὶ
νησιῶται, οἳ δεσπότην ἢ Μῆδον ἢ ἕνα γέ τινα αἰεὶ μεταβάλλοντες
δουλοῦνται, ἀλλὰ Δωριῆς ἐλεύθεροι ἀπ' αὐτονόμου
(6.77.2) τῆς Πελοποννήσου τὴν Σικελίαν οἰκοῦντες. ἢ μένομεν ἕως
ἂν ἕκαστοι κατὰ πόλεις ληφθῶμεν, εἰδότες ὅτι ταύτῃ μόνον
ἁλωτοί ἐσμεν καὶ ὁρῶντες αὐτοὺς ἐπὶ τοῦτο τὸ εἶδος τρεπομένους ὥστε τοὺς μὲν
λόγοις ἡμῶν διιστάναι, τοὺς δὲ ξυμμάχων ἐλπίδι ἐκπολεμοῦν πρὸς ἀλλήλους,
τοῖς δὲ ὡς ἑκάστοις τι προσηνὲς λέγοντες δύνανται κακουργεῖν; καὶ οἰόμεθα τοῦ
ἄπωθεν ξυνοίκου προαπολλυμένου οὐ καὶ ἐς αὐτόν τινα ἥξειν
τὸ δεινόν, πρὸ δὲ αὐτοῦ μᾶλλον τὸν πάσχοντα καθ' ἑαυτὸν δυστυχεῖν;
| [6,77] LXXVII. – « Il est trop facile de critiquer Athènes et nous ne sommes pas
venus dénombrer toutes ses injustices, car vois les connaissez bien. C’est plutôt
nous-mêmes que nous accuserons ; nous qui avons comme exemple
l'asservissement des peuples de la Grèce, parce qu'its n'ont pas su s'entr'aider, nous
qui nous laissons leurrer par les mêmes artifices, le rétablissement des Léontins, leurs
parents ! l'aide à apporter aux Egestains, leurs alliés ! nous qui ne voulons
pas faire bloc contre eux pour leur montrer une bonne fois qu'ils n'ont pas
affaire ici à des gens de l'Hellespont, à des insulaires toujours prêts à
prendre pour maîtres ou le Mède, ou le premier venu, cependant toujours
esclaves, mais à des Doriens libres, venus du Péloponnèse indépendant pour
s'installer en Sicile. Attendons-nous que toutes les cités tombent aux mains de
l'ennemi les unes après les autres, quand c'est là, nous le savons bien,
l'unique moyen de nous soumettre, quand nous voyons les Athéniens fidèles à
cette tactique, soit nous désunir par leur discours, soit par la promesse de
leur alliance nous exciter réciproquement à la guerre, enfin en adressant à
chacun de mielleuses paroles chercher à nuire ? Et pouvons-nous croire qu'une
fois consommée la ruine d'un voisin éloigné, le péril n'atteindra pas chacun de
nous et que celui-là qui souffrira avant nous sera le seul à souffrir ?
| [6,78] αὶ εἴ τῳ ἄρα παρέστηκε τὸν μὲν Συρακόσιον,
ἑαυτὸν δ' οὒ πολέμιον εἶναι τῷ Ἀθηναίῳ, καὶ δεινὸν ἡγεῖται
ὑπέρ γε τῆς ἐμῆς κινδυνεύειν, ἐνθυμηθήτω οὐ περὶ τῆς ἐμῆς
μᾶλλον, ἐν ἴσῳ δὲ καὶ τῆς ἑαυτοῦ ἅμα ἐν τῇ ἐμῇ μαχούμενος,
τοσούτῳ δὲ καὶ ἀσφαλέστερον ὅσῳ οὐ προδιεφθαρμένου ἐμοῦ,
ἔχων δὲ ξύμμαχον ἐμὲ καὶ οὐκ ἐρῆμος ἀγωνιεῖται· τόν τε
Ἀθηναῖον μὴ τὴν τοῦ Συρακοσίου ἔχθραν κολάσασθαι, τῇ δ'
ἐμῇ προφάσει τὴν ἐκείνου φιλίαν οὐχ ἧσσον βεβαιώσασθαι
(6.78.2) βούλεσθαι. εἴ τέ τις φθονεῖ μὲν ἢ καὶ φοβεῖται (ἀμφότερα
γὰρ τάδε πάσχει τὰ μείζω), διὰ δὲ αὐτὰ τὰς Συρακούσας
κακωθῆναι μὲν ἵνα σωφρονισθῶμεν βούλεται, περιγενέσθαι
δὲ ἕνεκα τῆς αὑτοῦ ἀσφαλείας, οὐκ ἀνθρωπίνης δυνάμεως
βούλησιν ἐλπίζει· οὐ γὰρ οἷόν τε ἅμα τῆς τε ἐπιθυμίας καὶ
(6.78.3) τῆς τύχης τὸν αὐτὸν ὁμοίως ταμίαν γενέσθαι. καὶ εἰ γνώμῃ
ἁμάρτοι, τοῖς αὑτοῦ κακοῖς ὀλοφυρθεὶς τάχ' ἂν ἴσως καὶ τοῖς
ἐμοῖς ἀγαθοῖς ποτὲ βουληθείη αὖθις φθονῆσαι. ἀδύνατον δὲ
προεμένῳ καὶ μὴ τοὺς αὐτοὺς κινδύνους οὐ περὶ τῶν ὀνομάτων,
ἀλλὰ περὶ τῶν ἔργων, ἐθελήσαντι προσλαβεῖν· λόγῳ μὲν
γὰρ τὴν ἡμετέραν δύναμιν σῴζοι ἄν τις, ἔργῳ δὲ τὴν αὑτοῦ
(6.78.4) σωτηρίαν. καὶ μάλιστα εἰκὸς ἦν ὑμᾶς, ὦ Καμαριναῖοι,
ὁμόρους ὄντας καὶ τὰ δεύτερα κινδυνεύσοντας προορᾶσθαι
αὐτὰ καὶ μὴ μαλακῶς ὥσπερ νῦν ξυμμαχεῖν, αὐτοὺς δὲ πρὸς
ἡμᾶς μᾶλλον ἰόντας, ἅπερ ἂν εἰ ἐς τὴν Καμαριναίαν πρῶτον
ἀφίκοντο οἱ Ἀθηναῖοι δεόμενοι ἂν ἐπεκαλεῖσθε, ταῦτα ἐκ
τοῦ ὁμοίου καὶ νῦν παρακελευομένους ὅπως μηδὲν ἐνδώσομεν
φαίνεσθαι. ἀλλ' οὔθ' ὑμεῖς νῦν γέ πω οὔθ' οἱ ἄλλοι ἐπὶ
ταῦτα ὥρμησθε.
| [6,78] LXXVIII. – « Si l'un de vous s'imagine que les Athéniens ne font la guerre
qu'à Syracuse, mais nullement à lui-même et s'il lui semble terrible de risquer sa
vie pour notre pays, qu'il se dise bien ceci : ce n'est pas seulement pour
Syracuse, c'est tout autant pour sa propre patrie qu'il lutte, en combattant sur
notre territoire ; sa sécurité sera d'autant mieux sauvegardée que notre salut
aura été assuré ; de plus il profitera de notre alliance et ne sera pas livré à
ses seules forces. Enfin, qu'il sache que les Athéniens ne cherchent pas à
châtier l'hostilité des Syracusains, ce n'est là qu'un prétexte pour obtenir de
lui une amitié plus solide.
« S'il en est d'autres pour nous jalouser ou nous craindre, - deux sentiments
auxquels sont exposés les Etats puissants - et pour désirer en conséquence une
humiliation qui nous assagisse, sans aller jusqu'à notre ruine qui pourrait
compromettre leur salut, c'est concevoir là un désir qui dépasse les forces
humaines. Car nul ne peut régler la fortune au gré de ses souhaits. Trompé dans
ses espérances, plongé dans le désespoir par ses propres maux, il s'exposera à
regretter bientôt notre puissance qu'il jalousait. Mais il sera trop tard pour
quiconque nous aura abandonnés et n'aura pas voulu participer effectivement à
nos périls. Car ce n'est qu'en apparence qu'on sauvegarde notre puissance ; en
réalité on assure son propre salut.
« Voilà à quoi, hommes de Kamarina, vous deviez veiller plus que personne, vous
qui êtes nos voisins et qui, après nous, êtes les plus exposés, au lieu de vous
montrer, comme vous l'avez fait, de si tièdes alliés ; c'était de votre propre
mouvement qu'il fallait venir nous rejoindre. Si les Athéniens avaient commencé
par attaquer Kamarina, vous nous auriez suppliés d'accourir à votre secours ; de
même naguère c'est vous qui auriez dû nous encourager à une résistance acharnée.
Mais ni vous ni les autres n'avez encore montré aucun empressement.
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